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Échange incivilités contre solidarité

Du 20 mai au 31 août, les contrevenants qui n’ont pas respecté les mesures de confinement et de couvre-feu et qui ont été verbalisés sur la période du 19 mars au 27 avril, auront la possibilité de convertir leur incivilité en solidarité vis-à-vis des plus démunis. En échange d’un don minimal de 5 000 Fcfp à la Croix-Rouge, ils éviteront des poursuites pénales.

 De 16 109 Fcfp à 89 400 Fcfp, tels étaient les montants des amendes infligées aux contrevenants lors du confinement, soit pour absence d’attestation de déplacement soit pour non-respect du couvre-feu. Et des contrevenants, il y en a eu 7 000. De quoi remplir quelque peu les caisses du Trésor public. Mais les autorités judiciaires en ont décidé autrement. Elles ont choisi de donner aux Polynésiens la possibilité d’éviter des poursuites pénales en s’acquittant d’une certaine somme d’argent, 5 000 Fcfp minimum, à la Croix-Rouge. En échange de ce don, les poursuites pénales seront abandonnées.

Transformer ses incivilités en solidarité pour les plus démunis, l’idée vient des instances judiciaires, en la personne de l’avocate générale Brigitte Angibaud, qui pense que les périodes de crise favorisent les idées hors normes. « À situation exceptionnelle, la justice se devait d’avoir une réponse hors normes », estime la magistrate.

Pour la magistrate, « les gens qui iront à la Croix-Rouge ne ressentiront pas cela comme une sanction, comme une obligation, mais ressentiront cela comme une réparation et sauront exactement à quoi leur argent servira, à savoir améliorer le sort de centaines de familles. »

Concrètement, le contrevenant dès le 20 mai pourra se rendre à la Croix-Rouge à Pirae avec un imprimé rempli au préalable par lui, qui devrait être disponible dans les quotidiens de la place ou téléchargeable sur le site de la Cour d’appel de Papeete et sur la page Facebook de la Croix-Rouge en Polynésie française.

La Croix-Rouge, ayant en sa possession la liste des contrevenants, pointera le nom de la personne qui se sera acquittée de ce don, lui fournira une attestation et les poursuites à son encontre seront annulées.

Si le don est en espèces, il recevra immédiatement l’attestation de paiement, s’il est en chèque, ce n’est qu’à son encaissement qu’il la recevra. La somme minimale à verser étant de 5 000 Fcfp. Toutefois, cette possibilité n’est valable que jusqu’au 31 août. Au-delà, les contrevenants qui ne justifieront pas de cette réparation, attestation à l’appui, se verront poursuivis devant le juge pénal et pourront être condamnés à verser la somme de 89 400 Fcfp, augmentée de 3 650 fcfp de frais de justice.

Le calcul est vite fait, d’autant que la Croix-Rouge a vu le nombre de demandes d’aides affluer en masse depuis le début de la pandémie et l’arrêt de toutes les activités économiques.  Les sommes d’argent versées à l’organisation caritative serviront à acheter des paniers alimentaires et d’hygiène. Depuis le 23 mars, début du confinement, ce sont neuf millions de Francs qui ont été utilisés à ces fins sur un budget de 11 millions. Inutile de préciser que la Croix-Rouge voit cette opération d’un bon œil, comme l’avoue Karl Lis, président de la Croix-Rouge en Polynésie.

Une demande d’aide qui a explosé à un niveau que la Croix-Rouge n’imaginait pas. « Si la situation économique ne s’améliore pas, cela va être pire » assure Karl Lis.

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2 Commentaires

  1. Tohivea
    19 mai 2020 à 8h51 — Répondre

    Seulement la Croix rouge ? Et Caritas ? Et l’Ordre de Malte ? Et les autres associations caritatives/humanitaires qui se sont dépensés sans compter pour aider ? Ça sent un peu le brûlé cette histoire.

  2. Dadiche
    19 mai 2020 à 9h19 — Répondre

    L’État, pour une fois, pourrait bien faire un copié/collé de cette belle initiative. Très bonne idée. Merci Madame Angibaud.

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