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Intervenants sociaux en gendarmerie : « aider les victimes à défendre leurs droits »

La gendarmerie de Faa’a travaille en étroite collaboration avec l’intervenante sociale en gendarmerie (ISG) Olivia Martin (à gauche), le maréchal-des-logis chef Jenny Teamihi et l’adjudant-chef Sandrine Demurger (à dr.), à la tête de la Maison de protection des familles. ©MB/Radio1

Les situations de détresse sociale font partie du quotidien des gendarmes en Polynésie mais les victimes de violences étaient par le passé souvent désorientées et mal prises en charge sur le plan psycho-social. C’est une dynamique qui change avec la création de postes d’intervenants sociaux en gendarmerie, qui sont depuis février 2022 au nombre de 5. Ils travaillent en étroite collaboration avec la Maison de protection des familles, cinq gendarmes formés au suivi des victimes et des mis en cause. 

Il existait depuis 2007 une seule intervenante sociale en gendarmerie, et ils sont depuis février 2022 au nombre de cinq pour toute la Polynésie, grâce à des créations de postes successives. Ces travailleurs sociaux qui sont de permanence dans certaines gendarmeries viennent soulager les militaires en assurant une « évaluation de la situation sociale des victimes de violences intra familiales » qu’il y ait dépôt de plainte ou pas. Les ISG reçoivent des personnes concernées par des fugues de mineurs, un proches avec troubles psychiques, des difficultés éducatives, des problèmes d’addiction, de violences conjugales, des conflits familiaux, des pensées suicidaires, ou encore la mort violente d’un proche dans un accident de la route.

Les ISG interviennent « à chaud » pour écouter et orienter les victimes

Olivia Martin, éducatrice spécialisée de formation, est ISG à mi-temps à la gendarmerie de Faa’a, qui est selon les statistiques la plus concernée par la problématique. « Les victimes sont souvent en état de choc » au moment où elle prend contact avec eux et les reçoit. « Elles ont encore des marques sur leurs corps, elles sont encore meurtries quelques jours après l’intervention des gendarmes au domicile en général », explique t-elle. À ce moment-là, « c’est toujours important d’avoir quelqu’un qui t’explique comment te protéger, protéger les gens que tu aimes, qu’est-ce que tu as le droit de faire pour te battre, et pour empêcher que ça s’aggrave et que ça recommence ». La démarche nécessite qu’une relation de confiance soit établie avec la victime à qui il est surtout proposé une écoute bienveillante. Le travail peut alors se faire en plusieurs rendez-vous ou appels téléphoniques. Olivia précise qu’elle ne connaît pas tous les éléments des enquêtes en cours concernant les victimes, et qu’elle ne communique pas non plus systématiquement le contenu de ses entretiens aux gendarmes.

Te rama ora : « Aider les victimes à défendre leurs droits et à se reconstruire »

Outre cette fonction d’écoute, au cours de ce premier contact, les ISG orientent les victimes et leur apportent toutes les explications dont elles ont besoin sur les les moyens à leur disposition. « Par exemple l’ordonnance de protection, c’est une mesure d’éloignement pour que l’auteur des violences n’aie plus le droit de s’approcher de la personne, et je vais lui expliquer les différentes démarches qu’elle peut faire pour y avoir droit », indique Olivia. La mission des ISG reste ponctuelle et principalement ciblée sur les « moments de crise ». C’est vers leurs partenaires tels que l’association « Te rama ora » qu’elle les oriente ensuite. Elle est « composée de juristes, de psychologues, qui accompagnent les victimes gratuitement pour les aider à défendre leurs droits et à se reconstruire grâce aux entretiens avec la psychologue ou aux groupes de parole ». 

Un suivi systématique des victimes dans toute la Polynésie

En 2021, la gendarmerie a pris en charge 1 144 victimes de violences en Polynésie grâce au développement de la Maison de protection des familles. En 2022 ce sont déjà 860 victimes qui ont été suivies, un chiffre en hausse qui témoigne d’un réel besoin. La MPF, basée au sein de la caserne de gendarmerie de l’avenue Bruat, compte cinq gendarmes spécialement formés au suivi des victimes, comme l’adjudant-chef Sandrine Demurger. « Au bout de 3 ou 4 mois, nous rappelons les victimes pour voir si leur situation a évolué, dit-elle, s’ils ont de nouvelles questions, et aussi s’il n’y a pas de récidive pour pouvoir agir en urgence ». Ils sont chacun affectés à un secteur géographique de la Polynésie et travaillent avec les policiers municipaux pour une meilleure appréhension du terrain, et aussi pour retrouver les victimes qui n’auraient pas laissé de numéro de téléphone. La création de cette unité dédiée permet « un suivi qui n’existait pas, ou peu, c’était au bon vouloir du gendarme, et on s’est rendu compte que les victimes sortaient des brigades avec leur dépôt de plainte et plein de questions ». Aujourd’hui les officiers de police judiciaire de la MPF viennent soulager les gendarmes et policiers municipaux de ce volet social pour qu’ils se consacrent au volet judicaire de la prise en charge. « Le but de notre unité, que maintenant les victimes soient bien suivies. » Ils assurent également une mission d’information et de sensibilisation auprès du public.

 

Sandra Beaujard est ISG basée à Papeete se déplace à Moorea et Taravao

Permanence :

3 fois dans le mois à Moorea de 8h30 à 12h et de 14h à 16h.

« Le planning des permanence est  affichée à la brigade. Mon bureau est situé directement dans la brigade. La prise de Rdv est acceptée mais non obligatoire. »

3 fois dans le mois à Taravao de 8h30 à 12h et de 14h à 16h.

« Le planning des permanence est  affichée à la brigade. Un bureau est mis à ma disposition. La prise de Rdv est acceptée mais non obligatoire. »

Les partenaires principaux sur Moorea :

Vahine Orama  Moorea :  association d’aide aux victimes de violences conjugales principalement. Peuvent accompagner les victimes jusqu’à moi à la brigade si besoin, orientation de certaines victimes notamment pour des informations concernant le dépôt de plainte.

DSFE Moorea

L’hôpital de Moorea. (échange et rencontre avec les médecins et les sages femmes – me mette à disposition une salle si besoin de rencontrer des victimes autre qu’à la brigade)

L’APAJ (permanence sur Moorea)

Les partenaires principaux sur Taravao:

Vahine Orama Iti : association qui accueille en urgence les victimes de violences. Je peux rencontrer les personnes accueillies par cette association , soit au lieu d’hébergement , soit directement à la brigade.

DSFE Taravao

Permanence APAJ

Fare Tama Hau (maison de l’enfance – Equipe mobile)

Olivia Martin est ISG basée à Papeete et se déplace à Faa’a tous les mercredis de 8h à 12h.

« Le reste du temps mon numéro de téléphone est donné aux victimes par la gendarmerie pour prendre rdv ou me contacter par sms. Je peux les rappeler s’ils n’ont plus de crédit ».

Partenaires :

DSFE, Te rama Ora, l’Apaj, Fare tama hau, CIDFF, CPSA qui accompagne les personnes ayant des addictions, à l’alcool, l’ice, le paka, les jeux d’argent, mais aussi SOS suicide, des foyers d’hébergement d’urgence ou socio-éducatifs.

©MB/Radio1

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