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Et si on végétalisait les murs de Papeete ?

Lauréat de la dernière édition de la Startup Cup de la CCISM, le paysagiste Loïc Aoustin a développé un projet de murs végétalisés cultivés sur de la bourre de coco. Une idée qu’il compte bien faire germer chez les entreprises, particuliers, mais surtout collectivités et promoteurs immobiliers.

La nature à l’assaut de la ville et des façades. Une idée qui a déjà connu un certain engouement autour de la planète et que Loïc Aoustin est bien décidé à « adapter » au fenua. Le paysagiste-conseil a développé un concept de modules végétaux, cultivés dans des gabions, sorte de cages en métal solides mais légères, grâce à de la bourre de coco. Six mois pour lancer la culture d’un bloc, quelques heures, tout au plus, pour les fixer sur une façade bientôt recouverte de verdure. Un « Tétris végétal, en quelque sorte », sourit l’entrepreneur, qui a bénéficié d’une formation de quelques mois au sein de l’incubateur Prism.

Isolation, biodiversité et gestion des eaux de pluie…

L’esthétique a de quoi attirer, mais c’est loin d’être le seul argument du projet. Installés dès la construction, ou à l’occasion d’une rénovation, ces murs verts doivent avant tout permettre de renforcer l’isolation thermique – et pourquoi pas acoustique – des bâtiments qu’ils recouvriront. Un audit est en cours pour mesurer précisément ces bienfaits. Mais les façades végétalisées pourraient aussi avoir un intérêt à l’échelle urbaine si elles se multipliaient. Davantage de fraicheur, de biodiversité, « trames vertes » entre les vallées et le littoral… et même gestion des eaux, assure le paysagiste. Car les façades proposées par Loïc s’appuient sur un système de récupération des eaux de pluie qui alimentent un arrosage automatisé. « Si on récupère les eaux de pluie de quelques toitures ça peut rapidement faire 5 ou 10 mètres cubes d’eau qui ne partent pas dans le réseau d’eau pluviale », reprend l’entrepreneur. Un réseau qui, dans certaines zones de l’agglomération de Papeete, est rapidement saturé, causant fréquemment des inondations, « que l’on peut aider à éviter ».

Autant d’arguments que Loïc Aoustin liste sans relâche auprès des professionnels et des agents publics ces dernières semaines. « Il y a un vrai intérêt », note-t-il et son premier prix à la Startup Cup organisée par la CCISM, obtenu il y a quelques jours l’a « mis encore un peu plus en lumière ». L’idée est maintenant de lancer « très rapidement » une production, pour pouvoir fournir, après 6 mois de culture, des modules de murs végétaux « parfaitement viables ».

Les promoteurs dans le viseur

Monstera, xiphidium, calicia, gros thym… Loïc a fait naitre dans son jardin des prototypes de démonstration qui après quelques mois affichent une belle vivacité. « J’ai fait des essais, certaines plantes n’ont pas fonctionné, mais celles-là sont belles, et sont résistantes au soleil et à la chaleur, reprend l’entrepreneur. Ce sont des plantes que l’on trouve à Tahiti et qui ont en commun de ne demander que très peu d’entretien ». Le circuit fermé d’eau doit assurer l’essentiel du travail et un immeuble qui adopterait le concept devrait seulement prévoir, dans ses contrats d’entretien, 2 à trois tailles par an. Quand aux moustiques, dont le développement pourrait inquiéter les riverains, Loïc assure que le mur « ne créé pas de poche d’eau ». « Il y a un bac de récupération d’eau en dessous du mur végétal, mais l’idée c’est de mettre des poissons dedans, pour manger les larves de moustiques et servir d’engrais ».

L’idée des murs végétaux s’est beaucoup répandu ces dix dernières années dans les grandes métropoles en quête d’un nouveau souffle vert. Avec plus ou moins de succès. En métropole, beaucoup de bâtiments ont adopté le style végétal, mais la « révolution urbaine » promise par certains n’a pas vraiment pris, notamment à cause des coûts d’entretien de certains projets.

Le climat tahitien serait beaucoup plus propice à développer ces solutions, assure Loïc Aoustin. Et il est vrai que les expériences menées dans des pays plus chauds – au Mexique, au Sud de la Chine… – ont été plus probantes. Parmi les intérêts naissants pour cette idée, des entreprises, des particuliers, des collectivités… mais aussi des promoteurs. Le paysagiste estime que la végétalisation verticale peut aussi permettre d’épargner à certains projets des carrés de verdure « réglementaires » au sol, qui ont trop souvent peu d’intérêt en termes de biodiversité.

Un mur végétal développé sur la base de gabions en plein Paris. La végétalisation vertical a connu un certain engouement en métropole, mais a aussi été critiqué pour son coût d’installation et d’entretien important. ©C.R.

Des « fa’a’apu verticaux » en kit

Décidé à exploité tous le potentiel de ce concept, Loïc Aoustin propose aussi d’utiliser la bourre de coco pour créer des « fa’a’apu verticaux ». L’idée : proposer des « kits » comprenant des structures porteuses, des cellules végétalisées et des kits d’arrosage, « fonctionnant en 12V pour pouvoir être alimentés par des panneaux solaires ». De quoi lancer de petites unités de cultures maraichères dans les atolls ou motu où les massifs coraliens compliquent la culture en pleine terre.

 

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