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Fifo : une chance polynésienne pour le Grand Prix du Jury ?

Rurutu, terre de umu’ai, sélectionné parmi les 13 films en compétition pour le Grand Prix du Jury, est un documentaire polynésien réalisé et produit par l’équipe de Ahi Productions composée de Teiva Drion, Virginie Tetoofa et Maruia Richmond. Ce documentaire met en lumière Rurutu, l’île principale de l’Archipel des Australes où les célébrations du mariage sont au cœur des valeurs polynésiennes : la transmission, le temps et la famille.

Détendus, complices, rieurs, Teiva Drion et Virginie Tetoofa sont parmi les réalisateurs sélectionnés pour le Grand Prix du Jury. Les deux amis étaient loin de se douter que le film entrerait dans le cercle des potentiels lauréats de l’édition 2020. « C’est gratifiant. Cette sélection est le résultat de beaucoup de travail. »

Rurutu, terre de umu’ai est une success story telle que le Fifo en produit chaque année. Au cours de l’édition 2017, les deux jeunes réalisateurs ont saisi l’opportunité du Pitch Dating pour présenter leur projet à France O qui donne son accord pour diffuser le documentaire. Puis, l’équipe s’est lancée sans financement. « On voulait le faire. On est parti sur nos propres fonds. C’était un coup de poker. On a reçu le soutien de sponsors privés puis les aides après avoir lancé le tournage. »

Cette méthode, l’équipe admet l’appliquer au contraire des règles de la production. Fidèles à leurs idées et leur intuition, Ahi Production alterne entre leurs productions et commandes pour des entreprises comme Pari Pari Fenua, série dédiée à la culture polynésienne diffusée sur Polynésie la 1ère ou une campagne pour Miss Marquises. Avec deux documentaires à leur actif, ils entament actuellement la réalisation d’un documentaire sur la perle intitulé Poerava, histoire du 1er greffeur en co-production et co-réalisation pour Nouvelle Calédonie la 1ère et Polynésie la 1ère.

Interrogés sur le rôle des femmes, le monde du cinéma est encore « majoritairement masculin » pour Virginie qui observe qu’il y a « encore peu de femmes réalisatrices ou productrices. » Teiva partage combien il apprécie être entouré de deux femmes : « Elles ont un côté sensible qui permet de travailler autrement. » Pour le réalisateur, pas de doutes, les femmes doivent être plus visibles et présentes, il semble fier de collaborer avec deux femmes en qui il a toute confiance. Passionnée et chevronnée, l’équipe concocte leur première fiction, E arioi Vahine dédiée à la femme. Ce nouveau pari audiovisuel, ils le prennent au feeling et sans avoir bouclé le financement. Les deux réalisateurs aiment allier tradition et modernité, à l’image de leur documentaire Rurutu, terre de umu’ai.

Un hommage à la famille

La belle-sœur de Teiva Drion, originaire de Rurutu, est la source d’inspiration qui a lancé l’aventure. Le film suit le retour de Fanny installée en France depuis 20 ans à Rurutu pour son mariage. Colorée, chantante, dansante, la cérémonie du umu’ai célèbre l’union des époux aux visages des rites et savoir-faire de l’île. Pratique ancestrale, la généalogie est récitée pour rappeler les liens entre les différentes familles de Rurutu et transmettre l’esprit communautaire de l’île. Cette grande fête peut réunir jusqu’à 17 couples. Ce moment particulier, planifié et longuement préparé, symbolise la force du lien et de l’unité, le « tahoe » au sein de la communauté de Rurutu.

Pour Teiva, le documentaire permet aux jeunes de retrouver leurs valeurs. « J’étais surpris du témoignage d’une étudiante qui me disait qu’elle avait retrouvé les valeurs de la famille avec le documentaire. »

Plongé en immersion pendant les dix jours du tournage, les deux réalisateurs partagent la sensation d’avoir été « protégés » et d’appartenir à un ensemble, une expérience qui renforce l’importance de porter « une vision communautaire », un autre message important pour Virginie.

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