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Mossoul: les forces irakiennes prennent le contrôle d'un pont

Au sud de Mossoul (Irak) (AFP) – Après avoir pris le contrôle d’un des cinq ponts sur le Tigre, les forces irakiennes veulent accentuer la pression sur les jihadistes assiégés dans l’ouest de Mossoul, dernier fief du groupe Etat islamique (EI) dans le pays.

Cette victoire militaire lundi ne fait rien par contre pour calmer les craintes pour les centaines de milliers de civils, pris au piège des combats et en manque de tout dans les quartiers ouest de la deuxième ville d’Irak.

Après avoir chassé l’EI de la partie orientale de la ville en janvier, les forces irakiennes ont lancé l’assaut le 19 février pour reprendre ces quartiers et parachever leur reconquête.

Et elles ont marqué un point important lundi en prenant le contrôle d’un des cinq ponts sur le fleuve Tigre, connu comme le 4e pont, le plus au sud. Les cinq ouvrages avaient été partiellement détruits par les raids aériens irakiens ou de la coalition internationale conduite par les Etats-Unis ou par les actes de sabotage de l’EI.

Les troupes ont atteint « l’accès ouest du pont », qui est désormais « sous notre contrôle sur les deux berges », a indiqué lundi à l’AFP le général Yahya Rassoul, porte-parole du commandement des forces irakiennes.

Même s’il a été endommagé, la reprise de ce pont, sur ses deux rives, devrait permettre d’établir un pont flottant à proximité. L’objectif des unités du génie est désormais d’établir rapidement un pont temporaire, qui permettra de « faire traverser du matériel et des munitions », selon le colonel Falah al-Wabdan, des Forces de réaction rapide du ministère de l’Intérieur.

– ‘Combats intenses’ –

« Les combats de rue sont intenses (…) Mais nos forces progressent », a ajouté M. Rassoul, dans donner aucun bilan sur le nombre des victimes, d’un côté comme de l’autre.

L’EI est mieux implanté dans l’ouest de Mossoul. Et les troupes irakiennes s’attendent à ce que la résistance des jihadistes se renforce à l’approche des quartiers densément peuplés du centre, notamment de la vieille ville. 

Aux premiers jours de l’assaut, l’avancée des forces gouvernementales a été relativement rapide avec la reprise en quelques jours de l’aéroport désaffecté, d’une base adjacente et de trois quartiers, dans le sud et l’ouest de la ville.

Les troupes de Bagdad avancent aussi dans les zones désertiques au sud-ouest pour couper complètement Mossoul des territoires tenus par l’EI dans l’est de la Syrie voisine.

« Globalement, toutes les forces progressent comme prévu et le font rapidement », a déclaré à l’AFP le général Abdelamir Yarallah à Taloul al-Atshana, le point culminant de la province de Ninive dont Mossoul est la capitale.

Il resterait quelque 2.000 jihadistes à Mossoul-Ouest, selon des estimations américaines. Ces combattants peuvent infliger de fortes pertes en recourant à leurs actions de guérilla habituelles, comme les explosions d’engins piégés et les attentats suicide.

– Nourriture ‘inabordable’ –

L’offensive pour la reprise totale de Mossoul, tombée en juin 2014 aux mains des jihadistes, a été lancée le 17 octobre par les forces irakiennes, avec l’appui crucial de l’aviation américaine et de conseillers militaires américains au sol.

Lundi, la Maison Blanche a reçu les options proposées par le secrétaire à la Défense Jim Mattis pour intensifier la lutte contre l’EI. Le plan, dont les détails n’ont pas été rendus publics, devra être discuté par les principaux responsables de l’administration Trump.

Ce cadre pour « vaincre rapidement l’EI » est « large » et « global », a seulement indiqué le porte-parole du Pentagone, Jeff Davis, en précisant qu’il « n’est pas simplement militaire » et « ne concerne pas seulement l’Irak et la Syrie ».

Entretemps, les ONG et l’ONU s’inquiètent de plus en plus pour le sort de quelque 750.000 civils piégés à Mossoul-Ouest. Le Programme alimentaire mondial (PAM), une agence de l’ONU, a sonné le signal d’alarme sur la base de témoignages de personnes ayant fui ces quartiers.

« Des familles nous ont signalé que les prix de la nourriture avaient fortement augmenté » jusqu’à devenir « inabordables », a indiqué Sally Haydock, sa responsable pour l’Irak. « Dans les situations les plus extrêmes, certaines personnes n’ont pas d’accès à la nourriture ». Certains se nourriraient même de graines pour oiseaux, selon Karl Schembri, porte-parole du Conseil norvégien pour les réfugiés.

L’EI a occupé un temps un tiers de l’Irak, mais il n’a cessé de perdre du terrain depuis deux ans face aux multiples offensives.

Une perte totale de Mossoul représenterait un terrible revers pour l’organisation qui ne contrôlerait plus en Irak qu’une région autour de Hawija, à 180 km au sud-est de Mossoul, la cité de Tal Afar, à l’ouest, et des localités dans l’ouest du pays.

© AFP AHMAD AL-RUBAYE
Les forces irakiennes avancent dans Mossoul, le 27 février 2017

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