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Ice : Quatorze prévenus jugés sur trois jours

Depuis ce mardi, les magistrats du palais de justice de Papeete auditionnent quatorze prévenus mis en cause dans un trafic d’ice. Des faits qui ont perduré entre 2018 et 2019 et mis à jour sur dénonciation. Le père d’un des prévenus a dénoncé le trafic, alors que lui même était impliqué, parce qu’il ne s’y retrouvait pas financièrement. Le procès devrait durer jusqu’à jeudi.

La particularité de cette affaire d’ice, qui a perduré de 2018 a 2019, réside dans le fait que les prévenus ne sont pas ce qu’on appelle des « casos », mais des personnes bien intégrées dans la société avec un niveau d’instruction plus que correcte et la plupart un métier. Parmi ceux-ci, l’un est journaliste, l’autre technicien en aéronautique, un photographe, les autres ont des boulots plus « classiques».

Plus anecdotique mais révélatrice de l’appât du gain que suscite cette drogue, l’affaire a été balancée par le père d’un des prévenus. Pas pour une question de morale mais une partie du trafic se faisant à son domicile, il s’attendait à recevoir quelques dédommagements financiers qu’il n’a jamais vu. De dépit il a signalé tout ce petit monde aux forces de l’ordre qui se sont empressés de les mettre sur écoute. Des écoutes dont ils ont été prévenus par un de leurs amis qui œuvre au sein des forces de l’ordre. Ce qui ne les a pas empêché de continuer leurs affaires.

Des réseaux qui se croisent et s’entrecroisent

Ici pas de réseau vraiment constitué, comme dans des affaires précédentes, mais des réseaux qui se croisent et s’entrecroisent ou l’on retrouve les mêmes « intermédiaires consommateurs » qui s’abreuvent à plusieurs sources histoire de ne pas se retrouver le bec dans l’eau quand l’une d’elles se tarit. D’ailleurs quelques uns de ceux présents dans le box des accusés ne sont pas des inconnus de la justice, car leur nom est apparu dans des affaires emblématiques type Sarah Nui. Pas des têtes d’affiche, mais des seconds couteaux.

Si il y a un personnage central dans ce maillage de réseau, selon la justice il s’agirait de A.S dont le QG se situait à l’ancien hôtel Le Radisson à Arue. Celui que la justice considère comme le boss est un homme de 51 ans qui se charge lui-même d’acheter la meth à Hawaii, où il a vécu pas mal d’années, et de la rapatrier sur Tahiti dissimulée dans des cloueuses. A chaque fois entre 200 et 400 grammes d’ice et la justice le soupçonne d’avoir effectué quatre voyages.

« Elle avait un goût acide, elle sentait le pneu brulé et les effets étaient bof »

Mais son ambition ne s’arrêtait pas la. Il voyait plus loin. La justice le soupçonne d’avoir mis en place un laboratoire à Papara où il s’essayait sans réussite à fabriquer l’ice. Pour cela il faisait appel à ses clients intermédiaires qui, s’ils voulaient fumer gratuitement devait lui fournir le matériel nécessaire à son élaboration, des produits type Actifed ou éphédrine. Un projet entamé, mais vite mis de côté car l’ice qui en découlait n’était pas de bonne qualité et vendre le résultat de leur manipulation aurait pu engendrer des représailles de quelques clients mécontents. « Elle avait un goût acide, elle sentait le pneu brulé et les effets étaient bof » avouera l’un des prévenus.

Des prévenus aux chemins de vie différents, dont certains semés d’ embûches et d’autres au tapis rouge déroulé devant eux. Mais tous ont un point commun. Celui de se lever chaque matin avec une seule idée en tête trouver de l’ice et l’euphorie de la prise passée et la descente entamée, se demander comment en trouver le lendemain. En gros la vie de tous les consommateurs de drogues dures.

Comment ils sont venus à l’ice, chacun sa raison. Pour l’un, « j’avais deux boulots et il fallait que j’assure, que je tienne le coup. » et après c’est l’engrenage, on laisse tomber le boulot pour se consacrer entièrement à l’ice, on sert de rabatteur en espérant trouver son compte pour sa conso personnelle. D’autres c’est tout simplement l’appât du gain, comme le père qui a balancé le réseau et son fils, alors que ni l’un ni l’autre ne consomme. « Cela m’a rapporté plus de problèmes que d’argent » avoue le fils à la barre. Pour l’heure, seule une partie des prévenus ont été entendus et l’audition de demain permettra d’entendre A.S, celui qui est soupçonné d’être la tête pensante du réseau.

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