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Trophées du Sport et Aito Tu’Aro, le match des récompenses

L’année touche à sa fin et l’heure est aux récompenses pour les sportifs. Comme l’an passé, deux cérémonies bien distinctes vont décerner leurs prix aux athlètes du fenua. La plus ancienne, les Trophées du Sport, portée par une société privée, est prévue pour le 20 février et fêtera cette année sa dixième édition. L’autre, le Aito Tu’aro, programmée trois semaines plus tard, et est organisée par le Comité olympique de Polynésie pour la deuxième fois à la présidence. Deux cérémonies pour deux visions différentes du sport.

Si le sport se veut avant tout être rassembleur, il n’échappe pas pour autant aux divisions. Le fenua n’y déroge pas, avec ses conflits entre certaines fédérations – le rugby par le passé, le taekwondo ou la boxe aujourd’hui, entre autres – et depuis un an ses deux cérémonies de récompenses, bien entendu retransmises sur deux chaînes de télé concurrentes.

Un show qui progresse depuis dix éditions

La première est bien ancrée dans le paysage sportif local : ce sont les Trophées du Sport, prévus le 20 février pour ce qui fêteront cette année leur dixième édition. Marquée par l’omniprésence des sponsors, cette cérémonie a débuté une importante campagne de communication et promet du show : au Grand théâtre, quatorze trophées seront décernés par un jury de journalistes, et quatre autres trophées par des partenaires publicitaires. La vingtième récompense est certainement la plus attendu : elle sera attribuée à l’athlète préféré du public, qui peut d’ores et déjà voter par SMS.

La seconde cérémonie, créée l’année passée, est de son côté prévue pour la deuxième semaine de mars à la présidence. Portée par le Comité olympique de Polynésie Française (COPF), qui représente les fédérations et groupements sportifs du pays, le Aito Tu’Aro avait récompensé seize catégories en 2022. Après avoir été associé aux Trophées du Sport pendant quelque temps, en faisant notamment partie du jury sur certaines éditions, les dirigeants sportifs locaux ont misé leur propre cérémonie, plus sobre, après des divergences « de point de vue », selon le président du COPF Louis Provost. « Chacun est libre de faire comme bon lui semble, mais pour nous les Trophées du Sport ne correspondent pas à notre vision de la récompense des athlètes », pointe-t-il.

Performance contre renouvellement 

C’est notamment sur la question des nommés que le bât blesse : « nous demandons à nos fédérations de proposer des athlètes », rappelle le président du COPF.  Un jury, composé « de représentants du mouvement sportifs et de personnalités de la société civile » est ensuite chargé de désigner les lauréats.

À l’inverse, l’organisateur des Trophées du Sport « choisit lui même ses nominés », regrette Louis Provost. Pas tout à fait en réalité, puisque le règlement des dits Trophées a évolué et affirme désormais que « chaque proposition peut être effectuée toute l’année (sic) par un membre du jury, une fédération sportive, un club ou un sportif lui-même », avant une réunion du jury en fin d’année pour définir la sélection. Les Trophées du sport présentent ainsi « le concours comme un « jeu » servant à promouvoir les valeurs du sport et les sportifs en général puisqu’on compare des disciplines et des athlètes en théorie incomparables ». Ce qui n’empêche pas certains critères de sélection, et d’exclusion, de poser question.

Notamment en ce qui concerne les catégories reines (athlète de l’année), puisque les Trophées du sport privilégient le renouvellement des nommés à leur performance. « Le but de ces postulats est de faire varier un minimum la liste des nominés et des gagnants d’une année sur l’autre, de partager les cadeaux, de donner de la visibilité à plus d’athlètes », justifie le règlement. Ce point exclut par exemple Kauli Vaast et Vahine Fierro, pourtant qualifiés aux Jeux olympiques, ou Iloha Eychenne, championne du monde de va’a, de la liste cette année, car nommés lors de l’édition précédente. À l’inverse, le COPF se concentre sur les résultats. Au risque, peut-être, de consacrer souvent les mêmes : les prochaines éditions nous le dirons, car « c’est un évènement que nous souhaitons pérenniser » souligne Louis Provost.

Les Jeux du Pacifique, grands absents des Trophées du Sport

Autre grande différence entre les deux cérémonies : la prise en compte des Jeux du Pacifique. Évènement majeur de l’année dans la région, l’édition des Salomon fera l’objet d’une catégorie spéciale lors du Aito Tu’Aro… mais ne sera pas considérée lors des Trophées du Sport, dont la plage de sélection s’étend du 15 novembre 2022 au 15 novembre 2023, s’arrêtant donc une semaine avant le début des Jeux.

Les médailles d’Honiara seront donc comptabilisées pour l’édition… 2025 des Trophées. « Bémol relativisé par le fait qu’il y a tellement peu de places (huit nommés, pour les athlètes de l’année, quatre hommes et quatre femmes) que la plupart du temps, les candidats sélectionnés performent au niveau mondial ou au niveau de la métropole, des niveaux de performance souvent supérieurs au niveau de Jeux du Pacifique », estime un communiqué de l’organisation des Trophées du sport, publié sur Polynésie La 1e. Pas faux sur le papier, mais difficilement entendable cette année au vu de la liste des nommés, qui, en ce qui concerne les sports les plus concurrentiels et à une ou deux exceptions près, n’ont pas particulièrement performé à des niveaux supérieurs aux Jeux. Le taekwondiste Tama Taputu, champion d’Europe junior, aurait pu par exemple correspondre à ce postulat, mais il n’a pas été retenu.

Pour les catégories, du classique et un pêle-mêle

Reste désormais à savoir quels seront les nommé du Aito Tu’Aro, qui avaient été, eux, diffusés sur TNTV l’année passée. Les Fédérations sportives affiliées au COPF ont encore jusqu’au 9 janvier pour proposer leurs lauréats. Cette année, les catégories proposées ne devraient pas changer, en se concentrant sur les grands classiques des cérémonies sportives : espoirs, bénévoles, entraîneur, handisport, légende, élite, évènement, équipe… Côté Trophées du Sport, c’est un peu plus compliqué. Outre les classiques, certaines disciplines, comme le va’a, la glisse ou les jeux traditionnels disposent aussi de leur propres catégories. On note aussi la catégorie « Ambassadeur ATN 2023 », réservée aux sportifs soutenus par la compagnie aérienne.

Bref, deux visions qui s’opposent, mais pour les sportifs, c’est aussi deux fois plus d’occasions de gagner en visibilité et de mettre en avant leur discipline.

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