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Des vaccins Pfizer pour 130 000 Polynésiens « à la fin du premier trimestre 2021 »


Les vaccins début 2021. C’est ce qu’a annoncé Édouard Fritch ce matin à l’assemblée de la Polynésie française. Paris lui aurait confirmé en fin de semaine dernière que des vaccins à ARN du laboratoire Pfizer seraient mis à disposition du fenua. Le ministère de la Santé a commencé à préparer un premier programme de vaccination de 130 000 personnes. 

Le président s’exprimait à l’occasion de la présentation du projet de budget 2021 du Pays devant l’assemblée de Tarahoi. « J’ai le plaisir de vous informer que les vaccins contre la Covid-19 seront disponibles, en Polynésie, en début 2021 », a-t-il annoncé. Un programme de vaccination serait en cours de mise au point par le ministère de la Santé, et son détail sera « partagé avec le public, naturellement » lorsqu’il sera validé.

7 000 francs par personne vaccinée

Ce programme « échelonné » concernerait dans un premier temps 130 000 personnes, soit environ 45% de la population du fenua. Si cela n’a pas été explicitement précisé par le président, cette vaccination ne devrait donc pas être obligatoire, comme Emmanuel Macron s’y est engagé au niveau national. Pas non plus de précision sur les ordres de priorités établis. En Métropole, un million de « seniors en établissements » pourront être vaccinés si tout va bien dès janvier, de même que les personnels qui les soignent. Suivront, en février, environ 14 millions de personnes « présentant un facteur de risque lié à l’âge ou une pathologie chronique », ainsi que certains professionnels de santé. La vaccination devrait être ouverte à la population générale « au printemps ». Le calendrier pourrait être décalé au fenua : « Je pense qu’il faut tabler sur la fin du premier trimestre 2021″ a précisé Édouard Fritch.

En métropole, comme l’a expliqué Jean Castex, la vaccination sera « entièrement gratuite ». Ce qui n’a pas non plus été précisé clairement par le chef du gouvernement devant l’assemblée. Édouard Fritch a en revanche annoncé que ce premier programme de vaccination disposait d’un budget de 900 millions de Fcfp. Soit un peu moins de 7 000 francs par personne vaccinées (à raison de deux doses espacées de 4 semaines par personne). C’est presque deux fois le prix de la dose annoncé par le fabriquant (19,5 dollars), mais les coûts de transports, de stockage et de la campagne de vaccination elle-même s’ajoutent à ce tarif de référence.

Un nouveau type de vaccin jamais mis sur le marché

Le Pays et le haut-commissariat avaient déjà assuré, mi-novembre, que la Polynésie était « dans le principe intégrée à la commande nationale » de vaccins. Paris aurait rassuré le fenua sur sa livraison il y a quelques jours : « je tiens à remercier chaleureusement le ministre de la Santé, Olivier Véran, et notre ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, qui m’ont confirmé en fin de semaine dernière que des vaccins du laboratoire Pfizer seraient mis à disposition de la Polynésie française » a expliqué le président. Le choix de Pfizer n’est pas un hasard. Le laboratoire américain a été le premier – en occident du moins – à communiquer sur les résultats provisoires de sa phase de tests sur l’homme, en novembre. Pfizer et son partenaire allemand BioNtech, ont en outre annoncé, mardi, avoir déposé une demande d’autorisation conditionnelle auprès de l’Agence européenne du médicament pour pouvoir commercialiser leur vaccin. Si cette autorisation n’est pour le moment pas acquise, les fabricants assurent que leur vaccin est efficace « à 95% » et ne présente pas de danger pour l’homme.

Le vaccin en question repose sur le principe de « l’ARN messager » : des brins d’instructions génétiques vont, au contact des cellules, leur faire fabriquer des protéines ou « antigènes » spécifiques du coronavirus. Jamais mis sur le marché jusqu’alors, ce nouveau type de vaccin présente l’avantage d’être développable très rapidement. Ce qui explique, avec l’investissement financier exceptionnel débloqué dans le monde, le temps de recherche et d’expérimentation particulièrement court . Mais la technique présente aussi un inconvénient logistique : ces vaccins doivent être transportés à une température très basse, de l’ordre de -70°C, pour éviter de détériorer le matériel génétique et ainsi assurer leur efficacité. « Il y a des difficultés de stockage de ces vaccins, relève ainsi Édouard Fritch. Mais nous nous organisons pour ».

Si le budget de cette campagne de vaccination parait conséquent, Édouard Fritch l’a indirectement comparé, dans son discours, aux 3,4 milliards de francs de dépenses déjà engagées dans le cadre de la gestion sanitaire de la crise. Il n’est pourtant pas évident que l’arrivée du vaccin règle immédiatement l’épidémie en cours. Comme le précisait mi-novembre Jacques Raynal à Tahiti-Infos, cette campagne « permettra d’apaiser la crise, mais pas de la supprimer, dans la mesure où vous aurez toujours des gens qui ne seront pas vaccinés et qui seront potentiellement porteurs du virus ».

Une fois ces chiffres de dépenses exposés, Édouard Fritch, a tenu à se défendre, devant l’assemblée, des critiques récurrentes sur les choix stratégiques faits pendant cette crise. « La santé et l’économie comptent autant à mes yeux, a assuré le président du Pays. J’espère que vous en serez au moins partiellement convaincus« .

Trois questions sur les vaccins à ARN messager, par notre partenaire Europe1 

  • A-t-on assez de recul sur ces vaccins ?

Conceptuellement, les vaccins à ARN messager ne présentent pas plus de risque que les autres. La Haute autorité de santé rappelle d’abord qu’il n’y a aucun risque que la partie génétique du vaccin s’intègre au génome humain. Ensuite, un avantage : ces vaccins ne demandent pas l’utilisation d’adjuvant pour être efficaces. S’il est vrai qu’il y a moins de recul sur cette technologie, cela ne signifie pas pour autant, parce que c’est nouveau, que c’est mal toléré, assurent les experts. Il y a cinq ans, les vaccins contre Ebola ont été conçus très rapidement, avec des vecteurs viraux, une autre technique. Mais l’efficacité a bien été au rendez-vous et il n’y a pas eu de problèmes.

  • Combien de temps va durer l’immunité, après l’injection du vaccin ?

La réponse à cette question est encore incertaine. Actuellement, les experts disposent seulement du recul sur les essais cliniques et sur les toutes premières injections, qui remontent à la fin du printemps. Mais sous réserve des données définitives, toujours attendues, il semble qu’à ce stade les anticorps, et donc la protection, dure au moins six mois.

  • Est-il possible de rester contagieux malgré une vaccination ?

A ce stade, cette question n’est pas encore tranchée. Pour protéger des formes graves de la maladie, le vaccin agit sur le système immunitaire et sur les poumons. D’après les essais, on sait que cela fonctionne. Mais pour pouvoir en plus protéger contre les contaminations, le vaccin doit aussi être capable de faire disparaître le virus de la bouche et du nez, car c’est par là qu’on le transmet. A ce sujet, les données manquent encore. La vaccination devrait stopper les cas graves et les décès, mais pour l’instant il n’est pas encore certain qu’elle stoppera les contaminations.

 

 

 

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1 Commentaire

  1. 4 décembre 2020 à 5h32 — Répondre

    Finalement on n’est certains de rien pour l’instant ce qui peut freiner l’assentiment des gens à se faire vacciner. Durée d’immunité ? On ne sait pas. Reste-t-on contagieux ? On ne sait pas non plus. Un risque ? Pas plus que les autres. Chacun décidera d’accepter ou non la vaccination.

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