ACTUS LOCALESSOCIÉTÉ

Teahupo’o 2024 : la tour en alu sera allégée, mais tout de même installée

Dans un communiqué commun, le Pays, le Haut-commissariat et le le comité Paris 2024 ont détaillé la solution qu’ils avaient retenu pour faire face aux inquiétudes environnementales qui entourent le projet de tour des juges. Devant l’impossibilité d’homologuer la vieille tour en bois et le refus de déplacer l’épreuve, la nouvelle tour en alu sera bien utilisée mais sa surface et son poids réduits, pour limiter la profondeur et l’impact des nouvelles fondations, qui devront bien être dans le récif.

C’est peu de dire que le communiqué était attendu. « Dans la nuit », promettait jeudi soir à l’aéroport, Moetai Brotherson, qui se limitait alors à annoncer que « la décision était prise » concernant la tour des juges et qu’elle n’allait probablement « pas plaire à tout le monde ». Un suspens de plus dans ce dossier épineux qui paralyse l’organisation de l’épreuve de surf des JO depuis un mois et demi. Homologation de la vieille tour en bois ou construction d’une nouvelle structure, utilisation ou renforcement des fondations existantes, utilisation d’un bateau ou d’une tour à terre, et même déplacement de l’épreuve, à Papara ou ailleurs… Plusieurs pistes de travail avaient été mises sur la table et un rapport d’ingénieurs, présenté mercredi soir, devait permettre de faire le tri entre bonnes et mauvaises idées. Jeudi matin, la présidence avait reçu les associations du PK0 pour faire état des arbitrages qui avaient été faits. Mais le communiqué commun du Pays, du Haut-commissariat et de Paris 2024 n’a été diffusé que ce vendredi matin par les organisateurs parisiens des JO.

Pourquoi les autres solutions sont écartées

Protection environnementale d’un site « exceptionnel », respect des normes de sécurité, volonté de faire « rayonner » Teahupo’o et héritage de la compétition en Polynésie… Le texte rappelle en détail les contraintes et objectifs qui ont gouverné les débats sur cette tour des juges et se poursuit en expliquant pourquoi certains scénarios ont été écartés. Les fondations existantes seraient ainsi, d’après les experts, trop fragiles, du fait de la corrosion notamment, pour les utiliser tel quel, même avec l’ancienne tour en bois.

Les renforcer sans forage obligerait, pour respecter les normes de sécurité, à ancrer 288 barres d’acier à 1,5 mètre de profondeur et un sarcophage de béton de 30 mètres cube, plus que ce que nécessite la nouvelle tour…. Trop d’impact sur le corail donc.  La construction d’une nouvelle tour en bois, elle, ne serait pas possible pour des raisons de calendrier : elle aurait été livrée en fin d’année et aurait quoiqu’il arrive nécessité de nouvelles fondations. Quant à l’installation des juges sur la plage ou sur un bateau, elle a aussi été écartée pour des raisons de visibilité et de pérennité des épreuves de surf WSL à Teahupo’o.

9 tonnes au lieu de 14

Ne resterait donc que la solution retenue, et enfin annoncée : celle de l’utilisation de la nouvelle tour en alu, mais qui serait revue pour être plus « sobre » réduite en taille et en poids. « Le meilleur scénario » assurent le Pays, le Haut-commissariat et Paris 2024. « Il permet en particulier de réduire la profondeur de forage des fondations et d’utiliser une barge avec un plus faible tirant d’eau pour les travaux », précise leur communiqué commun. Dans le détail, la superficie de la nouvelle tour va être réduite de 50 m² pour être ramené à celle de l’ancienne tour en bois (150 m²), son poids sera allégé (9 tonnes contre 14 tonnes initialement prévues), là aussi pour rejoindre celui de l’ancienne structure. Pour faire face à cette réduction, le nombre de personnes et de matériel sur la tour à été revu à la baisse (25 à 30 personnes contre 40 prévus).

Mais ces changements ne permettent pas de se passer de nouvelles fondations. Contrairement à ce que demandaient les associations, des forages devront être réalisés, mais elles seront « moins profonds » que dans les plans initiaux et réalisés avec une « foreuse immergée », réputée plus écologique. Un matériel qui pourra être acheminé avec une barge plus petite, à faible tirant d’eau (20 cm). Les militants de Teahupo’o craignaient que la barge initialement prévu ne saccage le récif sur son passage : les autorités garantissent désormais « un cheminement facilité dans le lagon, sans risque de dégradation pour le corail ». Les associations seront « d’ailleurs invitées à venir vérifier » ce tracé lors d’un test sur site. 

Fondations : mieux vaut reconstruire que rénover

Les fondations, sujet hautement sensible, « seront conçues selon un procédé couramment utilisé en Polynésie pour réaliser des fondations en milieu coralien  – forage et micropieux, sans excavation de grande ampleur – et seront implantées dans une zone avec peu de coraux, précisent les autorités. Quelques massifs coralliens seront déplacés pour éviter tout risque de dégradation pendant les travaux, selon un protocole strict établi par le bureau d’étude environnemental Créocéan et déjà éprouvé sur de nombreux projets touristiques ou d’aménagement maritime ». Ces fondations seront installées dans les intervalles des plots existants, à l’endroit exact de l’ancienne tour. Et un programme de bouturage sera mis en place pour faciliter la recolonisation des nouveaux plots. « La construction de nouvelles fondations aura moins d’impact qu’une rénovation des fondations existantes » insistent les organisateurs sur la base des études de Créocéan.

Enfin, pour répondre aux inquiétudes sur l’impact des différents réseaux qui devaient alimenter la tour, les organisateurs ont accepté de supprimer le raccordement à l’eau potable et le circuit d’assainissement. Des toilettes sèches dans la tour ? Le communiqué ne le précise pas, mais assure en revanche que les câbles d’alimentation électrique et la fibre optique, nécessaires pour la compétition, seront démonté après les jeux. « Là aussi, le tracé initial de ce câble a été précisément étudié pour cheminer entre les massifs coralliens, sans générer d’impact » expliquent le Pays, l’État et le comité d’organisation. 

Engagements sur la transparence

La tour, dans ces nouvelles conditions, devrait recevoir une « homologation décennale » et donc, si elle est adoptée par la WSL, être remontée tous les ans à Teahupo’o. Mais les autorités ne crient pas victoire trop vite, et insistent sur la « poursuite du dialogue » avec les associations et les riverains du PK0. « Des réunions publiques mensuelles seront organisées à Teahupo’o à compter de janvier 2024 et un bureau d’information Jeux Olympiques sera également ouvert à compter du mois de janvier 2024 avec des représentants du gouvernement polynésien, du Comité du Tourisme de Taiarapu-Ouest et de Paris 2024 pour informer et répondre aux questions des habitants et acteurs locaux, précise le communiqué. Par ailleurs, les parties prenantes confirment l’invitation permanente faite aux représentants des associations à assister à chaque étape des travaux à laquelle ils jugeront nécessaire d’être présents ». Pour l’instant les associations n’ont pas souhaité s’exprimer sur ces nouveaux plans.

Article précedent

La recette du jour 17/11/2023

Article suivant

L'incroyable Black Friday d'Air Tahiti Nui... pour les visiteurs américains

Aucun Commentaire

Laisser un commentaire

PARTAGER

Teahupo’o 2024 : la tour en alu sera allégée, mais tout de même installée