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Ben Benacek ne retourne pas en prison

Interpellé début janvier, quelques semaines seulement après son retour de métropole, il était jugé ce vendredi pour s’être introduit chez une dame âgée à qui il avait volé de l’alcool. Condamné à de multiples reprises, notamment pour un braquage de banque en 2000, il évite un retour à l’incarcération. Le tribunal l’a condamné à 8 mois de prison, mais qu’il pourra purger chez lui, avec un bracelet électronique.

Les faits sont « d’une banalité affligeante », mais la personnalité de leur auteur « rend les choses plus compliquées ». Les mots sont de l’avocat de Ben Benacek, arrêté le 6 janvier dernier à Arue. L’homme de 39 ans était alors revenu depuis deux mois à peine de métropole où il avait fini de purger une peine de cinq ans pour violences volontaires, puis tentative d’évasion. En plein après-midi, une dame âgée l’avait découvert dans son domicile de Arue, visiblement dans un état second. Installé dans le cellier, il avait consommé trois bières et une bouteille de champagne, et s’apprêtait à en déboucher une autre. Aux voisins appelés à l’aide, et aux muto’i qui ont dû se mettre à plusieurs pour le maîtriser, il lançait alors « J’ai vécu ma vie avec des menottes. Pas aujourd’hui, je vais vous détruire ».

16 condamnations en 20 ans

Ce vendredi, c’est pourtant libre qu’il comparaissait devant le tribunal correctionnel. Mais la lecture de son parcours judiciaire rappelle effectivement que les menottes n’ont jamais été loin. Du tribunal des enfants aux assises, des violences, dégradations et conduite en état d’ivresse au fameux vol à main armée de la Banque de Polynésie de Papara, Ben Benacek, du haut de 16 condamnations, a passé « près de la moitié de sa vie » en détention. Un palmarès qui n’avait pas empêché le juge de lui accorder la liberté conditionnelle en janvier. Les faits, il les avait alors déjà reconnus : « Je n’avais pas dormi depuis 5 jours, je ne me rappelle plus de rien, explique-t-il d’une voix rauque à la barre, s’excusant plusieurs fois auprès de la victime. Mais je m’en veux de me mettre dans cet état. Là je suis clean ».

« Clean » de l’ice, bien entendu. Une drogue que le prévenu dit avoir découvert à Nuutania plus jeune et dont des « amis » lui avait passé des doses quelques jours avant les faits. De quoi le rendre « nerveux », expliquait aux gendarmes sa sœur chez qui il passait beaucoup de temps, à Pirae : «  il faisait les cent pas, avait le regard perdu en l’air ». Le 6 janvier, il part « courir le long de la rivière ». Personne, même pas lui, ne sait comment ou pourquoi il atterrit dans la maison de cette vieille dame. Bien sûr, l’expertise psychiatrique était attendue : troubles du comportement, « de type psychopathique » notent les spécialistes, qui peuvent s’appuyer sur plusieurs analyses, faites notamment lors de tentatives de suicide en prison. Mais pas de quoi « altérer son discernement » : Ben Benacek doit être jugé.

Des efforts, peu de projets

Faut-il douter de ses regrets ? « Il connaît les rouages de la justice, il sait la façon dont il faut se comporter devant un tribunal correctionnel », note le procureur. Qui pourtant « veut bien croire qu’il a cette fois compris la gravité des faits ». « Il veut faire amende honorable » appuie l’avocat du prévenu. L’ice, les muto’i, les menottes… « Il a pété les plombs », lâche-t-il, mais « il faut prendre en compte ses efforts ». Ben Benacek « travaille sur la maison de sa maman », « cherche un emploi » – sans succès pour l’instant –, « veut sauver son mariage » – sa femme est en métropole et ils sont en instance de divorce – et surtout, comme il le répète, « se met beaucoup dans la religion ». Il compte même se faire baptiser dans peu de temps. Bientôt enfant de cœur, le multirécidiviste ? Les juges ne sont pas dupes, mais dans le prétoire, tout le monde semble s’accorder sur le fait que l’incarcération n’est pas la bonne solution. Le tribunal suivra donc les recommandations du procureur : 8 mois de prison avec placement sous surveillance électronique et un dédommagement de 150 000 francs pour la vieille dame, un brin traumatisée. Ben Benacek sort du tribunal sans gendarmes, mais il est assigné à résidence, sauf recherche d’emploi. Ou culte.

 

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