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Le rapport sur le diabète adopté à l’unanimité par le Cesec

©Natan Decarrière

Le Conseil économique social, environnemental et culturel (Cesec) a restitué vendredi matin sa première autosaisine depuis l’adoption de sa nouvelle composition et dénomination. Le sujet était sensible puisqu’il s’agissait du rapport sur Le diabète, un défi vital pour la Polynésie. 22% de la population est touchée par le diabète, auquel la CPS consacre 10 milliards de Fcfp par an. Le rapport a été adopté à l’unanimité.

Piloté par deux rapporteurs, le Dr Mareva Tourneux et le Dr Jean-François Wiart, ce travail de 92 pages veut interpeller le gouvernement mais aussi toutes les instances concernées comme la CPS, les industriels, les acteurs de l’Éducation et surtout les parents d’élèves. Les pays insulaires du Pacifique ont le pourcentage de diabétiques le plus important au monde. Le rapport préconise un ensemble de mesures conséquent pour faire évoluer les pratiques et surtout les habitudes de consommation devenues dangereuses.

Un constat catastrophique

En préambule, Heitiare Tribondeau, Miss Tahiti 2003, proposait une séance d’introduction sportive à une assemblée amusée mais impliquée depuis ses confortables fauteuils. Le sujet du jour était en revanche on ne peut plus sérieux. La première partie du rapport dresse un état des lieux général de la situation et des mesures déjà engagées. La Polynésie est la région du monde la plus touchée par le diabète de type 2 (diabète gras) provoqué par le surpoids et l’obésité. 45 000 personnes sont atteintes du diabète de type 2, dont 22 000 ne sont pas diagnostiquées. Le Cesec souhaite ainsi que soit mis en place un dépistage obligatoire dès 40 ans pour limiter et soigner les effets du diabète. La CPS prend en charge 12 561 diabétiques à hauteur de 10 milliards de Fcfp sur un budget total de 55 milliards. Ces dépenses pourraient monter jusqu’à 45 milliards si les 45 000 personnes diabétiques étaient prises en charge.

Éduquer dès l’enfance

Le rapport cite une étude de l’ISPF en 2015 qui indique que la ration journalière ingérée par individu est de 1,1kg hors boissons, pour un apport énergétique moyen de 2 500 kilocalories. Les habitudes des Polynésiens en termes de sédentarité, d’activité physique et de consommation alimentaire sont remises en cause. Ce mode de vie est à revoir dans son ensemble et cela commence dès le plus jeune âge. De nombreux enfants arrivent à l’école le ventre vide, ce qui a poussé la CPS à voter le financement d’un petit déjeuner diététique pour tous les enfants d’écoles primaires et maternelles. Cette mesure doit désormais obtenir l’aval du gouvernement et figure dans le rapport.

Christophe Plée, président de la CPME, a proposé un amendement au rapport, adopté à l’unanimité. L’ambition est d’instaurer un plan quinquennal de lutte contre le diabète et l’obésité dès la rentrée 2020 dans les écoles maternelles et primaires. Ce plan obligerait la mesure régulière du poids et la détection des enfants en surpoids pour les orienter vers un professionnel de la santé avec ses parents. Christophe Plée évoque un « cri du cœur » adressé au gouvernement et à l’assemblée.

C’est le « courage politique » qui fait défaut

Les industriels sont évidemment pointés du doigt par le rapport, qui recommande d’encadrer le marketing alimentaire, notamment celui destiné aux enfants. Les produits « sains » doivent devenir financièrement plus attractifs par rapport aux produits gras, salés et sucrés souvent moins chers. Les rapporteurs souhaitent s’inspirer de la Nouvelle-Calédonie et augmenter le prix des produits sucrés de 22%. Parallèlement la liste des PPN (produits de première nécessité) doit être étoffée et prendre en considération les écarts de prix entre les produits importés et locaux. Jean-François Wiart, l’un des rapporteurs, explique qu’il faut du « courage politique » et qu’il est difficile de faire évoluer les choses face à l’influence des lobbys.

Le docteur Wiart est confiant sur l’évolution de la situation même si une génération sera probablement nécessaire pour observer de réels changements.

Ce rapport met en exergue un défi capital pour la Polynésie pour les prochaines années voire les prochains mois. La situation est urgente avec 720 nouveaux cas recensés chaque année. L’éducation de la population, la valorisation de l’activité physique et le réapprentissage d’une alimentation saine sont les clés essentielles pour espérer une évolution positive.

 

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