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Demain, la TEP endosse son nouveau rôle

Vetea Vitrac, directeur général adjoint de la TEP ©CP/Radio1

Au 1er janvier, la TEP devient le « responsable d’équilibre » officiel de la production et de la distribution d’électricité à Tahiti. Vetea Vitrac, son directeur général adjoint, en charge de l’équilibre et de la technique, explique ce qui va changer, ou pas, et l’évolution programmée du rôle de cette société d’économie mixte.

Demain, la TEP devient « responsable d’équilibre », une mission définie par le code de l’énergie alors que le secteur de la production d’électricité va accueillir de nouveaux acteurs. « Il faut que l’offre soit égale à la demande. Comme ça, ça parait simple, mais en réalité il y a des questions de tension, de fréquences, de services système, qui deviennent de plus en plus compliquées avec l’émergence des énergies renouvelables », explique Vetea Vitrac, directeur général adjoint de la TEP, en charge de l’équilibre et de la technique, et ancien cadre d’EDT où il a travaillé 22 ans. Indépendance, neutralité et transparence sont les fées qui doivent se pencher sur le berceau de la TEP version 2022, à présent que EDT est sortie de son capital.

 

Créée dans les années 80 pour permettre le développement de l’hydroélectricité, la société de Transport d’énergie en Polynésie assure l’exploitation du réseau de transport électrique depuis son bureau de conduite centralisée, à côté de la centrale Émile Martin d’EDT dans la zone industrielle de la Punaruu. Elle assure également la maintenance du réseau, et les investissements nécessaires à son développement selon le plan de transition énergétique du Pays, qui entend qu’elle soit un acteur neutre, garant de la qualité du service public de l’électricité, arbitrant entre les différents producteurs et distributeurs.

Au 1er janvier, la TEP aura donc un droit de regard sur la production et la distribution d’électricité – assurées pour l’instant presque exclusivement par EDT. Dans la pratique, les producteurs enverront à la TEP leurs estimations de production, et les distributeurs, celles des consommations.  Avec ces éléments, la TEP définira le « placement » journalier, en prévoyant les parades associées. Les écarts seront analysés et des bilans périodiques transmis aux autorités. Vetea Vitrac insiste sur l’aspect collaboratif de cette nouvelle organisation. « Ce qui va se passer demain ? Pas grand-chose, sinon que EDT va devoir maintenant rendre des comptes à la TEP qui est le responsable d’équilibre. On ne va pas être un flic, en réalité il faut qu’on travaille en synergie. Mais de plus en plus, dans les années à venir, la TEP va avoir son mot à dire sur les placements » de l’électricité produite par les futurs acteurs du secteur, notamment les producteurs d’énergie solaire.

Pour se préparer à ce changement, les échanges entre TEP et EDT sont constants, à base de graphiques qui montrent en temps réel la part de chaque type d’électricité – thermique, hydro, solaire – injectée dans le réseau par les dispatcheurs d’EDT selon les besoins et les disponibilités. « Petit à petit, la TEP va prendre la main, et un jour ce sera effectivement le dispatcheur ici qui prendra en main les groupes de production », dit Vetea Vitrac. La répartition des rôles est claire, assure le responsable, et prévue par la convention signée entre le Pays et EDT en septembre dernier. En cas de défaillance, chacun intervient dans sa partie et « il n’y a pas de raison que ça se passe mal ».

La montée en puissance du solaire

Il faut également prévoir la gestion de l’énergie solaire, par définition aléatoire. Faire tourner à bas régime les centrales thermiques pour qu’elles prennent le relais quand c’est nécessaire n’est pas une solution technique adéquate, car les moteurs souffrent et polluent davantage.  La solution, c’est donc le stockage par batteries de l’énergie solaire.

Qui sera chargé de ce stockage, les producteurs ou la TEP ? « La question est ouverte », répond Vetea Vitrac, qui dit préférer que les producteurs s’en chargent, « parce qu’un stockage réparti géographiquement, c’est mieux pour gérer la tension. C’est ce que demande l’appel d’offres du Pays, et c’’est d’ailleurs un des projets d’EDT, ici dans la vallée de la Punaruu. Mais la TEP pourrait gérer un système de stockage. » La désignation par le Pays des lauréats de l’appel à projets solaires est espérée pour janvier, avec l’objectif de fournir 30 mégawatts-crête, soit le double de la production actuelle sous deux ans. Un second appel à projets est prévu, pour la même puissance. « Et là, notre réseau (la finalisation de la boucle de 90 000V et la rénovation de la boucle Sud de 30 000V qui auront nécessité 11 milliards de Francs d’investissement, ndlr) ne sera peut-être pas suffisant. On devra peut-être encore investir pour faire des ‘tuyaux’ suffisamment gros. »

Pour l’instant, l’achèvement des chantiers en cours par les 40 employés de la TEP est prévu pour 2024, voire même 2025. « On a beaucoup de travaux devant nous, et on est dimensionné pour ces travaux-là », assure Vetea Vitrac. L’année qui vient sera aussi consacrée à la discussion des conventions d’exploitation avec les nouveaux producteurs, pour déterminer précisément les règles du jeu et l’aspect financier si des écarts entre production annoncée et production réalisée sont constatés.

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