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Willy Chung Sao seul candidat à sa succession dans les transports publics

Une seule entreprise a candidaté à l’appel à concurrence du Pays pour le marché des transports routiers, dont la délégation de service public sera renouvelée le 26 décembre. Ce candidat unique est Willy Chung Sao, l’actuel opérateur. À deux mois de l’échéance, les obligations de service public ne sont toujours pas connues. Ce qui a donné lieu à un débat étrange au CESC mardi matin sur l’organisation des transports routiers.

Le Conseil économique, social et culturel (CESC) a rendu mardi matin un avis favorable à un projet de loi du Pays sur l’organisation des transports routiers en Polynésie française. Le vote étrange du CESC (18 voix pour, 19 abstentions et 0 voix contre) est le reflet du scepticisme qui a auréolé le rapport, comme le débat en séance plénière.

Le projet de loi du Pays présenté au CESC vise à fusionner les trois délégations de service public (DSP) actuelles pour le transport collectif routier (côte Est, côte Ouest, zone urbaine) en une seule DSP à partir du 26 décembre, date à laquelle les trois conventions actuelles expirent. Le texte vise aussi à permettre au Pays d’attribuer au futur bénéficiaire de la délégation unique une subvention annuelle de fonctionnement. Selon le rapport du CESC, le gouvernement prévoit une contribution annuelle à hauteur de 860 millions de Fcfp pour les premières années, et 6,5 milliards de Fcfp sur les 15 ans de DSP prévus. Cette subvention vise à permettre l’achat de nouveaux véhicules (240 bus en deux ans) et à compenser les pertes de la société qui assurera les obligations de service public.

Les « réserves » du CESC sur les infrastructures

Sur ces propositions du gouvernement, le rapport de la commission du développement du territoire du CESC se montre donc favorable, tout en émettant plusieurs « réserves » sous la forme d’euphémismes : « La délégation de service public ne pourra fonctionner que si le Pays effectue les aménagements indispensables (réseau routier, abris et arrêts de bus, aires de stationnement, zones de retournement, etc.) » et « les impacts environnements du secteur des transports terrestres sont loin d’être négligeable et le CESC considère nécessaire l’instauration de mesures favorisant l’intermodalité et les modes de déplacement doux ». Enfin, le CESC « préconise qu’un rapport annuel officiel soit présenté devant l’assemblée de la Polynésie française et rendu public afin de rendre compte de l’évolution du service public de transport collectif terrestre en Polynésie française ainsi que de la mise en œuvre du schéma directeur des transports et déplacements durables sur l’île de Tahiti ».

© Benoît Buquet

Au cours des débats en séance plénière au CESC, plusieurs conseillers se sont inquiétés de ne pas connaître les propositions du Pays quant aux infrastructures : « On s’apprête à payer 6,5 milliards pour des bus qui seront coincés dans les bouchons s’il n’y a pas de voie dédiée », a résumé Maxime Antoine-Michard (syndicat des restaurateurs). « On reste dans notre petit système », a appuyé Christophe Plée (CPME). Finalement, l’avis du CESC a été adopté par une minorité (18 voix) des 48 membres de l’institution.

On prend les mêmes…

Le Pays s’apprête donc à confier le marché des transports routiers de toute l’île de Tahiti à une seule entreprise privée. Cinq dossiers de candidature ont été retirés, mais un seul dossier a finalement été déposé, a-t-on appris lors des débats au CESC. Le directeur de cabinet du ministère de l’Equipement, Timi Wong Yut, confirme que la seule candidature réceptionnée est celle de Willy Chung Sao, via sa nouvelle société Réseau de transport en commun de Tahiti (RTCT). L’appel à candidature est fermé depuis le mois de mai. Le futur délégataire est donc connu : c’est l’opérateur actuel.

Joint par téléphone, Willy Chung Sao explique que RTCT prévoit de sous-traiter « au début » le marché aux trois entreprises actuellement en place et dont il est soit le propriétaire direct, soit le dirigeant historique : Nouveaux transports de la côte est (NTCE), Transports collectifs de la côte ouest (TCCO) et Réseau de transport urbain (RTU). « Petit à petit, ces sociétés et leurs personnels seront intégrés dans RTCT », annonce Willy Chung Sao. En somme, il n’y aura pas de changement opérationnel visible, simplement une réorganisation du montage financier.

Une voie de bus de Faa’a à Erima

Sur le terrain, selon Timi Wong Yut, le Pays est en train de réaliser des travaux dans la zone urbaine pour « ajouter des voies et créer une voie dédiée qui fera une boucle entre le rond-point de Faa’a et celui d’Erima ». Et les bus qui seront prochainement achetés par Willy Chung Sao seront « des bus conventionnels au début, puis électriques à partir de la deuxième année de la délégation (2020) ». « Nous allons discuter avec EDT des bornes de rechargement pour les bus », ajoute le directeur technique du ministère de l’équipement.

Enfin, Timi Wong Yut assure que les obligations de service public (lignes, horaires, etc.) seront rendues publiques lors de la parution au journal officiel de l’attribution de la nouvelle délégation de service public à Willy Chung Sao. Avant le 26 décembre.

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4 Commentaires

  1. Céline Vaiselle
    9 octobre 2018 à 15h11 — Répondre

    Bon, en résumé, on prend les mêmes, et on recommence pareil qu’avant: cars pourris, chauffeurs fangios, horaires absurdes, tiqueteuses en panne (et on paye plein tarif, pas le réduit …), trajets à la tête du chauffeurs, Sono boumboum dans les bus, pas de bus le soir, la nuit, le week-end, etc … La liste est sans fin.
    Un appel d’offres sans définition de ce que veut le gouvernement: à quoi bon avoir un gouvernement, dans ce cas…. ?
    Triste Polynésie ….

  2. Viniura
    9 octobre 2018 à 15h52 — Répondre

    Quel triste constat pour un service indispensable. Combien d’heures gaspillées, de pollution et d’horaires épuisants. L’impact du transport en commun pour le CESC ? La consommation effarante en pétrole des voitures dans les bouchons ne les interpelle pas ? Le budget moyen d’un ménage en essence ?
    Que d’incompétence

  3. COROSOL
    9 octobre 2018 à 18h50 — Répondre

    Le train : la solution éviter les embouteillages sur Papeete. Un train ou plutôt 2 trains, automatiques, en site autonome, l’un passant par la côte est, avec terminus à Mamao, l’autre par la côte ouest avec terminus à Tipaerui, plus des arrêts réguliers dans toutes les communes traversées et des parkings gratuits. Rapidité, gain de temps, économie d’essence, avantage pour tous les étudiants, les travailleurs. L’air de Papeete deviendrait plus respirable.

  4. taparai
    9 octobre 2018 à 19h00 — Répondre

    la diaspora a encore fait fort!,

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