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Au PC social, moins d’appels à l’aide, mais beaucoup d’inquiétudes sur les mois à venir

Près de trois semaines après sa mise en opération, le « PC social », lancé par le gouvernement pour offrir aux plus modestes une plateforme d’écoute et d’orientation vers les aides publiques, a déjà reçu plus de 1 500 appels. Un rythme qui avait été particulièrement fort dans les premiers jours d’avril et qui a baissé ces derniers jours. Moins d’anxiété face à l’épidémie ? Ses conséquences, pourtant, ne font que commencer. Les services sociaux renforcent leurs équipes pour aborder les prochains mois.

444 111. C’est le numéro, actif tous les jours de 7h30 à 17h30, de la cellule de crise sociale du Pays, qui s’est offert un point d’étape, ce mardi après-midi. « En tout, 1 564 appels à l’aide reçus » par les travailleurs sociaux et les psychologues réunis dans le PC, explique le ministre du Logement Jean-Christophe Bouissou. Sans surprise, une vaste majorité des demandes concernent les aides sociales attribuées par le Pays : aide alimentaire (53%),  aide à la personnes pour des produits d’hygiène (26%) ou aides à l’énergie (1%)… Si la plateforme n’attribue pas directement des fonds, elle propose une écoute et oriente vers les annexes de la DSFE ou les services communaux compétents en fonction des besoins. Les familles sont-elles toutes bien dirigées ? Difficile à dire, reconnait la ministre des Solidarités Isabelle Sachet, mais les aides sociales sont effectivement distribuées. Et en quantité exceptionnelle : plus de 121 millions de francs ont été octroyées en trois mois et demi en Polynésie contre 50 millions pour toute l’année 2019.

La ministre note en revanche que les appels au PC Social – à 77% émis depuis Tahiti – ont fortement ralenti depuis la semaine dernière. À l’entendre, ce serait le signe que la communication du Pays « a permis d’apaiser » les craintes, et de lever certaines anxiétés.

Rien n’indique pourtant que la crise sociale est derrière nous. Les personnes qui ont dû arrêter le travail – certaines devraient toucher un revenu exceptionnel du gouvernement dès cette semaine – ont certes eu des difficultés en mars et avril. Mais ce seront surtout les mois à venir qui pourraient être durs pour ceux qui perdraient ou ne retrouveraient pas du travail. « On espère qu’on se retrouvera en situation de pleine activité économique très bientôt, mais malheureusement, nous sommes aussi assujettis aux marchés internationaux », rappelle Jean-Christophe Bouissou, évoquant notamment le tourisme, moteur économique du fenua. Aussi la tendance est au renfort des équipes dans les structures sociales du Pays.

« Avant, on traitait des personnes au RSPF, mais nous avons de plus en plus de salariés, des gens en suspension de contrat ou qui perdent leur emploi », note le ministre qui insiste aussi sur le renforcement des capacités d’action en matière de logement. « Quelque chose comme 80 logements sont à notre disposition s’il y a une accélération de ce phénomène de crise sociale à l’avenir », pointe Jean-Christophe Bouissou.

Aussi présent ce vendredi, le directeur de l’OPH Moana Blanchard a rappelé que l’office n’avait pas stoppé ses projets pendant la crise. Des fare sont en cours de livraison, et si les plus gros chantiers doivent encore reprendre, les travaux qui concernent l’habitat dispersé ne sont jamais vraiment arrêtés. Côté locataires, les loyers d’avril, mai et juin ont été reportés mais pas annulés, et leur paiement devra être étalé sur les derniers mois de l’année. L’OPH, qui « a fait en sorte de se préparer » au niveau trésorerie, s’attend à quelques difficultés de recouvrement. Et rappelle que ces services, s’ils sont physiquement fermés au public, sont joignables à tout moment,  au 40 54 28 80 ou par courriel à dg@oph.pf.

Les interventions pour violences en baisse pendant l’interdiction de la vente d’alcool

Autre constat de ce point d’étape du PC social : seul 2% des appels, depuis début d’avril, ont concerné des violences domestiques ou des cas de détresse. Parce que qu’ils ne sont pas reportés ? Pas seulement, estime Jean-Christophe Bouissou. « J’ai eu l’occasion d’en parler avec des assistantes sociales et psychologues, et ils constatent qu’il y a eu une diminution de ces violences dans les quartiers », explique le ministre. Le « meilleur indicateur », serait celui des interventions de police, de gendarmerie et de muto’i qui auraient elles aussi baissé ces dernières semaines. « Peut-être que cet arrêt de la vente des alcools (…) fait que les gens qui sont addicts se sont retrouvé dans une situation où il n’y a pas d’autre prise en charge possible qu’une certaine forme de responsabilisation », continue le responsable. Ce constat d’effet bénéfique de l’arrêt de la vente d’alcool a aussi été relayé, auprès de nos confrères de Polynésie la 1ere, par Père Christophe, en ce qui concerne les sans-abri. Jean-Christophe Bouissou reste tout de même prudent sur la question : nous ne pouvons avoir une vision complète du terrain, explique-t-il en substance, mais « je ne peux que rapporter les faits d’une diminution des signalements ».

 

 

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