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Akuo Energy, déterminé à s’implanter en Polynésie

Avec Thomas Moutame à Taputapuatea, Jean Ballandras (centre) et son collaborateur Théo Ruquillot. ©Commune de Taputapuatea.

Jean Ballandras, directeur Asie Pacifique de Akuo Energy, revient sur l’attribution par le Pays des marchés des fermes solaires dont il a été écarté, alors qu’il affirme avoir proposé les projets les moins chers. L’entreprise a finalement décidé de faire contre mauvaise fortune bon cœur, et de ne pas contester cette décision en justice pour se consacrer à d’autres projets. Car il n’est pas envisageable, pour le plus gros acteur indépendant du renouvelable en France, de rater le coche en Polynésie.

Akuo Energy avait soumis trois projets de fermes solaires  de 13 MW avec stockage suite à l’appel à candidature du Pays, qui n’en a retenu aucun. Le tribunal administratif a  jugé irrecevable le référé pré-contractuel de l’entreprise française, qualifiée de « futur géant vert des énergies renouvelable » par Les Echos. Son dirigeant évoquait alors la possibilité de poursuivre le Pays au civil, mais Akuo Energy a finalement décidé d’en rester là sur ce dossier.  Avec un peu d’amertume : « Il y a forcément déception, dit Jean Ballandras, le directeur Asie Pacifique de Akuo Energy, parce que les projets étaient bons, ils avaient tout pour réussir dans les délais du cahier des charges. »  Et, affirme-t-il, ces trois projets étaient les moins chers.

 

De réels problèmes de foncier

Akuo prévoyait une location à long terme de terrains à la Presqu’île. Le Pays, dans son refus, s’appuyait sur des doutes quant à la sécurisation du foncier. Pour deux des projets un indivisaire inconnu jusqu’alors aurait été découvert, mais le notaire en charge du dossier aurait confirmé que les trois signataires étaient les seuls concernés, assure Jean Ballandras. Pour le troisième projet, c’est le propriétaire qui aurait changé d’avis, lassé d’une procédure qui avait pris du retard côté Pays.

Quoi qu’il en soit, Akuo, qui a déjà des projets agrisolaires en cours à Taputapuatea, Huahine et Bora Bora, fait contre mauvaise fortune bon cœur. Akuo a déjà de très nombreux projets réalisés ou en cours dans tous les outre-mer. Trois centrales solaires tournent déjà en Nouvelle-Calédonie, et Akuo et ne veut pas rater le train du renouvelable en Polynésie. « On ne va pas s’arrêter sur une déconvenue, ça a tout l’air d’être un rite de passage, c’est comme ça qu’on va l’interpréter. »

Le prochain projet de Akuo serait avec la commune de Bora Bora, combinant une installation agrisolaire et une installation purement photovoltaïque d’un peu plus de 3 hectares, sur le fameux motu Tevairoa, mais sans stockage : l’électricité produite sera distribuée par EDT. Akuo espère boucler le financement vers la fin de l’année et démarrer les travaux au 1er trimestre 2023.

« Le solaire flottant, on rêve de le faire »

L’actualité, qui fait grimper les prix des énergies fossiles, rend l’énergie solaire chaque jour plus séduisante. « Dans le renouvelable, on n’est pas inflationniste, dit Jean Ballandras. Sur la durée d’un projet solaire de 25 ans, on n’a pas d’effet devises et on n’a pas d’effet géostratégique, vu que notre seule ressource, elle est au-dessus de nos têtes, c’est le soleil, qui n’envoie jamais la facture. »

L’une des évolutions attendues dans l’énergie solaire, ce sont les fermes solaires flottantes. Sur cette niche, Akuo est le pionnier européen, avec notamment la plus grande centrale de ce type sur un lac dans le Vaucluse. Est-ce possible sur un lagon polynésien ?  « On rêve de le faire, la problématique dans les îles étant le manque de place. Mais actuellement, on n’est pas qualifié pour pouvoir le faire sur des milieux salins », car pour l’instant c’est la durée de vie des pièces métalliques reliant les éléments entre eux qui pose problème, explique Jean Ballandras.

Akuo, fondée en 2007 par Eric Scotto, est une « licorne », une start-up qui a réussi mais qui reste indépendante et non cotée en bourse. Aujourd’hui présente sur cinq continents, Akuo garde pour ligne de conduite de maîtriser l’ensemble du processus : elle développe, finance, construit et exploite des centrales de production d’énergie renouvelable, qu’elle soit photovoltaïque, éolienne, ou hydro. Le groupe compte aujourd’hui 70 centrales en exploitation dans le monde, pour une puissance totale de 1,4 GW, des investissements de plus de 300 milliards de Fcfp et un CA 2020 de plus de 34 milliards de Fcfp.

Jean Ballandras est diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris. Il a été gestionnaire de patrimoine au siège de la Banque Paribas à Paris (1988 à 1990). Avec le grade de sous-préfet, il a ensuite occupé les fonctions de secrétaire général adjoint de la préfecture des Bouches-du-Rhône (1994 à 1996), directeur de cabinet du préfet de la région Guyane (1996-1998), puis secrétaire général de la préfecture de la Corrèze (1998-2002). Il a également été administrateur des Iles du Vent (2002-2004), en Polynésie française et enfin conseiller technique à la présidence de la République de 2004, jusqu’à son affectation à La Réunion en tant que secrétaire général aux affaires régionales de la préfecture de La Réunion. Il quitte la fonction publique en 2011, pour rejoindre Akuo Energy en tant que secrétaire général, puis en tant que directeur Asie-Pacifique depuis 2017. Il est basé à Sydney.

 

 

 

 

 

 

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