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Les pulsions à la barre

Parmi les nombreuses affaires sur lesquelles avaient à statuer le tribunal, ce mardi, plusieurs concernaient des agressions sexuelles. Deux d’entre elles ont pour point commun que les prévenus n’ont pas su ou pu résister à des pulsions.

Selon le Larousse, une pulsion est : une force à la limite de l’organique et du psychique qui pousse le sujet à accomplir une action dans le but de résoudre une tension venant de l’organisme.

Par définition, donc, il est difficile d’y résister. La conscience a du mal à prendre le pas sur la satisfaction immédiate escomptée. C’était le cas de deux prévenus au tribunal.

L’alcool plus fort que tout

Le premier, B.T., a 29 ans. Il s’est introduit un soir, alors qu’il était alcoolisé, dans une maison de son quartier dont la porte d’entrée était demeurée ouverte. Dans la maison, trois personnes. Une femme, son fils et une nièce âgée de treize ans.

La jeune fille débarque affolée et tremblante dans le salon en disant à sa tante qu’il y avait quelqu’un dans la maison et qu’il l’avait touchée. Propos appuyés par le fils qui dit avoir vu quelqu’un dans la cuisine. L’individu s’enfuit, mais la femme l’aperçoit dans la cour et le reconnait comme étant du quartier. La jeune fille remise de ses émotions raconte alors à sa tante que l’intrus l’avait embrassée, caressé la cuisse et léché le cou.

A la barre, B.T. reconnait les faits. « J’étais saoul, c’était le week-end et je suis rentré comme cela chez eux car la porte était ouverte. » « Dans quel but ? » lui demande le juge. « C’est venu comme ça, je savais qu’il y avait une fille, mais je pensais qu’elle avait 15 ans. (….) Je ne voulais pas lui faire de mal, juste l’embrasser.», et d’ajouter à la stupéfaction du juge, « C’est la deuxième fois que cela m’arrive. »

« Et vous l’aviez aussi touchée ? », « Oui, je l’ai caressée et je me suis barré. » Et de reconnaître  « je crois que j’ai un problème avec ça. Je n’arrive pas à me contrôler quand je suis bourré. » Le juge, tentant de cerner le personnage : « C’est quoi votre type de fille ? » et B.T. de répondre, « les jolies, la vingtaine. »

Une immaturité psycho-affective

L’expertise psychiatrique a indiqué qu’il souffrait d’une immaturité psycho-affective, qu’il n’était pas « dangereux »  n’ayant pas de tendance pédophile et qu’il était responsable de ses actes. De plus il semblait profondément les regretter.

Effectivement, lors du réquisitoire de la procureure de la République qui le fustigeait, B.T. acquiesçait de la tête, conscient que ses pulsions quand il était sous l’emprise de l’alcool pouvaient être dévastatrices pour ses victimes. « J’ai fait des erreurs et j’assume les conséquences. ».

Il a été condamné à deux ans de prison avec sursis et mise à l’épreuve pendant deux ans et obligation de soins. De plus il sera inscrit au Fijais (Fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles).

Un dérapage émotionnel

L’autre affaire concernait C.T., 41 ans. Celui-ci logeait chez un couple dont la femme dormait dans la chambre alors que son mari s’était endormi dans le salon. C.T. victime d’une « pulsion » comme il l’affirmera plusieurs fois à la barre, pénètre dans la chambre et voyant la femme allongée, vêtue d’un simple pareu qui laissait entrevoir une partie de son anatomie, ne résiste pas à sa pulsion. « Le pareu était entrouvert, je l’ai touchée et lui ai dit que j’avais envie d’elle. Si j’avais demandé poliment, elle aurait dit oui. »

Il aurait mieux fait de demander poliment car la femme, la quarantaine elle aussi, l’a envoyé sur les roses avec un langage fleuri. « J’en ai rien à foutre, dégage. »

À la barre l’accusé porte bien, s’exprime bien et semble baigner dans la béatitude. Ce qui semble presque inquiétant, d’autant qu’il ne boit pas d’alcool et n’a jamais fumé de cannabis. Son casier est exempt de la moindre infraction. Pas même une amende. Un saint.

Toutefois, une expertise psychiatrique le définira comme instable affectivement, ayant eu dans sa vie quatre compagnes différentes. Et lui aussi, éprouve de sincères regrets.

Et lui aussi lors du réquisitoire de la procureure qui le tance de ne pas savoir « réfréner ses pulsions », il acquiesce à chacun de ses mots.  Pour son avocat, « Il a été victime d’un dérapage émotionnel et il a très honte de son geste. ». Son dérapage émotionnel lui a valu huit mois de prison avec sursis et une mise à l’épreuve pendant deux ans.

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