ACTUS LOCALESLOGEMENT

« Si je manquais de maturité, je n’aurais pas tenu une semaine », dit le futur ex-directeur de l’OPH

Le directeur général de l’OPH, Oraihoomana Teururai, a démissionné après avoir signifié à sa ministre de tutelle qu’il n’est plus en capacité de poursuivre « sereinement » sa mission. Il ne souhaitait pas aller au-delà des six mois d’intérim de ce contrat, mais des « événements » récents qu’il se refuse à détailler l’ont poussé à avancer son départ. Il est davantage attiré par la stratégie globale que l’opérationnel, dit-il, mais reste « à disposition » pour « servir la population ». 

Oraihoomana Teururai, directeur général par intérim de l’OPH depuis le 22 septembre dernier, a donné ce vendredi matin une conférence de presse pour mettre au clair les raisons de son départ de la direction de l’OPH avant même la fin des six mois de son mandat.  Après avoir assaini les finances de l’Office, notamment en réglant 4,5 milliards de factures aux entreprises avant la fin de l’année dernière, il estime que la mission la plus pressante qu’il avait acceptée, sortir l’OPH de la crise financière, est remplie, « et je ne m’étais pas projeté davantage. (…) Je restitue au gouvernement et au prochain directeur ou directrice générale une situation de l’établissement normalisée, plus confortable à diriger. » 

« Je n’ai pas rencontré de difficultés avec le personnel »

En revanche, alors que sa ministre de tutelle Chantal Galenon disait que la gestion du personnel pouvait avoir représenté un obstacle, en raison d’un « manque de maturité », Oraihoomana Teururai dément : « Je n’ai pas rencontré de difficultés avec le personnel. Et je tiens à les remercier », dit-il, en reconnaissant qu’au cours des derniers mois ils ont dû « revoir leur copie, faire autrement, faire la même chose voire mieux, avec moins de moyens financiers. » Il souligne aussi qu’à son arrivée, « certains de mes cadres étaient absents, il a fallu driver moi-même les équipes opérationnelles (…). Je pense que si je manquais de maturité je n’aurais pas tenu une semaine.  Je pense avoir réussi à gérer cette partie-là. » Jean-Pierre Tefaafana, délégué syndical de A Ti’a i Mua, majoritaire à l’OPH, et présent lors de la conférence de presse, opine.

Oraihooomana Terurai précise qu’il n’a pas souffert de pressions. « J’ai été clair avec la ministre, je dois avoir les coudées franches pour pouvoir diriger l’établissement. Pas d’interventionnisme dans la manière dont je pouvais gérer le personnel, etc. De ce point de vue-là, j’ai été entendu et respecté. »

« Mon appétence, elle est pour faire de la stratégie très globale »

« Ayant occupé le poste de délégué à l’habitat et à la ville, c’est cette vision beaucoup plus globale de la question de l’habitat qui m’intéresse. Mon appétence, elle est pour faire de la stratégie très globale, insiste-t-il. Par conséquent, j’avais remis effectivement lundi dernier une lettre à madame la ministre du Logement, signifiant que j’avais accompli ma mission et que je souhaitais continuer à servir le pays autrement à compter du 22 mars. »

Pourtant il s’est clairement passé autre chose depuis, sur laquelle il « ne veut pas s’étendre ». « Mais entre le moment où j’ai posé cette lettre et mercredi, poursuit-il, il y a quelques événements qui ont fait que je ne dispose plus des conditions optimales qui me permettent d’assurer sereinement ma mission de directeur général. J’en prends acte et j’ai posé pour le coup ma démission à la ministre du Logement. » Son départ est avancé : sans donner de date, il confirme qu’il n’attendra pas le mois de mars pour partir. Le directeur général adjoint Toriki Ateni prendra les rênes en attendant que le gouvernement mène le processus de recrutement du prochain directeur, le quatrième en moins d’un an.

Oraihoomana Terurai « ne peut pas affirmer » qu’il retournera à la Délégation à l’habitat et à la ville, où son ancienne adjointe qui l’a remplacé fait « un travail formidable ». « Je ne suis pas quelqu’un qui est carriériste, à vouloir me maintenir à des postes à responsabilités, tout ce qui m’intéresse c’est servir le Pays, répète-t-il. J’ai quelques connaissances et quelques compétences, je crois, dans le secteur de l’habitat. Si le ministère du Logement et le gouvernement ont des projets à développer dans le secteur, je reste à disposition, mais surtout, surtout, je continuerai à servir la population quel que soit l’emploi que j’occuperai. » Voilà qui est parler comme un politique aguerri, et il y a fort à parier qu’on le reverra bientôt.

Le point sur les « déficits » de l’OPH

Le futur ex-directeur général de l’OPH a voulu préciser que l’office n’avait pas, à son arrivée, un « déficit » de 4 milliards. Il s’agissait, dit-il, de 4,5 milliards « d’encours fournisseurs », qui ont été intégralement réglés avant la fin 2023, les créanciers étant principalement des entreprises de construction.  Reste à présent à régler 1,9 milliard de factures datant de moins de trois mois, mais il s’agit là du fonctionnement normal de la comptabilité de l’OPH.

Reste aussi les créances locatives historiques, qui s’élèvent à 2 milliards de Fcfp, malgré de régulières admissions en non-valeur. Mais Oraihoomana Teururai rappelle la fonction « d’amortisseur social » de l’OPH, dont le taux de recouvrement tourne autour de 70%, et fait de cette dette un poids structurel difficile à lever.

Une situation financière stabilisée, affirme Oraihoomana Terurai, qui annonce tout de même que le budget 2024 de l’OPH devra être complété en collectif budgétaire.

 

Article précedent

Pharmacie de Bora Bora : le Pays fera appel pour le « cas Cojan »… et changera la loi pour la suite

Article suivant

Fashion Week, télé et magazines ... Kauli Vaast à la conquête de Paris

Aucun Commentaire

Laisser un commentaire

PARTAGER

« Si je manquais de maturité, je n’aurais pas tenu une semaine », dit le futur ex-directeur de l’OPH