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Conditions de détention : le Conseil d’Etat demande des changements urgents à Nuutania

Saisie par les avocats de Thierry Barbion, la juridiction administrative suprême a enjoint l’administration pénitentiaire de régler des problèmes d’hygiène ou de rats qui perdurent à la prison de Nuutania. Les parloirs devront aussi être réaménagés et l’Observatoire international des prisons a été autorisé à effectuer une visite sur place. 

Réincarcéré en mars 2020 après sa condamnation en appel à 4 ans de prison ferme dans l’affaire Boiron, Thierry Barbion dénonce depuis lors ses conditions de détention au centre pénitentiaire de Faa’a-Nuutania. À défaut d’avoir obtenu, en juin puis en décembre dernier, sa remise en liberté, c’est vers le juge administratif que ses avocats se sont tournés pour demander un certain nombre d’aménagements destinés à « garantir aux détenus des conditions de détentions dignes et humaines ». Saisi en référé, le tribunal ne leur avait donné que partiellement gain de cause, fin janvier. Le juge administratif avait ordonné à l’administration pénitentiaire de mettre en place des bancs et des abris dans l’une des cours de promenade de la prison et de réinstaller un toit au dessus des sanitaires de cette même cour. L’homme d’affaire condamné pour recours à la prostitution de mineure et corruption de mineures, avait ensuite saisi le Conseil d’État pour faire valoir les demandes laissées de côté par le tribunal de Papeete.

Problème de rats, d’hygiène et de communication au parloir

Ouverture des parloirs trois fois par semaine au lieu de deux, amélioration de l’hygiène des locaux et de l’alimentation des détenus, séparation entre les sanitaires de chaque cellule, accès à l’eau chaude, au téléphone ou à des cantines (radio, jeux de société), augmentation des temps de promenade… La liste des demandes était longue et la juridiction parisienne n’a finalement retenu que trois points supplémentaires. En plus des injonctions du tribunal administratif, elle ordonne à l’administration pénitentiaire de « renforcer l’efficacité de la lutte contre les rats » dans la cour et les coursives du bâtiment C, qui seraient « infestés » par les rongeurs. Les juges demandent aussi, toujours dans les « plus brefs délais », de mettre en place un curage régulier des canalisations, sans quoi « une partie de la cour se retrouve fréquemment couverte d’eaux usées, comprenant notamment des déjections humaines », toujours d’après le recours déposé par l’homme d’affaire. Enfin, le Conseil d’État enjoint l’administration à réaménager les parloirs « afin de permettre une qualité de communication correcte entre les détenus et leurs visiteurs ». Depuis la mise en place de nouvelle règles sanitaires, les échanges de linge, de livres ou de nourritures ont été interdits et un « plexiglass sans hygiaphone » a été installé au parloir, rendant la discussion difficile lors de ces visites.  « C’était un point crucial du dossier », précise Me Eftimie-Spitz, une des avocats de l’ancien promoteur immobilier.

Le Conseil d’Etat a en outre autorisé une visite à Nuutania de la section française de l’Observatoire international des prisons, entendue lors de l’audience du 18 février, de même qu’un représentant du Contrôleur général des lieux de privation de liberté. « Ils ont pris conscience que cela fait un certain temps qu’ils n’ont pas surveillé l’évolution de Nuutania » estime Me Eftimie-Spitz, qui espère que cette décision va « faire avancer les choses pour tous les détenus ». Sans réaction de l’administration, « une astreinte sera sollicitée devant le Conseil d’État ».

Construite en 1977, la prison de Nuutania est régulièrement pointée du doigt pour sa vétusté et sa surpopulation, qui a même valu à l’État une condamnation devant la Cour européenne des droits de l’homme. La situation s’est améliorée avec l’ouverture, en 2017 à Papeari, du centre de détention de Tatutu, puis la rénovation de certains quartiers dont les cellules où se trouvent aujourd’hui Thierry Barbion et Marc Ramel. En 2019, le ministère de la Justice avait annoncé la réhabilitation complète du centre pénitentiaire de Faa’a.

 

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1 Commentaire

  1. Microstring
    9 mars 2021 à 18h23 — Répondre

    Espérons que cela ne soit pas que des paroles d’avocats…
    Voilà ce que j’écrivais, il y a plus de 20 ans :
    « Et que dire de cette multitude de rats énormes. Grouillants et couinant, ils s’épanouissaient dans la cour et dans les couloirs la nuit, de grosses boules sombres qui circulaient dans tous les sens. Heureusement que les cellules fermaient bien. »

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