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Au fenua, les syndicats de soignants « ni étonnés, ni choqués » par la vaccination obligatoire

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Chez les représentants syndicaux des personnels soignants et hospitaliers, l’annonce nationale d’une obligation de vaccination contre le Covid « n’est pas un scoop ». Certains s’interrogent tout de même sur la portée ou les modalités d’application de cette mesure qui doit être adaptée en Polynésie, et sur le sort des « réfractaires » qui pourraient nombreux dans certaines catégories de personnel.

Lire aussi : Édouard Fritch favorable à l’obligation vaccinale des soignants et au pass sanitaire au fenua

« En tant que soignant, on ne peut qu’être d’accord ». C’est ainsi que le Dr Didier Bondoux, président du syndicat des médecins libéraux de Polynésie, réagissait ce matin à l’annonce d’Emmanuel Macron sur une obligation vaccinale pour les soignants. La mesure, qui devrait être mise en œuvre le 15 septembre en métropole, n’est pas automatiquement applicable à la Polynésie. Mais une loi du Pays est bien en préparation localement, et le président Édouard Fritch a confirmé ce midi sa volonté de mettre en place, dans les semaines ou mois à venir, une obligation pour le personnel soignant et tous les professionnels « au contact » des personnes fragiles.

Des obligations vaccinales, mises en place pour plusieurs maladies chez les enfants, existent déjà dans le corps médical et chez les soignants hospitaliers : « Il faut être vacciné contre les hépatites et il est recommandé de se vacciner contre la grippe », rappelle Didier Bondoux pour qui « il n’y pas de débat » sur l’intérêt de la vaccination Covid. « Il faut rappeler que les variants n’existent que parce que le virus continue de circuler de façon exponentielle, explique le généraliste. On n’en verra le bout que dans la mesure où la circulation virale s’amenuise, et pour ça, il faut qu’un maximum de la population soit vaccinée ».

Combien de « réfractaires » au fenua ?

Impossible, pourtant de nier qu’une part de ces professionnels, plus forte parmi le personnel non médical des hôpitaux et cliniques, n’est pas encore convaincu par la vaccination contre le Covid. En Métropole, les dernières données indiquent (au 5 juillet) que seuls 80% des personnels soignants libéraux avaient commencé leur vaccination, comme plus de 60 % des professionnels de maisons de retraites et plus de 70% des professionnels d’hôpitaux et cliniques. Des taux de couverture régulièrement réévalués (plutôt à la hausse) dans l’Hexagone, et qui sont beaucoup plus floues au fenua. Les statistiques locales n’existent que pour le CHPF, où le taux de vaccination des médecins dépasserait les 80% et celui du reste personnel soignant, les 60%. 

Beaucoup de professionnels seraient donc contraints par une obligation vaccinale si elle était appliquée localement. « Comme tout autre sujets, quelques-uns seront réfractaires » confirme Mireille Duval, déléguée syndicale CSTP-FO au CHPF. Mais à l’entendre, un certain nombre d’agents du Taaone, personnel non-soignant compris, qui refusaient la vaccination par le passé, ont eu tendance ces derniers mois à changer d’avis et seraient prêt à sauter le pas. « J‘en fais partie, reconnaît-elle. J’ai pris conscience que pour protéger ma mère et beaucoup d’autres, il faut se vacciner ». « Il y a une liberté de chacun, oui, sauf que là, on est confronté à une réalité : on travaille pour l’intérêt général et on se doit de protéger le patient, se protéger et protéger ses proches », ajoute-t-elle.

La syndicaliste s’interroge tout de même sur les modalités d’application de la mesure au fenua. En métropole, le ministre de la Santé Olivier Véran, a prévenu que ceux qui le refuseraient, au 15 septembre, « ne pourraient plus travailler et ne seraient plus payés ». « Est-ce qu’on va en arriver à des mesures disciplinaires, ça reste à voir », prévient la syndicaliste polynésienne.

Pour une obligation « ciblée » plutôt « qu’aveugle »

Autre interrogation, celle de Jérôme Fernandez. Le président du syndicat des infirmiers libéraux se dit lui aussi « pas choqué » par la mesure, et s’attend lui aussi à des oppositions personnelles. « On a vu pendant cette crise un emballement des anti-vaccin, à grand renfort de réseaux sociaux, avec des théories complotistes les plus saugrenues, note-t-il. On s’aperçoit que ça trouve écho dans la population, et il y a fort à parier que ça trouvera aussi écho chez les professionnels de santé ». Mais à l’entendre, pour une bonne partie des infirmiers, cette obligation « n’est pas un scoop ». « Après il faut voir dans les modalités », nuance-t-il. Car « les professionnels de santé, et les infirmiers notamment, ont été très exposés et une grande partie a contracté le Covid et donc sont immunisés sans être vaccinés ». Plutôt qu’une « obligation aveugle », le président du syndicat propose donc une obligation ciblée, avec, pour les professionnels réticents à la vaccination, la possibilité de passer des tests sérologiques qui peuvent permettre de déterminer si une contamination passée leur a prodigué naturellement une protection suffisante, ce qui n’est pas systématique.

Jérôme Fernandez rappelle au passage que, contrairement à ce que beaucoup indiquent, le vaccin « n’a jamais été conçu pour éviter toute contamination ». Mais il permet bien, en évitant les formes graves et longues de la maladie, de réduire très nettement la circulation du covid. « Le virus pénètrera de la même manière la personne, mais son organisme réagira beaucoup plus vite, et elle sera au final, beaucoup moins contaminante », appuie l’infirmier. Raison pour laquelle la vaccination a avant tout un objectif de protection collective.

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