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Embouteillages : le Pays mise sur le covoiturage, et étudie les voies dédiées

Le ministre des Grands travaux et de l’Équipement, Jordy Chan, est revenu sur la décision du gouvernement de subventionner Hello Scoot’, lauréat de l’appel à projets à 49 millions de francs pour lancer une plateforme de covoiturage. Cette application, baptisée Wigo sera disponible sur IOS et Android à compter du 15 mai. En parallèle une étude est lancée pour mesurer l’attractivité de ce genre de déplacements et d’autres sont en cours pour l’implantation de voies réservées aux bus et celles de bandes ou pistes cyclables.

Wigo, c’est donc la nouvelle plateforme qui sera disponible à partir du 15 mai pour covoiturer. Après plusieurs essais infructueux, le ministre des Grands travaux et de l’Équipement, Jordy Chan, fait le pari que celui-ci sera le bon. Il s’agit d’améliorer le quotidien des automobilistes, pris chaque jour et à différentes heures, dans les bouchons. Selon le ministre, il y a trop de voitures au même moment au même endroit. « 70% des déplacements se font en voiture et la majeure partie avec une seule personne dans le véhicule. » Un appel à projets avait donc été lancé en novembre 2023 pour une plateforme de covoiturage. Et c’est Hello Scoot’, connu pour ses deux-roues en libre-service, qui vient de remporter le marché.

La poule, l’œuf, et la carotte

La société aura droit à une subvention de 49 millions de francs pour développer l’application, la promouvoir et financer les premiers utilisateurs. Jusqu’en juin 2025, tout nouveau passager aura son portefeuille (sur l’application) crédité de 500 francs pour payer ses trajets, facturés 10 francs par kilomètre. « Les initiatives lancées par le passé pour développer une telle application mobile se sont heurtées à un problème spécifique commun à tous les business de plateformes : elle a besoin d‘atteindre une taille critique pour être viable. C’est toujours le jeu de la poule et de l’œuf : pas assez de passagers et donc pas assez de  conducteurs et donc pas assez de passagers potentiels qui s’inscrivent sur la plateforme et suivent s’il y a des services proposés », explique le ministre.

Est-ce que ce système va prendre ? Aucune certitude. D’autant que les habitudes sont souvent difficiles à changer et avoir sa propre voiture pour rester en autonomie est souvent le choix fait par les conducteurs. Dans l’hexagone par exemple, le covoiturage ne séduit pas beaucoup d’utilisateurs pour les courts trajets. Mais Tahiti n’est pas « maillée » de la même façon, note Jordy Chan, formé aux Ponts et chaussées.  « On a un réseau routier beaucoup moins maillé qu’en France, on a une seule route qui parcourt la majeure partie de Tahiti. On peut imaginer que si un conducteur dit qu’il va de Taravao à Papeete, il y aura quand même plus de personnes intéressées qu’en France où les gens sont beaucoup plus dispersés. L’idée est aussi de tester et de voir si ça marche et si ça ne marche pas, il faudra prendre acte. »

L’étude est lancée en même temps que la plateforme pour mesurer l’attractivité de ce genre de déplacements et ne pas perdre de temps. Autant mesurer les effets réels. Mais le prestataire a également dû proposer un dispositif pour rendre la plateforme viable après juin 2025 : il s’agira de former des communautés de covoitureurs au sein d’entités situés dans la même entreprise, association ou administration, et avoir des habitués de la plateforme.

Des voies réservées aux bus et des bandes ou des pistes cyclables

Cependant, le covoiturage ne suffira pas à décongestionner l’agglomération et d’autres études sont en cours, celles-ci concernent l’implantation de voies de bus et celles de bandes ou pistes cyclables. « On a lancé des études de faisabilité sur l’agglomération urbaine de Papeete, notamment sur Papeete, Pirae, et des études sont en cours sur Faaa, Arue, Punaauia et potentiellement Paea, pour l’implantation en priorité de voies réservées aux bus et également pour l’implantation de bandes ou pistes cyclables. Le dosage qu’il faut qu’on réussisse à trouver c’est comment les insérer sans trop impacter la congestion ? »

Enfin, le ministre-ingénieur a précisé que la plateforme Wigo « n’a rien à voir » avec Niu Car, application locale lancée sur le modèle d’Uber toujours au centre d’un débat règlementaire. Le covoiturage revient à partager un véhicule dont le conducteur choisit le trajet. Niu Car de son côté, est une plateforme qui connecte des chauffeurs et des passagers mais le trajet est défini par le passager. Le chauffeur est rémunéré contrairement à la plateforme Wigo où seuls les frais de trajets sont partagés et calculés à hauteur de 10 francs le kilomètre.

« Pour assurer un service de transport de passagers, il faut que les chauffeurs garantissent un certain niveau de sécurité aux passagers, rappelle Jordy Chan. Les professionnels doivent se former, passer un examen, avoir les assurances nécessaires, avoir un véhicule aux normes et garantir à l’autorité qui réglemente la profession qu’ils ont un casier judiciaire vierge. » Autant de conditions qui ne sont pas remplies par Niu Car, considère le Pays.

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