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Trois mois avec sursis pour avoir menacé de mettre le feu à une station-service

Charles a 42 ans et pas toute sa tête. Il souffre de schizophrénie et lorsqu’il ne prend pas son traitement, il entend des voix et devient parfois violent, incapable de gérer ses frustrations. C’est ce qu’il s’est passé le matin du 14 mai 2019 à 4h15 à la station Total de Faa’a où il a menacé de mettre le feu. Il a été condamné à trois mois de prison avec sursis.

Alors qu’un employé s’active à la caisse de la station, il voit arriver une dame âgée en panique. « Il y a un fou à l’abribus qui m’insulte, il me dit que nous les Chinois on n’a rien à faire ici et qu’on doit rentrer chez nous. » L’employé sort aussitôt et voit Charles qui vocifère tout seul dans son coin en pénétrant dans l’enceinte de la station-service. Le pompiste lui demande alors de quitter les lieux, et le ton monte. « Je vais te frapper, je vais chercher des gens et ils vont te assaut » l’assure Charles en quittant les lieux. Des lieux sur lesquels il revient quelques minutes plus tard, mais cette fois avec une torche de papier journal à la main à laquelle il avait mis le feu. « Je vais brûler la station » hurle-t-il plusieurs fois en agitant la flamme. Le pompiste, qui faisait le plein d’une voiture, interrompt immédiatement sa tâche va au-devant de Charles et lui dit, « disparais où je te frappe. » Charles balance alors la torche à ses pieds et fuit en direction de Papeete. Plus de peur que de mal car les cuves de la station comptaient 80 000 litres de carburant, de quoi détruire le quartier dans un rayon d’un kilomètre, selon le gérant.

« Je n’étais pas bien dans ma tête, je ne prenais plus mes antidépresseurs »

À la barre, Charles, qui s’exprime tantôt en tahitien tantôt en français, assure qu’il ne voulait pas mettre le feu, mais « juste faire peur. (…) J’avais arrêté mes traitements, il m’a insulté et je n’ai pas aimé », tente-t-il de se justifier, renchérissant, « je n’étais pas bien dans ma tête, je ne prenais plus mes antidépresseurs et je n’étais pas dans mon état normal. »

« Pourquoi avez-vous arrêté votre traitement ? » le questionne le juge. « Je me sentais fragile devant les gens », explique Charles. De son portrait dressé par un psychologue on apprendra que Charles a stoppé l’école en 7e car, « je suis devenu délinquant très vite, je n’en faisais qu’à ma tête. » À son casier, treize condamnations depuis 1996, la plupart pour vols et recels. Son parcours professionnel est aussi vide que son parcours scolaire. « J’ai fait un stage commando mais après je suis devenu SDF, il n’y a pas d’orientation dans ma tête, j’entends des voix mais quand je prends mes cachets, je les entends plus. » Temps mort, puis il reprend, « maintenant je suis stabilisé ».  De fait, Charles est désormais sous tutelle et perçoit une allocation de la Cotorep.

Trois mois de prison avec sursis requis

Pour le procureur, si l’on tient compte de son parcours pénal « étoffé », de son instabilité et de son comportement « antisocial », il faut toutefois noter qu’il « évolue favorablement et qu’il prend conscience de sa maladie. » Il requiert trois mois de prison avec sursis avec obligations de soins et l’interdiction de se rendre à la station-service et de rentrer en contact avec les employés.

Pour la défense, Charles est schizophrène et au moment des faits, « il ne prenait plus son traitement et vivait dans la rue. Depuis sa situation n’est plus la même, désormais il est sous tutelle et vit chez ses parents et cela a un effet positif sur lui. » Elle demande l’indulgence du tribunal, lequel a suivi les réquisitions du procureur.

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