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Encourager le Pays à proposer des investissements plus « verts »

Le climat doit devenir une notion centrale pour les opérateurs publics, explique l’AFD, qui organisait vendredi matin un atelier dédié aux financements « verts ». Le sont-ils en Polynésie française ? « Pas suffisamment », répond l’Agence française de développement. Et pourtant le climat se retrouve au cœur du jeu financier car la réglementation impose aux établissements bancaires de mesurer les risques climatiques de leur portefeuille. Une manière de contraindre les investisseurs à être plus portés sur le climat.

Comment et pourquoi intégrer la dimension climat dans les investissements ? C’était la question posée lors de cet atelier organisé par l’Agence française de développement ce vendredi matin au CESEC pour les directions et principaux opérateurs publics. Une quarantaine de personnes représentants différents services du Pays était présente : habitat, agriculture, énergie, eau, transport… Si désormais les autorités reconnaissent les conséquences du changement climatique, elles ne réagissent pas forcément à la hauteur des enjeux. « OPH, service des énergies, habitat, transport, énergie, eaux, agriculture… Il ne faut pas penser que le climat ne concerne que la direction de l’environnement, c’est un sujet qui concerne tout le monde, c’est transverse. Cela touche l’aménagement, la construction du Pays, de la ville, les infrastructures, les modes de production », liste Charlotte-Fleur Cristofari, experte climat à la direction régionale Pacifique de l’AFD, basée à Nouméa, co-auteure d’une bande dessinée sur les 10 idées reçues sur le climat (éditée aux éditions Glénat) et animatrice de cet atelier.

« Nous avons des économies très carbonées »

L’idée de l’AFD est donc d’inciter les services du pays à intégrer la notion du climat dans tous leurs projets d’investissements et de les impliquer dans les problématiques de réduction des émissions de gaz à effet de serre et d’adaptation aux conséquences du changement climatique. Aujourd’hui, ce n’est pas encore suffisamment le cas, comme l’explique Charlotte-Fleur Cristofari, experte climat à la direction régionale Pacifique de l’AFD, basée à Nouméa. « Ils pourraient l’être davantage. À l’AFD on le sait car nous sommes un des principaux bailleurs de financement de la Polynésie française, les besoins de financement à ce stade ils ne sont pas très verts, ils ne le sont jamais vraiment au début nous avons des économies très carbonées. C’est quoi un investissement vert : quand on finance la construction de logements sociaux, faire des logements sociaux qui soient plus bioclimatisés, utiliser des matériaux bas carbones… C’est des normes qui sont en construction, des pratiques à vraiment intégrer. »

Il va cependant falloir s’activer car le climat se retrouve de plus en plus au centre du jeu. Très clairement, « la réglementation impose aujourd’hui aux établissements bancaires de mesurer les risques climatiques de son portefeuille, ce qui va peser sur ses fonds propres et donc sur sa capacité à produire des prêts », précise Mounia Ait Ofkir, directrice de l’agence française de développement de Papeete. Les banques vont donc s’orienter vers des investissements verts. Si l’intégration de la protection de l’environnement n’est pas encore une condition pour accorder un prêt, il devient une forte incitation, notamment chez l’AFD qui propose une baisse du taux d’intérêt si le projet intègre la notion écologique et climatique. « En Polynésie, c’est intégré mais ce n’est pas central. En ce qui concerne, les services du pays, de plus en plus les financeurs, dont on fait partie, vont inciter à avoir des investissements plus verts et plus climat, simplement en bonifiant les investissements compatibles. Plus l’investissement sera l’adaptation ou l’atténuation au changement climatique, plus on pourra bonifier le taux d’intérêt. »

« ce n’est jamais évident de changer un système »

Pour Charlotte-Fleur Cristofari, intégrer ces notions dans ces projets d’investissements doit devenir « un réflexe ». « Quand je construis une route, j’ai le réflexe climat, ai-je vraiment besoin de cette route ? Est-ce que je ne peux pas faire un transport en commun ? Où est-ce que je positionne cette route ? Quand je construis un bâtiment, comment je l’oriente par rapport aux vents, à l’ensoleillement, réfléchir aux matériaux que j’utilise. C’est vraiment un réflexe, c’est complètement possible de le faire, mais ça demande à ce que chacun dans ses activités se pose la question de comment faire plus de climat, réduire les émissions et adapter tous ses investissements. »

Il reste encore des freins, « ce n’est jamais évident de changer un système, reconnait Charlotte-Fleur Cristofari. Ça demande un effort de la collectivité, un investissement important et des changements de comportement de la part des gens. »

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