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FIFO : « Freeman », une victoire, une nation

Le titre du documentaire Freeman est le nom d’une athlète australienne qui a remporté la médaille d’or aux Jeux Olympiques de Sydney en 2000. Cathy Freeman est la première sportive de haut niveau d’origine aborigène à avoir gagné une grande compétition. Au-delà de la victoire, du sport, du parcours personnel, il est question de nation, et de reconnaissance de tout un peuple.

« Le fait de courir m’a permis de marcher dans la lumière, d’être et de vivre dans la lumière,  une lumière intérieure. Et ça m’a portée en des lieux qui me paraissaient inimaginables. » Tel est le constat de Cathy Freeman. Elle est une athlète australienne qui a remporté la finale du 400 mètres des Jeux Olympiques qui se sont déroulés à Sydney en Australie en 2000. D’origine aborigène, elle est la première à avoir gagné une compétition de ce niveau.

Vingt ans après, devant la caméra de Laurence Billiet, elle revient sur cet événement, ce moment d’unité de la nation australienne, ce moment de grâce. Car la victoire personnelle de Cathy Freeman a marqué la nation entière.

La championne Marie-José Pérec, inscrite elle aussi à la course, a finalement abandonné : « Ce n’est pas une course contre Cathy Freeman, mais contre une nation qui avait ses problèmes. J’étais préparée pour un 400 mètres. »

Pour comprendre l’histoire et ses enjeux, la réalisatrice a dressé le portrait de Cathy Freeman, de ses jeunes années, de ses entraînements, de sa volonté, tout en présentant des moments clés de l’histoire de l’Australie. « Je sais ce qu’elle représente pour tous les Australiens, pour l’Australie toute entière, elle a une relation avec son public hors du commun. Le fait qu’elle ait gagné, a été quelque chose de très important », raconte Laurence Billiet.

Cathy Freeman raconte, pour la première fois, des choses extraordinaires

« On est au-delà du sport »

« Mais avant cela, le fait qu’elle ait allumé la flamme était fort. Elle est la seule athlète en compétition à l’avoir fait, ça ne s’était jamais fait avant, ça ne s’est jamais fait après. La pression est devenue insensée.  Quand vous allumez la flamme, que le monde entier vous découvre, que vous devenez le visage de l’Australie, c’est incroyable. Ce qui m’intéressait c’était ces 49 secondes, ce tour de piste, qu’est-ce qui s’est passé dans la tête et le cœur des gens ? On est au-delà du sport », assure Laurence Billiet.

Pour lancer son récit, elle revient sur la toute première course de Cathy Freeman. Déjà, la jeune sportive avait l’impression de ne pas toucher le sol, elle trouvait la paix et avait des sensations magnifiques qui « l’emportaient directement aux cieux ». Sa persévérance, ses efforts, sa volonté, sa famille soudée l’ont portée jusqu’à la première marche du podium.

Grâce, beauté, poésie

« Cathy Freeman s’est retrouvée dans une situation très inconfortable, la relation entre les races en Australie, c’est une conversation permanente, difficile et sans fin. Elle a réussi à être assise dans cet endroit toute sa vie, elle a 45 ans aujourd’hui. Et elle l’a toujours fait avec grâce, beauté, poésie, enthousiasme », constate la réalisatrice. Ses images le prouvent. Le documentaire, esthétique, fort d’une tension palpable et croissante, en témoigne.

Freeman s’achève avec la course, annoncée en préambule. Le récit qui dure près d’une heure se termine en apothéose. Des milliers de spectateurs retiennent leur souffle. « J’avais de l’électricité de mes doigts jusqu’au sommet de mon crâne. Je faisais un pas vers le futur », rapporte Cathy Freeman. Toute la nation attendait ça. « Noirs et blancs unis. » Et le spectateur pourtant averti de la victoire, vibre avec le stade tout entier. Cathy Freeman passe la ligne. « C’est comme une fenêtre qui vole en éclats. » Elle ralentit la course, s’arrête, s’assoit. « J’étais sidérée. »

Pour Laurence Billiet, il était important que le ton du film suive le ton de Cathy Freeman qui a le don « d’unifier ». Dès le départ du projet, elle ne voulait en aucun cas raconter l’histoire mais recréer les émotions qui portent l’histoire. Son souhait était de faire revivre le moment pour se reposer des questions, être à nouveau en l’an 2000. « Ce qui s’est passé a une portée spirituelle. »

Il est question de corps, celui de l’athlète, ceux de tous les spectateurs présents au stade et ailleurs, et de la connexion qui s’est faite entre eux.

L’esthétique du film compte pour beaucoup, portant un message spirituel et universel.

Des frissons dans le dos

Le film a permis à Cathy Freeman, pour la première fois, de tout dire. « Elle a rapporté des choses extraordinaires. Ce qu’elle livrait était d’une grande beauté et se traduisait immédiatement en image. Par exemple, elle m’expliquait : elle court comme on tombe amoureux. Et cela donne des frissons dans le dos », résume Laurence Billiet.

Le documentaire est sorti en pleines restrictions à Melbourne cette année 2020. Les gens on regardé les films comme ils regardaient la télévision il y a 20 ans. « Nous étions tous cloîtrés dans nos maisons, en famille. » Les spectateurs étaient concentrés sur le seul film. Beaucoup de jeunes n’ont pas seulement compris ce moment clé, ils l’ont vécu. « C’est important car il a une portée politique sociale, humaine, universelle », assure Laurence Billiet. « Et si ce film peut contribuer à ce que ce moment dure, c’est génial. » Avec le Fifo, la volonté de la réalisatrice est entendue. Le moment dure encore.

Pratique

Les neuf films en compétitions et les 11 films hors-compétitions seront accessibles jusqu’au dimanche 14 février, en accès payant. Tarif : 250 Fcfp à l’unité pour 24 h, 150 Fcfp avec la carte (500 Fcfp) Fifo Lover. Le pass Fifo Addict pour un accès à tous les films est à 3 500 Fcfp.

Un pass Fifo Winner est disponible ce week-end pendant 48 heures. Il permet de voir les films primés. Tarif : 1 000 Fcfp.

Les colloques, tables rondes, rencontres avec les réalisateurs sont également en ligne. Rendez-vous sur www.fifotahiti.com.

 

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