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Taux d’intérêt : une hausse moins marquée dans les mois à venir, prédit le nouveau directeur général de l’IEOM

Ivan Odonnat, nouveau directeur général de l’Institut d’émission d’Outre-mer (IEOM) en fonction depuis avril, était en visite au fenua la semaine dernière. Le taux de refinancement de l’IEOM aux banques est passé de 0 à 3,65% en moins d’un an, mais cette hausse destinée à juguler l’inflation sera moins marquée dans les mois qui viennent, assure le dirigeant. L’offre et la demande de crédit se porte bien au fenua, même si le climat des affaires post-électoral n’est pas encore quantifié.

L’IEOM définit et conduit la politique monétaire dans les territoires d’Outre-mer, afin d’assurer le financement bancaire de l’économie. Ce sont donc surtout les banques que Ivan Odonnat, le nouveau directeur général de l’IEOM (il est aussi président de l’IEDOM, pour les départements d’Outre-mer), a rencontrées lors de son passage à Tahiti.

Déjà présentes au sortir de la crise sanitaire, les tensions inflationnistes ont été démultipliées par l’invasion de l’Ukraine par la Russie et la hausse des prix des matières premières énergétiques et alimentaires. Depuis le mois d’août 2022, le taux de base de l’IEOM a été réajusté à la hausse, passant de 0% durant la pandémie à 3,65% aujourd’hui, la dernière hausse datant du 11 mai dernier. L’objectif :  juguler l’inflation en « limitant la quantité de liquidités dans l’économie  pour éviter de basculer dans l’hyper-inflation extrême », explique Ivan Odonnat.

Une politique monétaire qui produit ses effets, dit-il : l’inflation en Polynésie était de 8,5% en 2022 ; elle était, en glissement annuel à fin avril, de 4,5%. « La décrue peut paraître assez rapide, dit Ivan Odonnat. Certes, elle est plus lente sur les prix alimentaires, on a toujours une progression sur un an qui est proche de 10%(après une hausse de 12% l’année dernière, ndr) c’est beaucoup trop, clairement, donc il faut qu’on garde cette vigilance.»

Une hausse des taux moins forte dans les mois à venir

Le directeur de l’IEOM souligne toutefois que les décisions en matière de masse monétaire produisent typiquement leurs effets sur 12 à 18 mois. Et puisqu’il s’agit d’être sûr de ne pas non plus entraver la reprise, sans faire d’annonce officielle Ivan Odonnat indique que ce mouvement de relèvement du taux de base sera moins puissant dans les mois à venir. 

La parité fixe entre Franc Pacifique et Euro implique qu’en haut de la chaine, c’est la Banque centrale européenne (BCE) qui donne le tempo. Un trop grand écart entre les taux d’intérêt dans la zone Euro et au fenua donnerait lieu à « des mouvements de capitaux erratiques ». Ainsi, le conseil de surveillance de l’IEOM se réunira après le 15 juin, date de la prochaine réunion des gouverneurs de la BCE qui, selon les déclaration de sa présidente Christine Lagarde, devrait faire des annonces « mesurées », dit Ivan Odonnat.

Des capitaux qui ont fui vers des cieux plus rémunérateurs

Des mouvements de capitaux, il y en a eu, poursuit-il. Nous avons vécu une période où les dépôts à terme étaient mieux rémunérés dans la zone Euro que dans la zone Franc Pacifique, et « on a pu voir, notamment pour de gros déposants, des flux sortants des banques polynésiennes ». Traditionnellement adossées à un bon niveau d’épargne des particuliers et des entreprises, les banques polynésiennes donc ont eu davantage recours au refinancement de l’IEOM.

Ces besoins de refinancement ont cependant été moitié moindres au fenua qu’en Nouvelle-Calédonie – ils traduisent, rappelle Ivan Odonnat, le niveau de confiance face à la conjoncture politique. Sur ce point l’indicateur du « climat des affaires », en hausse jusqu’à la fin du premier trimestre, sera très surveillé au deuxième trimestre, post élections territoriales.

Immobiliers : les taux de crédit en hausse, mais l’IEOM défavorable à un allongement de la durée

La production de crédits immobiliers, dont le taux pourrait rapidement atteindre 4%, ralentit, mais les banques locales ont encore des réserves constituées alors que les taux de refinancements étaient plus favorables, et disposent donc encore d’une certaine marge de manœuvre, explique le directeur de l’IEOM. Mais il reste toutefois attentif à deux « bornes » : la durée maximale de 25 ans, et le taux d’effort, limité à 35% des ressources mensuelles des ménages emprunteurs, qui ne doivent être augmentés ni l’un ni l’autre selon lui.

Pas d’alerte non plus sur les Prêts garantis par l’État (PGE), dit Ivan Odonnat, qui au fenua ont représenté plus de 56 milliards de Fcfp. « Ça peut surprendre, mais tout se passe bien ou à peu près, dit Ivan Odonnat. En médiation du crédit, nous n’avons pas de dossier de cette nature aujourd’hui. Il y a quelques cas où la garantie de l’État a du être actionnée, mais ça reste assez faible. Je crois que les entreprises sont prudentes dans l’utilisation et la gestion des PGE. » On constate 191 défaillances d’entreprises de plus par rapport à l’année dernière, mais ce taux d’échec est moindre que dans l’Hexagone, tempère aussi Ivan Odonnat.

Une première visite qui s’achève sur une vision « pas pessimiste mais en même temps consciente des défis structurels qui se posent à la Polynésie », conclut le directeur de l’IEOM.

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FENUA FOOT | 11.06.23

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