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Agressions sexuelles sur deux fillettes : « C’est un complot ! » dit le pervers

Reconnu coupable d’agressions sexuelles sur deux fillettes de 5 et 8 ans, dont sa propre nièce, il a été condamné à 5 ans de prison ferme et 5 ans de suivi socio-judiciaire.

Camille*, petite fille de six ans est en vacances avec son père à Los Angeles, sa mère est restée à Tahiti car le couple est divorcé. Alors qu’ils sont en voiture, son père remarque que quelque chose tracasse l’enfant. Elle d’habitude si vivante, limite turbulente, est préoccupée. « Qu’est ce qui ne va pas ? » lui demande t-il. « Papa, je suis fiu, tonton n’arrête pas de me faire des bisous sur la bouche. » Puis elle pointe du doigt son sexe puis celui de son père et se renferme dans son mutisme.

Arrivé à l’appartement qu’ils occupent pour les vacances, le père reprend la conversation où elle s’était interrompue. « Qu’est ce qui s’est passé avec ton oncle ? ». Elle ne répond pas. « Si tu ne veux pas parler, fais-moi un dessin alors » insiste-t-il gentiment. Elle s’exécute.

À la vue du dessin, le père comprend tout de suite. Elle s’est dessinée face à son oncle, un trait reliant les deux bouches puis un autre allant de son sexe à la bouche du tonton. Il contacte son ex-femme par Skype, lui explique la situation et lui montre le dessin. Celle-ci décide de porter plainte contre son frère.

Entendue par les gendarmes, la petite fille déclare que son tonton « me fait l’amour à chaque fois. Il pique ma fleur ». Il s’avérera que l’homme frottait son sexe contre celui de sa victime et la forçait à lui faire des fellations. Des examens gynécologiques ont été effectués et démontré qu’il n’y a pas eu pénétration. Après recoupement, il s’avère que les faits se sont passés entre 2013 et 2014 au domicile de la grand-mère de l’enfant, la mère du tonton.

Une deuxième victime

Mais les gendarmes vont apprendre que ce n’est pas la seule victime du tonton, âgé de 55 ans à l’époque des faits. Et cela sur les indications du père de Camille qui leur fait part de rumeurs venues à ses oreilles.

Le prédateur se serait livré au même type de pratiques sur une gamine qui vit en face de chez sa mère. Sophie*, âgée de 8 ans en 2011, au début des faits qui se sont poursuivis pendant 2 ans.

Entendue elle aussi, elle déclare que l’homme, « me touchait les seins et ma fleur et me disait de ne rien dire. Il me disait qu’on allait se marier quand j’aurais 15 ans. » L’enfant se confiera à ses parents qui, au lieu de porter plainte, se sont juste bornés à le réprimander. « Il a arrêté quand papa et maman l’ont grondé. » Comme pour Camille, l’examen gynécologique a démontré qu’il n’y a pas eu pénétration.

Fait aggravant,  après un an de préventive et son placement sous contrôle judiciaire en 2016 en attendant le procès, il trouve le moyen d’approcher encore Sophie alors âgée de 13 ans, lui demandant qu’elle le rejoigne le soir, lui promettant « je te donnerais de la galette. »

« C’est un complot, elles mentent »

À la barre, l’homme aux cheveux poivre et sel, âgé désormais de 64 ans, nie les faits. Il les a toujours niés.

Concernant sa nièce, Camille, il dit d’elle, « elle est terrible, elle m’embête tout le temps, elle monte sur moi. » Lors de l’une de ses auditions à la gendarmerie, il ira jusqu’à dire « elle est perturbée, elle vient sur moi et me demande de lui lécher la poupoune. ».

Le juge Bonifassi pointant du doigt sa déclaration l’interroge : « C’est arrivé souvent que votre nièce ait des comportements sexualisés sur vous ? »

Le prévenu hésite, fait un geste d’impuissance, paumes tournées vers le ciel, « C’est un bébé … elle ne comprenait pas le danger en montant sur mes genoux les jambes toutes nues. »

Le juge tique. « Quel est le danger qu’une petite fille monte sur les genoux de son tonton ? » L’homme reste muet et semble mal à l’aise. Le magistrat insiste. « Je dois l’empêcher de faire cela. »

Le juge revient la charge. « Quand la petite montait sur vos genoux, pourquoi y voyiez-vous quelque chose de sexuel ? ». « Elle se frottait sur mon tibia ». « Et vous, vous ressentiez quelque chose sexuellement ? » « Non ».

Lors de son audition, la grand-mère de la petite Camille et mère du prévenu a même été jusqu’à dire : « Elle aimait peut-être se masturber ». 

Quant aux fellations, l’homme est catégorique. « Elle ment ». « Le dessin et ses déclarations sont d’après vous inventés ? » « Oui ». Les experts diront qu’il est impossible pour une enfant de six ans d’inventer de tels détails.

« C’est un complot pour me soutirer de l’argent ! »

Abordant le cas de Sophie, le juge l’interroge. « Cela vous arrive souvent de dire à une mineure que vous vouliez vous marier avec elle? » « C’était une jolie fille ». « Á 10 ans ! » « C’était une danseuse ». « Elle aussi c’est une menteuse ? » « Oui ».

Le juge passe alors à l’attaque. « Comment vous expliquez que deux gamines qui ne se connaissent pas vous accuse des mêmes faits ? » « C’est des gamineries. » « Quand des enfants font des gamineries, ils accusent rarement les gens de les toucher ! » « C’est un complot pour me soutirer de l’argent ! »

Pour l’homme les deux familles lui en veulent pour une histoire de succession. « En gros, la moralité de cette histoire c’est que deux enfants vous mettent en cause, mais vous n’avez rien fait à part peut-être des paroles déplacées. »

Pour la procureure de la République, « sa seule défense, sa musique intérieure, c’est : faut pas croire ce que disent les enfants. (….) il se drape dans une théorie du complot venant de la part d’enfants âgés de 5 à 8 ans. »

Puis s’adressant à Sophie présente dans la salle : « Vous n’êtes coupable de rien, vous n’avez pas de raison d’avoir honte. » La désormais jeune fille, 16 ans, fond en larmes, consolée par la représentante de l’aide aux victimes (Apaj) qui l’a soutenue tout au long du procès.

Avant de partir délibérer, le juge demande à l’accusé s’il avait quelque chose à ajouter. « Rien à ajouter ». Au retour du juge et de ses assesseurs, la sentence tombe, conforme aux réquisitions. Cinq ans de prison ferme avec 5 ans de suivi socio-judiciaire assorti d’un mandat de dépôt et inscription aux fichiers des délinquants sexuels.

A l’écoute du verdict, Sophie se lève souriante, sans un regard pour son prédateur et s’en va rejoindre son petit ami qui l’a attendu dehors durant les trois heures de procès et la prend dans ses bras. Camille, quant à elle, absente à l’audience, apprendra que son prédateur dormira ce soir en prison.

* prénoms d’emprunt

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