ACTUS LOCALES

A Hao, la 4e compagnie du RSMA attend son chez-soi

Le commandant André Ariotti, l’architecte au RSMA, s’était déplacé en amont sur l’atoll pour intégrer au mieux le projet dans le paysage local.

La 4e compagnie du service militaire adapté en sait plus sur son avenir. D’ici 2030, si tout va bien, des locaux flambant neufs vont être construits à Hao, sur cinq hectares à cheval entre océan et lagon. Ce projet à dimension écoresponsable et vertueux pour l’économie locale a été présenté ce mardi sur l’atoll des Tuamotu.

« Avant, c’était le terrain de la légion étrangère » : la tavana Yseult Butcher connaît bien le passé militaire de son atoll. Désormais vierge, la parcelle en question va reprendre des couleurs, puisque des travaux vont débuter dès l’année prochaine. Un camp de cinq hectares doit y voir le jour d’ici 2030. Élus et militaires en ont découvert la maquette mardi, lors d’une présentation marquée par l’accueil chaleureux de la population.

Le site est destiné à accueillir la compagnie de Tuamotu du RSMA comme il se doit, les volontaires étant pour le moment affectés dans des bâtiments peu adaptés, mis à disposition par la commune. Il faut dire que tout est allé très vite pour la 4e compagnie. Vœu du président Emmanuel Macron en 2021, exaucé en 2022 par l’arrivée d’une vingtaine de stagiaires et de cadres sur l’atoll, elle dispose donc, désormais de plans pour son avenir.

Les volontaires de la 4e compagnie ont chaleureusement accueilli la délégation mardi à Hao.

« À la fin de la montée en puissance de la compagnie, environ 80 personnes » devraient peupler le site, selon le colonel Fabrice Avenel, chef de corps du RSMA en Polynésie française. Et ça n’est pas fini : « elle va s’adapter aux besoins, aux recrutements qu’on va pouvoir effectuer et pourquoi évoluer encore à l’avenir », ajoute-t-il.

Un écolodge est prévu

Il a fallu sept esquisses différentes, plus ou moins modifiées selon les retours, au commandant André Ariotti, l’architecte au RSMA, pour définir au mieux les contours de ce futur camp, conçu selon les normes anticycloniques. Outre la place d’armes, le plateau sportif, les logements et les bâtiments administratifs, les volontaires pourront se former dans des installations dédiées à des filières telles que « agriculture en région chaude », « restauration » et « gestion d’un écolodge ».

Pour perfectionner les jeunes du RSMA aux méthodes d’accueil, la structure pourra s’appuyer sur un véritable lodge, en partie construit sur un ponton tourné vers le lagon. Ce projet, aussi pédagogique que touristique est une première sur Hao, où les visiteurs ne peuvent compter que sur de rares pensions pour s’héberger. On reste toutefois loin du complexe hôtelier, l’objectif est ailleurs. Cette petite structure s’inscrit dans un projet global tourné vers l’écoresponsabilité. « Il fallait créer une compagnie entière en prenant soin de l’environnement : récupérer l’eau de pluie et se chauffer au soleil. J’espère qu’on arrivera à 100% d’autonomie », précise l’architecte.

2030, un objectif « assez ambitieux »

L’ensemble de la compagnie sera ainsi équipé avec des panneaux solaires, des récupérateurs d’eau de pluie ou des systèmes de désalinisation de l’eau de mer et de traitement des eaux usées. Des « îlots de fraîcheur » à base de végétation figurent aussi dans l’esquisse présentée, afin de limiter l’utilisation de climatiseurs. Les matériaux locaux seront en outre priorisés, à l’image du corail concassé, ciment des futures routes de cet espace militaire.

Ces infrastructures sont donc prévues pour la fin de la décennie, une « estimation basse et assez ambitieuse » comme le reconnaît le commandant Ariotti, « car on est loin de tout ». « Six ans, ça va être un sacré challenge à tenir », estime-t-il, précisant que le projet prévoit de faire travailler autant d’entreprises locales que possible.

Avec des compétences locales mises à contribution et l’arrivée de nouveaux cadres et stagiaires, c’est toute l’économie de Hao qui devrait bénéficier de cette installation. « Cela va créer une économie circulaire dans le village, mais ça ne va pas s’arrêter là. La projection va plus loin, on voudrait faire un ‘’hub’’ sur Hao », ambitionne Yseult Butcher.

La tavana rêve de voir l’ensemble des Tuamotu, d’où sont originaires la majorité des volontaires de la 4e compagnie, tirer profit de ces infrastructures. « Quand ils rentreront dans leurs îles, ils apporteront toutes les connaissances apprises pendant ‘l’année qu’ils auront passée ici ».

La tavana de Hao, Yseult Butcher, se montre ravie de ce projet.

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