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Affaire Boiron : premier jour du procès en appel

Le procès en appel de l’affaire Boiron qui mêlait trafic d’ice, proxénétisme, prostitution et corruption de mineures, et atteintes sexuelles sur mineures s’est ouvert ce jeudi au tribunal. Des trois prévenus, Marc Ramel, Thierry Barbion et Sabine Boiron, seule celle-ci avait vu sa demande de remise en liberté rejetée en attendant l’appel. En première instance elle avait été condamnée à 7 ans de prison ferme,  Thierry Barbion et Marc Ramel à 4 ans.

Ceux qui s’attendaient à des révélations dans cette première journée du procès en appel sont restés sur leur faim. Les trois protagonistes de cette histoire sont restés relativement fidèles à la version des faits qu’ils avaient avancée lors du procès en première instance.

A contrario, si leur version des faits n’a pas changé, leur attitude si. Lors du procès en première instance, on avait vu une Sabine Boiron sûre d’elle, froide, ne comprenant pas ce qu’on lui reprochait, ni le mal qu’elle avait causé à des jeunes filles mineures. Cette fois, c’est plus humblement qu’elle a répondu aux questions, et surtout elle s’est montrée nettement plus combative, n’hésitant pas à charger et contredire Thierry Barbion. Lui s’est montré toujours aussi précis et méthodique dans ses déclarations, l’assurance dont il ne s’est jamais départi en première instance a laissé place à de la fébrilité.

« La peine que j’ai eue est trop élevée par rapport aux autres » – Sabine Boiron

Après un bref rappel des faits Sabine Boiron, accusée d’être à la tête d’un réseau de prostitution de mineures et de les faire participer à des soirées « libertines » dans les bureaux du promoteur, a été entendue la première. Elle refait le chemin qui l’a mené à la barre – violences conjugales, tentative de suicide, ice et addiction, puis explique pourquoi elle fait appel. « La peine que j’ai eue est trop élevée par rapport aux autres. Ils sont dehors, et pas moi… »

Alors qu’en première instance Thierry Barbion affirmait n’avoir jamais donné d’argent à des mineures en échange de faveur sexuelles, mais seulement à Sabine Boiron, sa maîtresse à l’époque, celle-ci affirme le contraire : « Il me donnait de l’argent en me disant tiens, tu donneras 100 000 Francs à unetelle… » Elle déclare aussi avoir assisté à des viols « sans savoir que c’était des viols », laissant entendre que l’on aurait pu saupoudrer les verres des jeunes femmes d’extasy ou de GHB. Elle dit que pour faire des « partouzes, l’alcool ne suffit pas. Pour moi, les filles étaient droguées.»

À propos de la jeune fille de 17 ans au moment des faits, Alice*, avec qui l’homme d’affaires avait des relations sexuelles, Sabine Boiron affirme avoir prévenu Thierry Barbion de son âge, mais cela « ne l’a pas empêché d’avoir une relation sexuelle  avec elle. (…) Barbion aimait les jeunes filles. C’est un pervers sexuel. » Elle nie les accusations de proxénétisme :  « Je ne comprends pas pourquoi Alice* ment comme cela. Je reconnais lui avoir donné de l’ice, mais la prostitution, c’est faux. »

« Elle m’a dit qu’elle avait 19 ans »

Interrogé sur les sommes d’argent qu’il donnait à Sabine Boiron, l’homme d’affaires répond que c’était « pour payer les filles qui faisaient du striptease lors des soirées. » Sur ses relations avec Alice, il explique : « La première fois que je l’ai vue, elle m’a dit qu’elle avait 19 ans et qu’elle faisait des études. ». Selon lui, il a eu des rapports avec elle à trois reprises et ce n’est qu’en garde à vue qu’il a appris qu’elle était mineure, contrairement à ce que déclare Sabine Boiron. Il nie également avoir eu des rapports avec elle « devant Lara* et Marc Ramel. C’était des baisers, des caresses (…)». 

« Elle me donnait de l’ice pour que je continue à me prostituer. »

Version contredite par Alice, absente en première instance. Sabine Boiron l’a prise sous son aile quand elle était en fugue, la fournissant en ice. « Elle m’a proposé une soirée chez un ami et elle m’a dit qu’il fallait bien s’habiller et se maquiller. » « J’étais sous son emprise, elle me donnait de l’ice pour que je continue à me prostituer pour elle, » dit la jeune femmeÀ la barre, elle reconnait les rapports sexuels avec Thierry Barbion devant Marc Ramel et Lara*, et elle dit ne pas se souvenir avoir avoué son âge à l’homme d’affaires.

« J’étais épris d’elle. »

Marc Ramel, absent en première instance, a ensuite été entendu pour la relation qu’il entretenait avec Lara*, 13 ans au moment des faits. Le patron du Ute Ute, dont Boiron et Barbion étaient des habitués, l’a rencontrée dans son établissement. Elle lui a fait une forte impression et il affirme qu’il ne savait pas qu’elle était mineure : « Elle était maquillée, toujours bien habillée avec des hauts talons, et un caractère affirmé (…) J’étais épris d’elle ». Il a rompu avec Lara* quand il a appris qu’elle avait 13 ans et qu’elle consommait de l’ice.  L’expertise psychiatrique indique qu’il a une personnalité bien structurée, qu’il n’a pas de penchant pédophile et que s’il est attiré par des jeunes filles, c’est par narcissisme.

Le procès se poursuit demain vendredi avec les auditions d’autres témoins.

*noms d’emprunt

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