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L’opposition appelle à défendre l’autonomie

Trois autres candidats à la présidence du Pays se sont présentés face à Moetai Brotherson : Benoît Kautai, maire de Nuku Hiva, Nicole Sanquer, présidente de A Here ia Porinetia et Édouard Fritch, ancien président du Pays. Tous ont profité de la tribune pour appeler à protéger l’autonomie mais aussi à un travail constructif pour le bien de la population.

APF Benoit Kautai

©EM/Radio1

Benoît Kautai, le maire de Nuku Hiva, a été le premier à prendre le micro pour défendre sa candidature à la présidence du Pays, même s’il a tout de suite convenu qu’il n’avait pas « l’espoir d’être élu » et que « le résultat de l’élection était déjà connu de tous ». Il souhaitait profiter de cette tribune pour « partager le regard des archipels éloignés » et en particulier celui des Marquises. Il a rappelé que les Marquises sont « l’archipel le plus attaché à l’autonomie et le plus ancré dans la République française ». Il a souligné la volonté des maires marquisiens de transformer leur communauté de communes en « communauté d’archipels », un statut inspiré des provinces calédoniennes qui nécessiterait une modification de la loi organique. Il a assuré que la volonté des Marquisiens était de travailler avec le prochain gouvernement à condition de ne pas franchir des lignes rouges : « Nous ne souhaitons pas mettre en cause l’union de notre pays mais cela pourrait changer si le Tavini signe des accords avec des pays étrangers comme la Chine ou engage le pays dans une indépendance dont nous ne voulons pas. » 

APF Nicole Sanquer

©EM/Radio1

Nicole Sanquer a encore répété que la gouvernance précédente devrait tirer les enseignements de son échec : « Les Polynésiens ont voulu tourner la page d’une gouvernance qui a échoué, enfermée dans ses certitudes. » Tout en espérant que la relation sera plus constructive avec les bleus : « Nous souhaitons que cette mandature soit une victoire collective et une réussite pour la population quelle que soit son origine. La naissance d’une nouvelle ère pour la société, qui nous conduira au véritable progrès social et élèvera notre peuple. » Elle a appelé à limiter les mandats afin de remplacer « ceux qui sont là depuis trop longtemps » suscitant quelques réactions parmi les élus. Elle a également critiqué la présence des 42 maires sur la liste du Tapura, la preuve pour elle d’une « soumission » et non pas d’un « soutien », provoquant les bravos d’un côté et de l’autre les cris de Lana Tetuanui : « C’est une insulte ! »

Nicole Sanquer : « Nous attendons les actes »

« Dans son discours, Moetai Brotherson n’a quasiment pas parlé du programme du Tavini donc nous sommes restés sur notre faim parce que nous attendions le calendrier des travaux parlementaires, mais il a surtout fait beaucoup de remerciements. Nous attendrons l’ouverture de la séance le 19 mai prochain pour savoir exactement quel est le cap à suivre. Il a très peu parlé d’indépendance ou d’autonomie, il surtout rassuré les Polynésiens sur cette question et je pense qu’il était nécessaire qu’ils entendent que ce n’était pas la priorité du prochain gouvernement. Moi-même je n’ai jamais eu peur de cela car ils ont été très clairs : l’indépendance se fera avec l’avis des Polynésiens. Il y a tout un processus à suivre. Mais les autres ont voulu provoquer cette peur. Maintenant, nous attendons les actes. Beaucoup d’engagements ont été pris pendant cette élection. C’est tout cela que nous allons juger, évaluer et pourquoi pas compléter avec nos propres propositions. »

 

Edouard Fritch-APF

©EM/Radio1

Édouard Fritch a ensuite pris la parole, saluant les autorités dont le président de l’assemblée et se tournant vers Antony Géros avec un petit sourire : « Quand on entend parler de tous ces vieux qui sont encore là et qui traînent, je pense à nous deux. » Plus sérieusement, il a dit vouloir profiter de ces cinq prochaines années « pour réparer nos propres défauts ». Mais quand même : « Je pense que la majorité que j’ai mené a bien travaillé. Je le dis sans esprit d’orgueil ou de vanité. » Puis il a ensuite défendu avec force l’autonomie, expliquant que « dans un monde plus en plus instable nous avons besoin d’une grande nation démocratique qui nous protège. Et cette grande nation c’est la France. Je rappelle que l’autonomie est le meilleur système pour la Polynesie. Cet outil a permis de façonner la Polynésie moderne ».

Édouard Fritch : « On laisse le Pays dans de bonnes conditions »

« Je le félicite, c’est bien. Je respecte ce que la population a souhaité c’est-à-dire un changement même si c’est un changement dû à une partie minoritaire de la population mais c’est comme ça, c’est les élections. On laisse le Pays dans de bonnes conditions avec de l’argent en caisse pour pouvoir assurer les investissements, le fonctionnement, et on a même un petit matelas pour répondre aux éventuelles crises. Je lui souhaite bon vent, bien sûr que nous serons toujours présents. Quand ce sera bon, nous l’accompagnerons et quand ce ne sera pas bon, nous nous opposerons. Si on veut être lucide et réaliste, l’objectif du Tavini Huiraatira est d’obtenir l’indépendance. Il ne faut pas rêver non plus, l’indépendance c’est le départ de l’État. »

Au moment du vote, Benoît Kautai a retiré sa candidature. Nicole Sanquer a obtenu les trois voix des représentants du A Here ia Porinetia, Édouard Fritch les seize des représentants Tapura et Amuitahiraa. Et sans surprise Moetai Brotherson a été élu président du Pays.

 

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