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Sommet sur la Crypto : « On espère avoir prouvé qu’on était fréquentables »


Le Pics – pour Polynesian Islands Crypto Summit – s’est achevé hier au Hilton de Tahiti. Pour Hellmouth Banner, un des organisateurs, l’évènement a permis de démontrer que le fenua pouvait attirer des professionnels de l’industrie de la blockchain et du Web 3.0, que la communauté polynésienne de la crypto était bel et bien active… Et tans pis si les élus et autorités n’ont semblé accorder que peu d’attention au sommet : « On sait qu’on a été observés ».

Lire aussi : PICS : la crypto vise le sommet à Tahiti

Actualité chargée, tensions sur les marchés, période post-Covid qui fait douter certains voyageurs, soutiens chancelants des autorités… « Ce sommet, on l’a fait dans les pires conditions mais ça a marché quand même ». Après trois jours de discussions au Hilton Tahiti, Hellmouth Banner se dit très satisfait du Polynesian Islands Crypto Summit, qui s’est achevé ce mardi. Cet habitant de Moorea, entrée dans le monde des cryptoactifs voilà huit ans et qui est aujourd’hui rédacteur en chef d’une publication spécialisée, Le Journal du Coin, a été le chef d’orchestre de ce Pics, qui a pour la première fois réuni des acteurs internationaux de l’industrie de la blockchain et du Web3 (lire encadré) en Polynésie. Et à l’entendre, la tenue même du rendez-vous, qui a attiré des représentants d’acteurs de premier plan du secteur, dont Binance, plateforme d’échange de cryptomonnaie qui compte près de 100 millions d’utilisateurs dans le monde, est une victoire.

Une « communauté » au fenua, des intérêts à l’extérieur

« La simple existence de ce sommet a démontré une chose : qu’on peut faire venir plusieurs dizaines, et même une centaine d’un écosystème en pleine ébullition et en pleine croissance sur le fenua en dépit de la distance, du coût, du jet lag… » explique-t-il. Le sommet a aussi démontré que les acteurs locaux de la crypto existent bel et bien : à l’hôtel de Faa’a ou sur les retransmissions de conférence en direct, les débats ont été très suivis. « Je soupçonnais qu’il y avait une communauté importante, mais à l’image de nos îles, elle était dispersée, repend Hellmouth Banner. Grâce à cet event, on a montré qu’on était plusieurs centaines, potentiellement plusieurs milliers sont dans cet écosystème, a minima avait un pied dedans et ont compris qu’il s’y passait quelque chose de très intéressant pour eux ou pour la croissance du fenua ».

D’après l’organisateur, certains invités du sommet – des cabinets d’avocat spécialisés ou des entreprises cherchant à constituer des équipes en horaires décalés – ont en outre identifié des « opportunités » au fenua, qui pourraient être explorées dans les mois à venir.

Les autorités publiques très peu investies

Car si le Pics a pris de longs mois à préparer, ce trois jours de sommet ne sont pas en eux même un « aboutissement ». « C’était une boite à outil, reprend le responsable. Qu’on soit un particulier, un commerçant, un banquier – il y en avait quelques-un qui étaient là un peu discrètement -, il y a des choses qui peuvent servir, dont on peut s’inspirer » dans l’écosystème blockchain. Car si l’utilisation du Bitcoin et des cryptomonnaies ne fait que croître (1000 milliards de dollars de capitalisation et entre 300 et 400 millions d’utilisateurs à date), cette technologie est déjà utilisée pour beaucoup d’autres opérations, de la sécurisation d’actes juridiques (« smart contracts »), à l’échange de contenus artistiques (NFT)… « Ça n’est pas une solution à tout, les choses fonctionnent très bien sans blockchain, précise le professionnel de la crypto. Mais il y a des nouvelles manières de faire qui peuvent intéresser énormément de secteurs ».

Quid des élus et des autorités ? À l’exception de la mairie de Faa’a – « qui a développé la culture de s’intéresser aux nouvelles choses », insiste Hellmouth Banner – ou de Tahiti Tourisme, qui discute avec les organisateurs des opportunités évènementielles liées aux crypto, les institutions et le monde politique se sont fait très discrets pendant trois jours. Un temps intéressé par le sommet, le Pays ne s’est finalement pas réellement investi dans le projet. Dommage, pour beaucoup de participants, qui estiment que la blockchain peut avoir de nombreuses applications dans l’administration, de la gestion des données publiques à celle du cadastre en passant par la vie citoyenne ou électorale… « On sait qu’on a été observé, il y a eu de l’attention, ça nous va parfaitement, relativise l’organisateur. Surtout, on espère avoir prouvé qu’on était fréquentables ».

Blochchain, Web3, crypto, kézako ?

La blockchain, c’est une technologie réputée inviolable de stockage et de transmission d’informations, qui fonctionne sans organe de contrôle et qui est sécurisée par cryptographie. Elle a commencé à être développée dans les années 90, mais ce n’est qu’à la fin des années 2000 qu’une de ses applications deviendra mondialement célèbre : le bitcoin. Toujours première cryptomonnaie en terme de capitalisation et d’utilisation – des milliers de sites, d’entreprises, mais aussi des pays et des institutions l’acceptent aujourd’hui comme un moyen de paiement -, elle a été suivie de milliers d’autres « coins », qui varient dans leur construction technologique, leur objectif ou leur crédibilité. Un marché estimé à plus de 120 000 milliards de francs au total, qui suscite autant d’appétits et d’activité que de fantasmes et de critiques. Au même titre que l’e-mail a été l’application phare des début d’internet, le bitcoin « incarne » un écosystème « beaucoup plus vaste » . Technologies de communication, développement d’outils économiques ou juridiques, services en matière artistique, commerciale ou publique… Ces applications de la blockchain, couplées à celles d’autres outils numériques, comme la réalité virtuelle, constituent, bout à bout, le « Web3 ». Un nouvel espace qui doit permettre d’échanger de la valeur, là où le Web 2.0, celui des « Gafam » comme Google ou Facebook, permet surtout d’échanger de l’information. Certaines sociétés investissent aujourd’hui massivement dans le Web3, plus décentralisé, plus immersif et qui voit naître peu à peu d’autres géants encore inconnus du grand public.

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