ACTUS LOCALES

[VIDEO] Tour des juges : Matahi Drollet revient à la charge

Le surfeur de gros, qui avait déjà donné un écho international aux protestations contre la tour des juges en octobre, a publié une nouvelle vidéo sur Instagram. Il y dénonce, en anglais, le nouveau projet de tour en alu allégée mis sur la table par les autorités, et en appelle directement à Emmanuel Macron. Coral Gardeners s’associe au message, qui semble partagé par les autres acteurs du mouvement de contestation. Et certaines figures du surf, comme Kelly Slater, soutiennent le mouvement.

Lire aussi : La tour des juges sera en alu sera allégée… Mais tout de même installée

« Ils nous ont menti ». Face caméra, dos au chantier de l’embouchure de la Tiirahi, Matahi Drollet a lancé un nouvel appel à s’opposer au projet de tour des juges de Teahupo’o. Une opposition qu’il avait largement participé à ébruiter, mi-octobre, avec une première vidéo qui aurait été visionnée « plus de 20 millions de fois ». Depuis, le gouvernement de Moetai Brotherson et le comité Paris 2024 ont missionné des experts pour trouver une « solution consensuelle » sur cet édifice jugé indispensable pour organiser l’épreuve de surf des JO de 2024. Et présenté la « solution » aux opposants au projet, le 15 novembre dernier : une tour en alu, moins lourde, moins spacieuse, accueillant moins de monde et dont les fondations sont moins profondes… mais avec toujours une nécessité de repercer le platier. Les militants n’avaient pas tout de suite réagi publiquement à cette nouvelle version du projet. Mais les réunions de la semaine dernière, au sein de l’association Vai Ara o Teahupo’o et du collectif Mata ara ia Teahupo’o, qui rassemble plus largement des surfeurs, résidents ou professionnels du PK0, l’avaient confirmé : la pilule n’est pas passée.

 

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Coral Gardeners à la relance

Matahi Drollet, fort de ses 200 000 followers, se fait donc encore une fois le porte-parole du mouvement en mettant en garde contre les « nouvelles positives » sur cette tour allégée qui ont circulé dans les médias internationaux ces derniers jours. « Nous ne sommes pas satisfaits de cette décision et nous avons fait tout ce qui était en notre pouvoir pour la faire changer, écrit le surfeur de gros. Ils ont apporté quelques petites modifications au projet mais au final, après des dizaines de réunions, des centaines d’heures de travail et d’investigation, nous avons l’impression d’être revenus au point de départ. C’est triste et injuste car une fois de plus la nature va perdre une autre bataille ».

L’objectif reste le même : obtenir des organisateurs de l’épreuve olympique l’utilisation de la tour en bois montée chaque année par la WSL pour la Tahiti Pro, et donc éviter tout nouveau forage sur le platier. Pour appuyer son propos, le vainqueur des trials 2023 filme les fonds récifaux à « l’endroit exact » où doivent être installées les nouvelles fondations, donne la parole à Mati Hoffman, qui a « participé à l’installation » de la tour en bois  et qui garantit qu’il est « impossible de creuser 12 nouvelles fondations sans détruire le récif »… ou encore à Titouan Bernicot. « Ce projet aura un impact sur le récif de Teahupo’o. explique le fondateur et président de Coral Gardeners, qui jouit d’une importante notoriété et de beaucoup de contacts à l’international. Difficile de prédire les conséquences, mais il y aura un impact ».

Une tour « pas logique » pour Kelly Slater

Il s’agit donc de maintenir la pression sur les autorités. Matahi Drollet interpelle le Pays et le comité organisateur en leur demandant de rendre publiques les expertises qui ont éliminé la possibilité de réutiliser les anciennes fondations – trop « fragiles », en raison notamment de la corrosion – et la tour en bois – « impossible à homologuer » faute de documentation technique. « Est ce que vous essayez de cacher quelque chose ? « , interroge le « charger », qui s’adresse aussi à Moetai Brotherson. Au président, qui s’était rendu courant octobre sur le site en sa compagnie, il reproche d’avoir conseillé à Anne Hidalgo ne pas se rendre à Teahupo’o – c’est en tout cas ce que la maire de Paris prétend sur les plateaux de télévision – du fait de la virulence du mouvement. « Triste pour la communauté », pointe Matahi Drollet. Surtout, le surfeur interpelle Emmanuel Macron et le ministre de l’Environnement national – Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique – pour s’emparer eux-mêmes du dossier.

Une prise de position qui semble partagée par l’association Vai ara o Teahupo’o, celle qui avait lancé la pétition qui a recueilli plus de 160 000 signatures à l’international. Ou par le collectif Mata Ara ia Teahupo’o, formé autour de celle-ci pour rassembler plus largement des résidents, surfeurs et pêcheurs du PK0 et qui avait appelé manifester le 15 octobre. Le message de Matahi Drollet a déjà reçu le soutien de plusieurs figures du monde du surf, et notamment celui de Kelly Slater : « Il n’est pas logique d’avoir besoin d’une tour aussi gigantesque pour un événement de deux jours en une seule fois, écrit le multiple champion du monde, et grand habitué de Teahupo’o. Donnez l’argent à l’infrastructure locale de la ville pour tous les dommages causés par la modification de la rivière qui a causé des inondations plus tôt cette année. Les juges peuvent monter sur cette tour. Ou reconstruire sur la même base ».

De l’internet lumineux pour la tour des juges

Moetai Brotherson termine une visite de 10 jours à Paris, où il a parlé hydrogène, santé, secteur maritime, tourisme… Mais aussi de la tour des juges. Le président a échangé sur le dossier avec la ministre nationale des Sports Amélie Oudea-Castera, mais aussi avec l’entreprise EutelSat, alliée de la constellation OneWeb qui a installé des antennes tout récemment au fenua. Les spécialistes de la transmission satellitaires ont proposé leur service pour la fourniture du haut débit, et mis sur la table une technologie qui pourrait participer à alléger légèrement la tour : le Lifi, ou light fidelity. Il s’agit de transmission de données par signal lumineux, qui devrait éviter le câble de fibre optique flottant qui fait partie des points contestés par les associations. Le Lifi pourrait aussi équiper les fans zones ou les hébergements de sportif. Moetai Brotherson a aussi évoqué le dossier de la rénovation de la marina, « qui doit bénéficier aux usagers », celui de la barge servant à l’installation de la tour, promettant « une implication des associations et surfeurs à chaque étape des travaux ». Le communiqué de la présidence précise qu’Amélie Oudea Castera et le président du comité Paris 2024 Tony Estanguet préparent un nouveau déplacement au fenua, qui n’est pour l’instant pas daté.  

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