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Accord Chine – Salomon : la France « refuse la logique de blocs »

Le premier ministre chinois Li Keqiang et son homologue des îles Salomon Manasseh Sogavare, en 2019 à Pékin.

La signature, le mois dernier, d’un accord de sécurité entre Pékin et Honiara a inquiété de nombreux Pays du Pacifique. Si les États-Unis et l’Australie ont multiplié les mises en garde contre une « installation militaire chinoise permanente », la France est restée plus discrète. Pour le contre-amiral Rey, commandant des forces françaises dans le Pacifique, il s’agit de refuser la logique de blocs et rester une « puissance d’équilibre ».

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Si les ambitions chinoises en Océanie inquiètent depuis longtemps, la tension est montée d’un cran, ces dernières semaines, autour de la question des Salomon. L’état mélanésien a signé un accord de sécurité avec Pékin, considéré par plusieurs états de la région comme un premier pas vers une base militaire chinoise dans le Pacifique Sud. La signature, assumée par le Premier ministre salomonais, qui parle d’un accord signé « les yeux ouverts, et guidé par nos intérêts nationaux » avait pris de court Washington et Canberra, qui avaient tout fait pour contrecarrer cet accord qui autoriserait notamment des déploiements chinois policiers et navals dans l’archipel. Les États-Unis et l’Australie ont depuis multiplié les déclarations d’inquiétudes et les mises en garde. Même si le gouvernement de Honiara a démenti, à ce stade, toute présence militaire permanente de l’armée chinoise sur son territoire, le gouvernement américain, tout en reconnaissant la légitimité « souveraine » des Salomon à signer un tel accord, a prévenu qu’il riposterait « en conséquence », si la Chine se voyait offrir une « capacité de projection » de forces dans le Pacifique.

« Maintenir le dialogue »

La France, dont les côtes sont à un millier de kilomètres des Salomon avec la Calédonie, est restée beaucoup plus discrète. Partage-t-elle cette inquiétude ? Oui, car si « rien n’est encore fait », le risque d’une installation militaire chinoise « existe », répond le contre-amiral Jean-Mathieu Rey. « Dans ce cadre-là, la France se positionne comme une puissance d’équilibre, explique le commandant des forces françaises dans la région. Nous sommes alliés des États-Unis, mais pas alignés derrière eux. Nous nous opposons, quand c’est nécessaire, aux actions illégales de la République populaire de Chine, mais nous maintenons le dialogue avec eux ». L’année passée, plusieurs opérations militaires ont eu lieu dans l’Ouest du Pacifique, avec notamment le passage de frégate et d’un sous-marin nucléaire d’attaque français dans la zone. Le déploiement de Rafales au fenua en 2021, puis, dans les mois à venir, en Nouvelle-Calédonie a aussi pour objectif d’entraîner et de démontrer les capacités de projection française dans la région. D’un autre côté, le prédécesseur du contre-amiral Rey, le contre-amiral Lebreton, avait rencontré le commandant des forces navales chinoises du Pacifique, basé à Canton. Les discussions et les invitations mutuelles sont encore « régulières », précise Jean-Mathieu Rey : « La volonté française, c’est de continuer à maintenir cet équilibre, en refusant la logique des deux blocs, qui nous emmènerait vers une opposition ou même un conflit ».

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