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Suicide : « Tout le monde doit jouer un rôle de sentinelle »

L’association SOS Suicide organisait ce samedi une après-midi de discussion. Bénévoles, spécialistes, responsables religieux ou associatifs, élus… Tous sont appelés à faire leur part pour une « prévention partagée ». Mais pour la présidente du collectif, Annie Tuheiava, chaque citoyen, adulte mais aussi adolescent, doit faire l’effort de repérer, aider ou signaler des personnes en souffrance. 

« Tout le monde doit faire sa part ». C’est le message qui a été répété, ce samedi après-midi à la mairie de Pirae. À l’occasion de la journée nationale de prévention du suicide, l’association locale SOS Suicide avait réunis une soixantaine d’acteurs associatifs, sociaux ou institutionnels. Aux côtés des pompiers, policiers et gendarmes, qui sont généralement les premiers à intervenir lors d’une tentative, des thérapeutes et autre professionnels spécialisés dans l’accompagnement des personnes en souffrance, ou des responsables religieux. On trouvait aussi plusieurs représentants institutionnels : État, Pays, avec la présence du ministre de la Santé Jacques Raynal, communes... « On doit tous être complémentaires pour faire de la prévention » a insisté la présidente de SOS Suicide, Annie Tuheiava.

Signaler le mal-être, notamment en milieu scolaire

Principale cible de cette prévention : la jeunesse, pour qui le suicide reste, d’après les dernières données disponibles, la deuxième cause de mortalité après les accidents de la route. Détresse sociale, sentimentale ou financière, rupture avec les parents, qui ont parfois du mal à comprendre l’évolution du mode de vie de la nouvelle génération, harcèlement sur internet… Les causes sont bien sûr nombreuses. Mais la solution passe quoiqu’il arrive par la détection du mal-être par des proches, notamment dans le milieu scolaire, où SOS Suicide fait des interventions régulières. « On leur dit que tout le monde doit jouer un rôle de sentinelle, reprendre la présidente. Souvent les parents ne sont pas au courant, on se confie au copain ou à la copine. Le fait de signaler à l’infirmière, à la surveillante, c’est une façon de prévenir le suicide ».

Difficile de dire si la Polynésie est sur la bonne pente : les chiffres de décès par suicide sont difficiles à obtenir ces dernières années. Mais l’association, qui a vu bondir le nombre d’appels sur sa ligne de crise (444 767 ou 87/89 20 25 23) de 800 à plus de 1100 en un an, sait que le suicide « reste un problème grave au fenua ». Parmi les 395 individus qui ont pris contact avec ses bénévoles l’année dernière, dont une soixantaine considérés comme des cas « urgents » et une vingtaine qui étaient sur le point de passer à l’acte, les jeunes restent majoritaires. Mais SOS Suicide détecte tout de même une légère hausse du nombre matahiapo, souvent victime de l’isolement. « On leur dit qu’ils ont un rôle à jouer dans leur communauté, qu’ils sont des livres d’histoire pour les jeunes », précise Annie Tuheiava.

La tolérance, arme de prévention

Parmi les bénévoles actifs de l’association, Karel Luciani, qui a fait une intervention remarquée. Aussi président de Cousin Cousine de Tahiti et de Agir contre le Sida il a rappelé que certaines milieux concentrent « beaucoup de souffrances ». « Les personnes atteintes du Sida ont souvent honte, parce que leur famille ont honte d’elles, et c’est pareil pour les LGBT, il y a beaucoup de personnes qui sont exclus, rejetés de leur famille et ces personnes en souffrance ont très souvent des idées suicidaires », explique le responsable, qui déplore de nombreux suicides dans ces communautés. « C’est terrible, et ça vient du monde d’acceptation qu’on a dans notre société : on dit que tout le monde est accepté mais c’est une hypocrisie ».

La solution n’est donc pas seulement la détection et la sensibilisation des personnes en souffrance, a-t-il expliqué mais aussi « le développement de la tolérance et de l’acceptation de l’autre » chez tous les membres de la société.

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