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Le parti de Pouvana’a a Oopa peut-il « renaître de ses cendres » ?

Le Here Ai’a a officiellement demandé à l’Etat la rétractation du décret de dissolution du Rassemblement Démocratique des Populations Tahitiennes (RDPT), signé par le Général de Gaulle en 1963. Pour l’avocat en charge de la procédure, Me Miguel Grattirola, cette demande va « dans le sens de l’histoire », après la réhabilitation du Metua. 

Ça n’est pas encore un recours judiciaire, mais « une invitation faite à l’Etat ». Le parti Here Ai’a a déposé il y a quelques jours une demande de rétractation du décret du 5 novembre 1963. Ce document, signé par le Général de Gaulle, alors président de la République, prononçait la dissolution du Rassemblement Démocratique des Populations Tahitiennes (RDPT), lancé en 1949 autour de Pouvana’a a Oopa.

Fort de plusieurs succès électoraux, et en pleine implantation du CEP en Polynésie, le RDPT semblait s’orienter vers une ligne plus clairement indépendantiste quand le gouverneur Aimé Grimald obtint sa dissolution, à quelques jours d’un congrès important. Pour Me Grattirola, l’avocat de Here Ai’a, cette demande de réhabilitation du parti est une suite logique à celle prononcé par la Cour de cassation en octobre 2018 à l’égard de Pouvana’a.

Ça n’est pas une surprise si Here Ai’a est à l’origine de la demande. Le parti rose, fondé en 1965, rassemblait dès l’origine des figures du RDPT fraîchement dissout. C’est d’ailleurs sous cette étiquette que Pouvana’a s’était fait élire sénateur, quelques années après son retour d’exil. Le Here Ai’a, resté puissant jusqu’à la fin des années 80, n’a depuis longtemps qu’une place marginale sur la scène politique polynésienne, miné par des querelles internes et des revirements d’alliances.

« Macron verra cette démarche d’un bon œil »
Membres fondeur de l’UPLD menée par Oscar Temaru en 2004, « le plus vieux parti de Polynésie » a ainsi discuté, plus tard avec le Tau Hotu Rau de Tauhiti Nena ou Porinetia Ora de Teiva Manutahi… En 2018, son président Romeo Tauraa, qui a succédé à Gustave Taputu à la tête du parti, avait créé la surprise, en signant un accord électoral avec le Taohera’a de Gaston Flosse.  Les quelques cadres du Here Ai’a entendent aujourd’hui faire « renaître de ses cendres » le RDPT, un parti qui n’a plus d’existence légale depuis presque 60 ans. Reste à savoir quelle légitimité leur serait accordée pour le diriger et quelle ligne politique ils lui fixeraient. Pour Miguel Grattirola, l’heure est d’abord au retrait de la dissolution. Aux « héritiers de Pouvana’a » de décider ensuite.

Difficile de savoir quel accueil l’État réservera à cette demande. Car si la révision du procès de Pouvana’a a Oopa faisait partie intégrante des accords de l’Elysée  en 2017, il n’y est fait aucune référence au RDPT. Les demandeurs espèrent tout de même que les élus parisiens, et plus spécialement le président Emmanuel Macron, en visite au fenua en avril, « verront cette démarche d’un bon œil ».

L’État a théoriquement deux mois pour répondre à cette demande, délai au-delà duquel la décision – y compris un refus implicite – peut être attaquée devant le tribunal administratif. Une option qui n’est pas totalement écartée par les demandeurs qui favorisent toutefois la procédure « amiable ».

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