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Fiscalité, PSG, logement social, faux patentés… La CPME appelle à « passer à l’acte »

Profiter de 2023 pour mener les réformes difficiles dès 2024. C’est ce que demande le président de la CPME Christophe Plée à l’exécutif et à la majorité Tavini. Dans vœux aux adhérents en forme de lettre ouverte, il liste les chantiers à faire aboutir « rapidement » et demande avant tout « une ligne politique » et de la « clarté » à un gouvernement qui a pris le temps de s’installer. Car si personne n’a de « boule de cristal », beaucoup doutent que l’année à venir sera aussi prospère que l’année écoulée.

Réélu en octobre à la tête de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), Christophe Plée a diffusé la semaine dernière à ses adhérents des vœux de fin d’année en forme de lettre ouverte. Un texte qui part de « quelques mots » : « retour à la réalité ». Pour les élus, d’abord, qui après les « promesses de campagne », se frottent à la « dure réalité des dossiers socio-économiques ». Pour ceux, aussi, qui « pensaient que le pragmatisme prendrait le pas sur l’idéologie »… Pour ceux, enfin, « qui se gargarisaient de diriger ‘à la télécommande’ un gouvernement indépendantiste nouvellement élu ». Le tacle est adressé à Frédéric Dock et aux dirigeants du Medef, pas directement cités, mais qui s’étaient montrés volontaristes, en début de mandature, pour travailler avec le gouvernement Brotherson. Avant de prendre ses distances vu la teneur des réformes fiscales et le bilan des huit premiers mois de nouvelle gouvernance. « L’assemblée de la Polynésie est venue rappeler, aux uns et aux autres que ce sont bien les majorités qui gouvernent, écrit Christophe Plée, le Père Noël cette année est bien bleu et blanc ! »

PSG : une taxe large plutôt que du rafistolage

Mais c’est bien à cette majorité que le responsable a des messages à faire passer. « C’est quoi la route en 2024 ? En 2023, on ne l’a pas eu. On n’a pas eu de ligne politique, on n’a pas eu de direction qui a été donnée », pointe le chef d’entreprise. La CPME ne s’attendait pas à des mesures plus rapides – « les 100 jours, ça n’a ni queue ni tête, c’est du marketing » – mais après la « préparation » des premiers mois, elle demande des « actes ».

À commencer par la question du financement de la PSG, marqué, en octobre, par la suppression du « 1% » la Contribution pour la solidarité (ex-TVA sociale). « Maintenant c’est 8 milliards qu’on doit trouver. Où est-ce qu’on va les chercher ? Comment on fiscalise ? » interroge Christophe Plée, qui, s’il était critique sur la non-déductibilité de cette taxe, note que son retrait « n’a pas baissé le coût de la vie, ou en tout cas de façon dérisoire. » Il continue de militer pour un « impôt basé sur une large assiette » pour assurer le financement du système social. « Au lieu d’aller rafistoler, grignoter sur des petits postes, en les augmentant très fort, il faut refaire quelque chose, une fiscalité où tous les Polynésiens participent en fonction de leurs moyens. »

Faux patentés : que font les autorités ? 

Et ça n’est pas là le seul sujet où 2024 doit être, pour la CPME, l’heure des décisions. Son autre priorité : la lutte contre les faux patentés, qui a fait l’objet fin novembre, d’une auto-saisine du Cesec. La CPME et le Medef travaillent main dans la main sur ce sujet. Le problème est connu : beaucoup d’entreprises ont aujourd’hui recours à des travailleurs patentés qui exercent en fait dans les mêmes conditions qu’un salarié… Alors qu’ils ne leur paient pas de cotisations sociales, de prime d’ancienneté, de contribution pour la formation ou le logement social et qu’ils ne sont pas astreints au droit du travail. De quoi engendrer des « distorsions de concurrence » dans de nombreux secteurs, et engendrer des risques pour les travailleurs.

« Est-ce qu’on va commencer à sanctionner les gens qui font du faux salariat, ou est-ce que le modèle c’est de ne pas avoir de salariés ? s’agace l’entrepreneur, actif dans le secteur du nettoyage. Il va falloir répondre à ces questions-là et mettre la politique qui va avec. Parce que si on rentrait les milliers de faux salariés et de faux patentés dans les comptes sociaux, peut- être, on aurait l’équilibre. »

Des coups de gueule et interrogations, Christophe Plée en a bien d’autres en réserve. Sur la réforme du Code du travail demandée depuis longtemps par le patronat pour mettre de l’huile dans les rouages sociaux. Sur l’Inspection du travail, dont le manque d’effectifs et les objectifs interrogent. Sur la construction hôtelière : « On ne peut pas avoir cinq ou six compagnies aériennes qui viennent en Polynésie et leur dire ‘on a toujours le même nombre d’hôtels, le même nombre de logements’, il faut avoir des projets. » Sur la défisc, locale mais aussi nationale, sur laquelle Paris a « commencé à couper » et pourrait, sans réaction, continuer. Ou sur le logement social dont la production aujourd’hui ne suffit pas pour loger les jeunes salariés. « Là aussi, il faut répondre à des questions et à des attentes de la population », martèle le président de la CPME.

2024 : pas de boule de cristal, mais des inquiétudes

Beaucoup de chantiers donc, en cours ou à lancer en 2024. Mais pour la CPME, pas question de se perdre en processus de réflexion et de consultations sur plusieurs années. « On n’a plus le temps, on a un an pour réformer, après, c’est terminé, reprend Christophe Plée. On a connu en 2023 une année de prospérité en termes d’activité – quand on voit ce qui se passe chez nos amis calédoniens – mais on a pas du tout la certitude que 2024 va être la même année, parce que le tourisme ‘revenge’ est peut-être terminé ». On n’a pas de boule de cristal, donc les réformes dont on a besoin, il faut les entamer et les faire vite. »

Fixer un cap clair, agir vite, voilà les demandes de la CPME aux élus qui ont les manettes du Pays. Ce qui ne veut pas dire que l’organisation patronale approuvera tous les choix qui seront faits.

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Journal de 12h, le 29/12/2023

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