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Putu Uira : une inauguration et des ambitions à Punaruu


EDT-Engie a officiellement lancé son générateur virtuel Putu Uira ce vendredi matin. Une batterie géante qui permet d’ores et déjà de soulager la centrale Émile Martin toute proche, mieux intégrer l’énergie renouvelable sur le réseau électrique et verdir un peu le mix énergétique de Tahiti. Pour Didier Pouzou, ça n’est qu’un premier pas : Putu Uira fait « entrer le réseau dans une nouvelle ère » pointe le PDG d’EDT.

Le projet, chiffré à 1,75 milliard de francs, était dans les tuyaux depuis « de longues années » chez EDT. Après plusieurs mois d’installation, de réglages et surtout de tests – « très concluants » selon la direction – il a été officiellement inauguré et béni ce vendredi, sur un petit plateau dominant la zone industrielle de la Punaruu, à quelques encablures de la centrale Émile Martin. 62 tonnes de batterie, soit 624 modules soigneusement empilés dans des conteneurs climatisés, y ont été installés aux côtés de rangées d’onduleurs et devant des transformateurs destinés à intégrer l’installation au mieux sur le réseau électrique de Tahiti. Car ce « générateur virtuel » permet désormais de stocker le trop-plein d’énergie produite sur l’île, notamment la nuit et les weekend, quand la consommation des Polynésiens est au plus bas, et que les turbines des barrages continuent de tourner.

Cette électricité, la batterie géante va la reverser sur le réseau quand c’est nécessaire… Par exemple quand le ciel se couvre, comme ce vendredi matin, et que la production des panneaux photovoltaïques, qui ont tendance à se multiplier ces temps-ci, chute soudainement. Bref, il s’agit d’abord de « lisser » la production, et surtout de mieux la piloter, comme l’explique le PDG d’EDT-Engie Didier Pouzou :

Au revoir les pertes d’énergie…

Mais plus que du confort Putu Uira, qui a déjà commencé à soulager la centrale Émile Martin, est synonyme d’économies. Car EDT était jusque là dans l’obligation, pour faire face au caractère intermittent des énergies renouvelables, de laisser deux groupes gazole de la Punaruu en opération, même quand la consommation des usagers ne le nécessitait pas. « Quand il y a beaucoup d’hydro, la nuit et le weekend, il n’y a pas suffisamment de clients pour absorber leur production et celle des groupes de la Punaruu qui reste en soutien », précise Patrick Desfour, responsable de ce projet qu’il voit naitre avec satisfaction juste avant sa retraite. Résultats : il faut régulièrement « laisser se perdre de l’énergie », en faisant déborder les barrages de Marama Nui ou même en coupant l’apport d’une partie de la production photovoltaïque de l’île. Une décision qui a été rarement prise jusqu’à aujourd’hui mais qui risquait de se présenter plus souvent avec la naissance, en cours, des premières grandes fermes solaires du pays.

Putu Uira, qui est capable de fournir la même énergie qu’un des groupe diesel de la Punaruu pendant une vingtaine de minutes – le temps qu’il faut pour les démarrer – a d’ores et déjà permis d’éteindre un des groupes de secours. Et d’ici quelques mois, une fois que les équipes d’EDT se seront fait à cet outil et auront « réécrit le livre du placement des énergies », le deuxième pourrait lui aussi être ponctuellement débranché, notamment certains dimanche où la production de renouvelable est assurée.

…et bonjour les économies

Une production à 100% renouvelable à Tahiti ? C’est ce qui s’était passé pendant quelques heures, le 12 septembre dernier, peu après le début des tests de Putu Uira. EDT était alors parvenu quelques mois plus tard à faire fonctionner le réseau avec seulement 20% de production non renouvelable pendant 24 heures, toujours grâce à ce nouvel outil. Au total, le générateur virtuel, financé dans le cadre de la concession, et donc sans coût supplémentaire pour l’usager, « devrait permettre d’économiser 6000 heures par an d’utilisation de ces groupes et 3000 tonnes de consommation d’hydrocarbures », chiffre EDT.

Nécessaire pour développer le solaire

Cet outil de pilotage et d’intégration du renouvelable était aussi une « nécessité », reprend Didier Pouzou, à l’heure où le Pays a lancé les grands chantiers du côté du photovoltaïque. Quatre fermes sont en train d’éclore dans le sud de Tahiti – Engie, au travers de sa filiale « Engie renouvelable Polynésie » en construit deux, les groupes Moux et Siu une chacun – et une nouvelle tranche d’appel à projets et en préparation du côté du gouvernement. « Sans ce genre d’outils, cette nouvelle tranche ne pourrait pas être ouverte, ou elle l’aurait été au détriment de la production », explique le PDG.

Pour le responsable, pas question de s’arrêter en si bon chemin. À l’entendre, il faudrait idéalement une deuxième installation de ce type à Tahiti. Pourquoi pas du côté de la Presqu’île. Le tavana de Taiarapu-est et président de Secosud, Anthony Jamet, était d’ailleurs présent, aux côtés du maire de Punaauia Simplicio Lissan à la cérémonie de ce matin.

 

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