ACTUS LOCALES

Aéroport : Tahiti-Faa’a veut « continuer à évoluer » malgré le flou sur la concession

© Tahiti Fly Shoot

Après deux années de chute historique de l’activité, l’aéroport international observe une reprise encourageante du trafic ces trois derniers mois. De la piste aux parking en passant par les commerces et services de l’aérogare, la plateforme continue d’évoluer, assure ADT. Mais l’indispensable modernisation de la porte d’entrée du fenua, pourtant, est toujours suspendue à l’attribution des 40 prochaines années de concession. Une procédure chaotique sur laquelle l’État reste muet.

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« La Polynésie continue d’attirer ». C’est une des « leçons de la crise », tirée par Aéroport de Tahiti (ADT), société gestionnaire de Tahiti-Faa’a qui a fait un point, ce jeudi matin, sur l’évolution de l’activité de la plateforme internationale. Une activité qui s’était effondrée en 2020, avec les confinements planétaires, avant de connaitre un rebond l’année passée. Pas du côté international (+1%) mais bien du côté domestique (+26%) : les voyageurs locaux ont représenté plus des deux tiers des passagers transitant par Tahiti-Faa’a l’année dernière. « Pendant les périodes de restrictions internationales les Polynésiens ont redécouvert leurs îles », explique Jean-Michel Ratron, le directeur d’ADT, qui gère aussi, sous contrat avec le Pays, les aéroports de Bora Bora, Raiatea et Rangiroa.

Nouveaux commerces, consignes à bagages…

A Faa’a, les chiffres de 2022 sont toujours affectés par la fermeture de certaines liaisons : l’Asie, l’Amérique du Sud, l’île de Pâques, et la Nouvelle-Zélande, qui rouvre progressivement depuis le mois de mai, représentaient avant-crise plus d’un quart du trafic. Mais le gestionnaire se félicite que le trafic a « très bien réagi » à la levée de l’essentiel des contraintes sanitaires. « On a eu un démarrage 2022 assez poussif, voire un peu inquiétant, mais depuis le mois de mars-avril, on a une bonne reprise, notamment sur l’international, reprend le responsable. Les compagnies aériennes ont vraiment joué le jeu et augmenté les capacités de façon à accompagner le retour des voyageurs ». Il faudra tout de même attendre 2023 – « si tout va bien » – pour retrouver une année aussi bonne qu’avant-Covid. Les chiffres de 2022, eux, devraient s’approcher des résultats de 2019 côté domestique, mais resteront « à environ 80% » de cet objectif côté international.

Mais plus que ces chiffres encourageants – corroborés par les relevés de l’ISPF à l’arrivée – il s’agit pour ADT d’assurer que l’entreprise continue de « s’adapter » à son contexte économique et sanitaire, et « de faire évoluer » la plateforme. La société rappelle ainsi les efforts déployés pendant le Covid (certification ACI, centre de dépistage, une vingtaine de versions du parcours passagers), met en avant les nouveautés de l’aérogare (nouvelle offre de restauration, signalétique en tahitien, paiement des parkings par carte bancaire) ou les investissements en matière de sureté et de sécurité (nouvelle machine de contrôle des bagages de soute, réfection du bout de piste)… D’autres chantiers sont en cours, pointe la direction : du côté du snack Kuriri, des loueurs de voitures, pour le renouvellement des magasins de l’aérogare par appel d’offres, ou la création d’une nouvelle consigne à bagages. Mais une ombre plane bien sur la gestion de l’aéroport : celle du renouvellement de la concession.

Concession : « le temps est plus long que prévu »

Car si ADT, société créée par le groupe Egis – Caisse des dépôts avec le Pays (actionnaire à 49%) est « toujours légitime à gérer la concession de Tahiti Faa’a », son avenir aux commandes n’a toujours pas été éclairci. De la première attribution de la concession par l’État, en 2010, à la confirmation de sa deuxième annulation par la justice, en mars dernier, ce sont 12 années d’incertitudes qui empêchent de lancer les grands travaux. Et de l’avis général, cette coûteuse refonte – Egis devait lancer en septembre dernier un plan d’investissement à 26 milliards, dont 14 milliards dans les 5 premières années – est de plus en plus indispensable à la principale porte d’entrée de la Polynésie. « On a l’ambition de moderniser cette plateforme qui date des années 60 (…) et le temps est un peu plus long que prévu », concède Jean-Michel Ratron qui dit tout de même aborder les prochains mois avec « sérénité ». Il faut dire que les clés du problème ne sont pas dans les mains d’ADT ou d’Egis, mais bien de l’État, qui doit choisir entre une attribution au groupement arrivé second du dernier appel d’offres – il s’agit de Vinci, mais la CCISM, arrivée 3e,a déjà menacé de nouveaux recours – ou une relance entière de la procédure. Ce qui repousserait le choix d’un nouveau pilote à au moins deux ans.

Le Pays et les employés d’ADT ont déjà tenté de presser Paris sur cette décision, mais les tensions politiques au niveau national ne semblent pas aider. ADT, en tout cas, ne veut pas rester inactif : « Si l’État décide de relancer l’appel d’offres, nous avons l’intention de présenter un plan de transition à l’État de manière à continuer à investir pour le confort des passagers, reprend le directeur. On parle notamment de la modernisation de la salle d’embarquement domestique, qui était déjà en préparation en 2020 – on a pas pu le faire à cause de la crise – et qu’on aimerait pouvoir relancer sans attendre que le prochain concessionnaire n’arrive ».

ADT se prépare aussi activement à l’arrivée de nouvelles compagnies domestiques, avec qui « des discussions ont déjà lieu depuis longtemps ». Ça se précise pour au moins l’une d’entre elles : Air Moana, qui doit se lancer sur neuf destinations (Bora Bora, Raiatea, Rangiroa, Nuku Hiva, Hiva Oa, Rurutu, Tubuai, Huahine, Maupiti), a déjà loué un local dans l’aérogare qui devrait servir à la vente de billets. Aucune précision et aucun calendrier officiel de lancement, pourtant, du côté de la société d’exploitation Natireva qui préfère « communiquer quand tout sera prêt ».

©Air Moana/FB

 

Attente à l’arrivée : des « moyens humains supplémentaires » et des discussions avec les compagnies

Parmi les effets visibles de cette reprise – et du renforcement du programme de vols des compagnies ces derniers mois – les « embouteillages » à l’atterrissage à Faa’a. Dans l’avion ou aux files d’attente de la Police aux frontières, certains passagers se sont plaints, sur les réseaux sociaux, de temps d’attente plus longs qu’à l’accoutumée. Un problème qui tiendrait autant aux « moyens humains » – qui ont été difficile à réadapter après la crise Covid – qu’aux horaires d’arrivées des compagnies internationales, qui, pour des raisons propres aux plateformes américaines ou françaises, « tiennent dans un mouchoir de poche ». « Quand on a plus de deux vols en simultané, on se retrouve avec des encombrements », résume une cadre technique d’ADT. « On avait un peu perdu l’habitude d’avoir autant de monde à Tahiti-Faa’a, poursuit le directeur. Mais on a travaillé avec le Pays, les services de l’État pour mettre les moyens nécessaires pour traiter l’ensemble des voyageurs qui arrivent ». Si rien ne permet à ADT d’assigner les compagnies à des « slots » d’arrivées plus espacés, des discussions ont été menées avec elles pour éviter au maximum les débarquements simultanés.

 

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