ACTUS LOCALES

Les ra’au Tahiti au coeur d’une enquête de l’IRD

L’institut de recherche et de développement (IRD) réalise une enquête sur la médecine traditionnelle et notamment sur les ra’au prodigués aux enfants. Objectif : mettre à disposition des populations, dans un ou deux ans, un recueil avec des fiches de plantes qui en décriront les usages thérapeutiques.

Depuis septembre dernier François Chassagne, ethnopharmacologue au sein de l’Institut de recherche pour le développement (IRD) mène une enquête sur la médecine traditionnelle. Un sujet sur lequel se portent beaucoup d’interrogations en Polynésie, surtout depuis 2021. Cette année-là, sept personnes avaient été condamnées pour avoir involontairement donné la mort à un enfant de 16 mois qu’ils avaient décidé de soigner aux ra’au Tahiti, considérés par certains comme « incompatibles » avec la médecine conventionnelle. Après avoir enquêté sur les Îles de la société en septembre dernier, le chercheur, avec l’aide d’une étudiante polynésienne de l’UPF, parcourt désormais les Tuamotu avec un questionnaire.

Objectif : se documenter sur cette médecine traditionnelle et tenter d’évaluer les bénéfices et les risques des pratiques et des plantes utilisées dans les remèdes en se basant sur ce qui a déjà été scientifiquement prouvé. Des recherches scientifiques parfois incomplètes puisque de nombreuses plantes n’ont jamais fait l’objet d’études. « Il n’y a pas de collection de plantes et d’études à proprement parler, explique François Chassagne. Avec des tests pharmacologiques sur des modèles plus simplifiés, on essaie d’avoir des informations ».

Cette étude, qui cible essentiellement la pharmacologie traditionnelle destinée aux enfants, part de Polynésie française, mais s’étend aujourd’hui jusqu’en Nouvelle-Calédonie et au Vanuatu. Des territoires à la biodiversité différente, mais sur lesquels les chercheurs ont déjà relevé des similitudes notamment sur le traitement de certaines pathologies de la peau avec des plantes telles que le tamanu ou encore le corossol. Des données qui doivent encore être collectées avant d’être analysées et traitées puis restituées sous forme de livret dans un ou deux ans. En attendant, François Chassagne veut encourager les Polynésiens à s’intéresser davantage au sujet. « S’il y a de jeunes polynésiens qui sont intéressés par les plantes et les ra ‘au Tahiti, qui voient leur grand-mère ou leur mère préparez ces remèdes, je leur dis allez-y intéressez vous à ça. Et n’hésitez pas à pousser en termes d’études : pourquoi pas faire des masters spécialisés, des thèses. On est tout à fait prêt à accueillir ce genre de personnes, d’étudiants qui veulent en savoir plus ».

L’enquête se poursuit encore un mois et demi dans les Tuamotu avec des visites prévues à Anaa, Fakarava, Makemo, Rangiroa et Tikehau

Une commission consultative des plantes aromatiques médicinales

Sa création a été actée ce mercredi en Conseil des ministres. Cette commission s’inscrit « dans la continuité des travaux et séminaires organisés fin 2021 sur la valorisation du patrimoine naturel et culturel polynésien en matière de médecine traditionnelle, et le développement de la production et de l’usage des plantes à valeur aromatique, médicinale et cosmétique ». La commission, sera composée de 22 membres à parité entre secteur public et privé et notamment d’experts, et aura pour principaux objectifs « de rassembler les connaissances, tant scientifiques que traditionnelles, sur les plantes présentes en Polynésie ». Il s’agira aussi de « définir des stratégies permettant l’approfondissement des connaissances sur ces dernières, l’usage sécurisé des plantes et la conservation des ressources naturelles », et enfin de « faciliter la diffusion de ces connaissances aux acteurs privés et publics ».

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