ACTUS LOCALES

Temae : le plan de la mairie rejeté par les associations de défense de Moorea

Les associations de défense du motu Temae à Moorea ne sont pas convaincues par les explications de la mairie de Moorea sur le projet remanié concernant la plage publique de Temae et sa route d’accès. Elles s’opposent depuis deux ans aux travaux qui limiteraient l’accès à la plage et au motu, pour faciliter l’extension de l’hôtel voisin, et veulent présenter un contre-projet. 

La réunion animée par Ronald Teariki, maire délégué de Teavaro, a rassemblé une soixantaine de personnes jeudi soir. Il a présenté le plan d’aménagement des abords de la plage publique, envisagé alors que Moorea entame les travaux de révision de son PGA et que Louis Wane, propriétaire du Sofitel Kia Ora et acquéreur du « domaine Enany », persiste dans son projet d’extension hôtelière le long de la plus grande et plus belle plage publique de l’ile. La communication municipale met en avant le « bien-être » des habitants et « le développement économique de l’île par le biais du secteur hôtelier fournisseur d’emplois. »

Deux enjeux majeurs : la route traversant la cocoteraie, que l’homme d’affaires veut fermer au public, et qui serait remplacée par une nouvelle route d’accès au motu via le terrain marécageux qu’il veut vendre au Pays. Et la taille de la plage publique, qui serait de facto réduite à moins de 200 mètres de linéaire pour permettre la construction d’unités hôtelières dans la cocoteraie. Sur cet emplacement  sont prévus des équipements publics comme un fare potee de 1 800 m2 et des sanitaires, ainsi qu’un parking de 450 places – encore faudra-t-il obtenir l’accord de l’aviation civile, disent les associations.

Les défenseurs de la plage publique veulent que l’intégralité de la zone réservée (en quadrillage rouge) soit rachetée à Louis Wane pour éviter ce qu’ils considèrent comme une quasi privatisation de la plage.

La mairie précise qu’il ne s’agit encore que d’un projet, qui resterait soumis « à l’acceptation  de Louis Wane », présenté comme bienfaiteur de Moorea, « le seul à s’être intéressé et à s’être porté acquéreur du domaine de 50 hectares mis sur le marché depuis 2017, et qui a bien failli être démantelé en lotissement comme le proposait une agence immobilière locale ». Autre inconnue, le « plan de financement que la commune espère obtenir par le biais du Pays ». Ronald Teariki n’a pas communiqué le coût de ce projet de rachat pour lequel aucun chiffrage global (acquisitions et travaux) n’est encore disponible. La mairie de Moorea a simplement confirmé être en discussion avec Louis Wane.

« Celui qui ne connaît pas, il trouve ça beau, il est facilement tenté »

Les associations ont décidé de proposer leur propre projet à la population pour contrer la présentation soignée, avec animations en 3D, qu’a fait la mairie : « celui qui ne connaît pas, il trouve ça beau, il est facilement tenté », dit Alain Bonno qui préside l’Association des habitants de Temae Moorea (AHTM). Ils voudraient voir le Pays racheter l’intégralité des 3,2 hectares de l’emprise réservée originelle, sur 350 mètres en bord de mer (une dépense de 617 millions, montant fixé par la commission des évaluations de la DAF),  alors que Louis Wane n’est disposé qu’à en céder une petite partie, à l’extrémité de la plage et au plus près de la piste de l’aéroport.

Si les élus de la minorité municipale demandent depuis plus d’un an une consultation populaire – leur pétition avait rassemblé plus de 3 000 signatures – ce n’est clairement pas dans les intentions de la mairie, qui refuse toujours l’inscription de ce point à l’ordre du jour du conseil municipal. Il faut dire que la dernière consultation de ce genre, dans les années 90, avait dit non au projet de golf de Opunohu.

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