ACTUS LOCALES

Moetai Brotherson veut ouvrir des ambassades, et parie sur un retour de l’État à l’ONU

la délégation de la Polynésie à Paris devrait être restructurée et d’autres représentations permanentes devraient s’ouvrir dans le Pacifique. ©Archives Radio1

Le président du Pays a plusieurs fois parlé des dossiers régionaux et internationaux dans son discours des 100 jours. Moetai Brotherson a annoncé la réorganisation de la délégation de la Polynésie à Paris, des projets de représentations régionales permanentes à Fidji, en Nouvelle-Calédonie et au Canada… Et a assuré avoir un « accord de principe » d’Emmanuel Macron sur une participation de l’État aux discussions des Nations-Unies sur la décolonisation du fenua, en octobre.

Les questions internationales avaient été déjà largement évoquées avec Gérald Darmanin lors de sa visite de la semaine dernière. Et il est vrai que les réponses du ministre de l’Intérieur et des Outre-mer avaient été plutôt encourageantes : « Je pense qu’il est normal que les représentants de la Polynésie française puissent, dans leur environnement régional, le Pacifique, avoir des relations avec leurs états frères sans avoir à demander l’avis à la diplomatie française », avait expliqué le responsable, qui devait plaider cette semaine, auprès d’Emmanuel Macron, une extension des compétences régionales du Pays, notamment en matières culturelle et commerciale. Mais avant même que Paris approuve, Papeete passe à l’action. Dans son discours des 100 jours, ce mercredi soir, Moetai Brotherson a annoncé la mise à l’étude de trois représentations de la Polynésie dans la zone Pacifique.

Suva, Nouméa… Et un autre pays du Pacifique

Et c’est d’abord à Fidji que le Pays veut ouvrir une de ces « délégations permanentes » : « De nombreuses institutions régionales y ont leur siège, et il est important pour la Polynésie d’avoir une représentation permanente à Fidji appuie le président. Nous mettons également à l’étude une représentation permanente en Nouvelle-Calédonie, où une communauté polynésienne vit depuis très longtemps et où également nos entreprises ont tout intérêt à pouvoir faire plus d’échanges et de commerce avec cette communauté voisine et cousine qui se situe à cinq heures d’avion ». 

La délégation de Nouméa serait abrité dans des locaux appartenant déjà à la Polynésie, et le gouvernement est en discussion avec un « prestataire » pour une ouverture rapide. En plus de cette petite « ambassade », la présidence doit signer une convention de partenariat « avant la fin de l’année » avec le président du gouvernement calédonien Louis Mapou. Une convention « préparée sous le gouvernement précédent, je n’ai pas honte de le dire », précise Moetai Brotherson, « et que nous avons modifiée pour qu’elle colle un peu plus à notre vision des choses ». Quant à la troisième représentation à l’étude, le responsable attendra son discours en tahitien pour la localiser : le Canada, où étudient de nombreux jeunes Polynésiens.

« Rendez-vous à l’ONU »

Mais le président du Pays a évoqué des projets bien au delà du Pacifique dans ce discours fleuve. D’abord du côté de la métropole, avec la réorganisation de la délégation de la Polynésie française à Paris. Pour Moetai Brotherson, qui a, dès sa prise de fonction, remplacé la cheffe de service de la délégation Caroline Tang par Sarah Teriitaumihau, il s’agit notamment « d’optimiser l’obtention de fonds européens » au travers de la structure parisienne. Des projets aussi du côté des États-Unis, avec le programme Capstone, au travers duquel des étudiants des universités de Columbia et Stanford pourront plancher sur certains chantiers polynésiens, au travers de stages dans l’administration – c’est déjà le cas, depuis deux mois – et d’une mission groupée prévue en mars 2024. Le président a aussi, bien sûr, évoquer la gestion du dossier polynésien à l’ONU. « Je me rendrai à la quatrième commission des Nations-unis la première semaine du mois d’octobre en tant que président de la Polynésie, confirme-t-il. Et j’ai obtenu l’accord de principe du président de la République pour un changement de posture de l’État français lors de cette Quatrième commission. J’ai toute confiance dans la parole du Président et donc je vous donne rendez-vous à l’ONU ».

Le « changement de posture » attendu du côté du Tavini, c’est bien sûr la participation de l’État aux discussions de cette commission, spécialisée sur les questions de décolonisation. Paris pratique la politique de la chaise vide sur le dossier polynésien depuis la réinscription du pays sur la liste des territoires non-autonomes, en 2013. La semaine dernière, Gérald Darmanin avait dit ne « pas avoir peur » d’aller défendre la position de la France à New York, comme il l’a déjà fait sur le dossier calédonien, tout en précisant que la Polynésie n’avait « pas à être décolonisée ». Un tournant, tout de même, dans les relations entre Paris et Tahiti, et qui ne pourrait toutefois être décidé que par l’Élysée, qui a déjà consulté sa diplomatie sur le sujet. Il y a un mois, le haut-commissaire Éric Spitz expliquait sur le plateau de Radio1 que le Quai d’Orsay, était plutôt « balancé », et demandait notamment, au préalable, une clarification des compétences internationales du Pays. Clarification qui semble être en bonne voie.

Dans son discours, Moetai Brotherson a pris soin de rappeler que les relations avec l’État, contrairement à ce que présageaient ses rivaux autonomistes pendant la campagne, étaient « au beau fixe ». « Pour la première fois de l’histoire j’ai pu, en tant que représentant de la Polynésie, être invité à des réunions bilatérales entre la France et des pays indépendants, a-t-il rappelé, citant sa participation à la visite officielle d’Emmanuel Macron au Vanuatu et en Papouasie-Nouvelle-Guinée en compagnie du président calédonien Louis Mapou. C’est une évolution notable dans la confiance qu’il existe entre l’Etat français et le gouvernement de Polynésie française ».

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