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Athlètes, fan zones, hélico… « encore des questions » sur les urgences aux JO

Les organisateurs de l’épreuve de surf de 2024 mènent des discussions sur le dispositif qui sera mis en place pour évacuer et prendre en charge les athlètes blessés ou les spectateurs en situation d’urgences médicales pendant la période olympique. Un dispositif qui sera quoiqu’il arrive conçu pour ne pas peser sur l’activité quotidienne du CHPF et du Samu. Au Taaone, on voudrait aussi profiter de l’évènement pour « pérenniser » un hélismur et une hélistation au PK0.

Six cents gendarmes et policiers à déployer, des patrouilles et checkpoints maritimes, des équipes anti-drones en formation, un « filtrage » tout au long de la route… Un an avant les JO de 2024, le dispositif de sécurité de l’épreuve de surf à Teahupo’o est, sur le papier du moins, déjà bien réglé. C’est en tout cas le message qu’ont voulu faire passer le Haut-commissariat et les organisateurs lors de la visite, voilà une dizaine de jours, du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin au futur QG olympique des autorités, dans les locaux de l’Ifremer à Vairao. Un aspect, pourtant, de cette partition sécuritaire reste encore à écrire : la gestion des urgences médicales pendant l’évènement. Il s’agit non seulement d’assurer la prise en charge des accidents qui pourraient survenir dans les fanzones – 10 000 spectateurs prévus à Papeete, 5 000 à Papara, et 600 près du PK0 – mais surtout celles des 48 athlètes engagés dans la compétition.

Le cas Ethan Ewing interroge

Teahupo’o, personne ne l’ignore, est une vague dangereuse, réservée aux surfeurs les plus expérimentés. Ce sera le cas de la plupart des athlètes engagés sur l’épreuve olympique, qui connaissent déjà la passe Hava’e au travers du tour WSL. Certains d’entre eux, néanmoins, devraient découvrir le spot – au moins en conditions de compétition – à l’occasion de ces Jeux. Vigilance, donc, d’autant que même les riders les plus aguerris peuvent se faire prendre dans la mâchoire de Teahupo’o, comme l’a montré à ses dépens Ethan Ewing au début du mois d’août. Au lendemain des trials, alors que le main event de la Shiseido Tahiti Pro n’a pas encore débuté, le numéro 2 mondial chute à l’entrainement dans un gros tube du spot et doit être récupéré avec des douleurs importantes au dos aux abords du récif par la water patrol, véritable Smur des déferlantes.

« Il a été amené à la pointe Fare Mahora, il a ensuite dû faire le trajet par la terre, avec une route encore aujourd’hui un peu chaotique, avec un passage à gué,  puis il a été amené vers l’hôpital de Taravao et ça n’est que là qu’on a pu le soulager, ça n’était pas possible avant… Il a ensuite été transféré au Taaone pour enfin faire une imagerie, décrit le Dr Tony Tekuataoa, chef du service des urgences du CHPF qui avait été directement interrogé sur cet incident par la ministre nationale des Sports Amélie Oudéa Castera.  Je comprends qu’il y ait des questions sur cette prise en charge, qui n’a pas été optimale… parce qu’il n’y avait pas le dispositif ».

L’Australien s’en sort finalement avec quelques vertèbres cassées, et une chance de titre mondial largement hypothéquée pour cette année. La chute aurait pu être bien plus grave. De quoi conforter l’État, le Pays et les organisateurs dans leur objectif d’offrir en juillet 2024 un niveau de prise en charge médicale encore jamais vu à Teahupo’o.

Une équipe SAMU et un hélicoptère « dédiés »

C’est cette prise en charge qui est actuellement en discussion avec le CHPF. Car si un centre de secours bien équipé devrait être mis en place par le COJO au PK0, et si l’hôpital de Taravao est le centre de soins le plus proche, le centre hospitalier du Taaone « reste le seul site de prise en charge des urgences vitales du fenua ». Tous les partenaires sont d’accord : le dispositif doit être « adapté » à l’ampleur de l’évènement qui doit pouvoir se poursuivre même en cas d’accident, « gradué » pour permettre des réponses spécifiques à chaque urgence… Et surtout il ne devra « pas peser sur l’activité quotidienne » du Samu et des urgences du Taaone. Aucun doute pour le Dr Tekuataoa, il faudra fonc mettre en place des équipes dédiées et notamment « le renfort d’une régulation au Samu, qui pourra coordonner les demandes de soin et les alertes concernant le site de compétition ou au niveau des fan zones ».

Mais les discussions portent surtout sur  le « dispositif héliporté » particulier qui doit amener les éventuels blessés du site de compétition jusqu’aux hôpitaux. Six minutes pour  Taravao, entre 17 minutes de vol et une vingtaine, en fonction de la météo, pour une évacuation vers Taaone… Bien moins que l’heure de route en ambulance qu’a dû subir Ethan Ewing, et avec le risque d’une crue en moins.

Reste à savoir quel hélicoptère sera disponible, où il sera positionné, et qui financera la coûteuse opération. Des questions encore en suspens lors de la visite ministérielle de la mi-août. Avant son départ, Amélie Oudéa-Castera assurait simplement que le « bon régime » serait trouvé. Mais en coulisses, la ministre des Sports et des Jeux Olympiques a tenu à ce que ces discussions aboutissent rapidement. Et elles semblent avancer : du côté de l’organisation on évoque déjà un « niveau de service » qui évoluerait en fonction des phases de l’évènement, avec, par exemple, un hélicoptère en poste au PK0 pendant la compétition, et un appareil mobilisable « à la demande » pendant la période de préparation.

Garder un « héliSmur » et une hélisurface à Teahupo’o ? 

Sans surprise, du côté du CHPF, on plaide pour le plus haut niveau de sécurité, et on insiste pour que l’hélicoptère « JO » ne soit pas le même que celui du Samu (celui de Tahiti Nui helicopters détachable sur les situations d’urgence) ni les deux Dauphins « Interadministrations », qui doivent fréquemment être mobilisés en mer ou en montagne pour des opérations de secours ou de recherche. Ramener un hélicoptère de Bora ou des Marquises pour l’occasion ? En déployer un autre, venu de l’extérieur ? Le Dr Tony Tekuataoa espère quoiqu’il arrive que cet appareil soit « pérennisé » auprès des services de secours, pour devenir « un vrai hélismur » disponible en permanence. Une idée qui devra bien sûr être discutée budgétairement avec le Pays.

Autre « héritage » que le chef du service des urgences aimerait voir les JO laisser à Tahiti : « l’hélisurface » de Teahupo’o. À l’année, le PK0 n’en a pas, mais l’organisation olympique doit en aménager une sur le domaine Rose, de l’autre côté de la rivière, près de la pointe Fare Mahora. « Ça reste un lieu qui est dangereux, JO ou pas JO, un endroit où la WSL passe tous les ans, et ça va médicaliser plus facilement toute la zone qui est entre Vairao et le fenua Aihere… »

Les discussions sont donc loin d’être terminées autour du dispositif d’urgence olympique.

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Journal de 12h, le 28/08/2023

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