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L’État fait le bilan de la lutte contre les stupéfiants

Douanes, gendarmerie, justice, haut-commissariat et DSP sont avec la Marine nationale les autorités rassemblées au sein de la Cellule de renseignement opérationnel sur les stupéfiants. ©CP/Radio1

Un an après sa mise en place en Polynésie, la « gouvernance renforcée » en matière de répression des trafics de stupéfiants, avec la Cellule de renseignement opérationnel sur les stupéfiants et l’Office anti-stupéfiants, donne satisfaction en matière de lutte contre l’ice, assurent les autorités de l’État.

Le haut-commissaire, entouré du procureur général Thomas Pison et du procureur de la République, ainsi que des responsables de la gendarmerie, de la police et des douanes, étaient réunis ce mercredi matin pour une réunion de la CROSS – la cellule de renseignement opérationnel sur les stupéfiants de Polynésie française, supervisée par l’OFAST, l’Office anti-stupéfiants, qui coordonne les actions sur le terrain. Tous se félicitent de l’efficacité de ce nouveau dispositif mis en place fin 2020 – le GIR est « particulièrement actif pour un territoire de notre taille » – et de la bonne entente qui règne entre les services.

Le renseignement, la clé de plus de 100 mises en examen en un an

Parmi les « signaux » auxquels la CROSS est attentive, les changements de standing comme les achats de véhicules, ou l’acquisition de produits chimiques en vente libre qui entrent dans l’élaboration de stupéfiants, voire une activité soudaine sur les crypto-monnaies. « Il y a beaucoup de renseignements qui arrivent, on est un petit territoire », rappelle le numéro 2 de la gendarmerie, le lieutenant-colonal Taponat. Depuis octobre 2020, 99 renseignements ont été exploités, menant à l’ouverture de 22 enquêtes judiciaires et une centaine de mises en examen.

Le cannabis est la drogue la plus consommée au fenua, mais l’ice reste en tête des priorités des autorités : rapporté au nombre d’habitants, le taux de faits concernant l’ice est 30% plus élevé qu’au niveau national. En 2020, plus de 200 millions de francs d’avoirs criminels ont été saisis.  Et déjà en 2021, près de 18 kilos d’ice ont été découverts. Les chiffres de 2020 et 2021 ne sont pas nécessairement plus élevés que ceux de 2019, la crise sanitaire ayant limité les trafics internationaux et locaux, mais aussi la projection des forces de l’ordre dans les archipels.

 

©CP/Radio1

« Ce qui m’inquiète c’est la banalisation du discours » 

Alors que la société civile débat des bienfaits, ou pas, du cannabis, les forces de l’ordre, elles, s’efforcent d’appliquer la loi. « Ce qui m’inquiète c’est la banalisation du discours sur l’utilisation du cannabis, attention aux discours parfois un peu brouillés » dit le procureur général Thomas Pison qui rappelle que le cannabis est la porte d’entrée vers la consommation de drogues dures, et aussi le moyen habituel de financer les trafiquants qui se lancent dans l’ice, beaucoup plus lucratif : aujourd’hui au fenua, le prix du gramme d’ice atteint 500 000 Fcfp.  Une application qui fait parfois débat, par exemple sur les peines prononcées contre les délinquants. Le procureur général explique qu’en matière de stupéfiants, la peine de prison maximale encourue est de 10 ans, 20 ans en cas de récidive. Il souligne qu’en Polynésie des peines élevées sont prononcées, plus que dans son expérience précédente au parquet de Nancy.

« On a quand même provoqué une attrition importante, poursuit le procureur général Pison, il y a beaucoup moins de grandes plantations et plus de petites plantations domiciliaires plus faciles à dissimuler. »

Le procureur de la République, Hervé Leroy, qualifie de « contentieux de masse » les affaires de stupéfiants et explique que la Justice privilégie le plus possible la comparution immédiate, qui permet d’apporter une réponse pénale en moins de deux mois. « Les peines seront à la hauteur des agissements, et les mesures de confiscation systématiquement appliquées, » affirme-t-il.

La prévention, l’affaire du Pays

Quant aux volets prévention et soins, ils relèvent des compétences du Pays et sont « en cours de mise en place ». « Ça mériterait une structure plus étoffée, mais ça ne dépend pas de l’État », dit Hervé Leroy qui est amené à requérir des injonctions thérapeutiques. Ces sujets seront évoqués en début d’année prochaine entre le Pays et l’État, lors du prochain comité de prévention de la délinquance, rappelle le haut-commissaire.

 

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