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Enquête Feti’i e Fenua : « 43% des jeunes Polynésiens résidant en métropole sont enrôlés »

C’est la première enquête Famille en Polynésie française que publie aujourd’hui l’ISPF. « Feti’i e fenua » propose un éclairage inédit sur la dispersion spatiale des familles polynésiennes. Elle révèle la forte mobilité des Polynésiens dont les familles sont rarement regroupées sur une même île, et la prépondérance de l’armée comme motif d’installation en métropole.

Les Polynésiens sont une population à forte mobilité. Que ce soit pour la scolarisation, le travail ou la santé, les membres d’une famille sont rarement regroupés sur un même archipel et encore moins sur une même île. « La famille est extrêmement dispersée surtout lorsque les personnes-pivots résident en dehors de la Société. Ainsi, aux Tuamotu-Gambier, seules 3,1% des personnes interrogées ont l’ensemble de leur famille sur la même île et guère plus (4,4%) dans le même archipel. L’archipel de la Société fait exception avec 39,4% des familles regroupées sur la même île notamment en raison du poids de l’île de Tahiti dans la population totale. L’observation du regroupement familial sur un archipel accentue l’opposition entre les îles de la Société où 71,3% des familles sont regroupées et les autres territoires où les familles marquisiennes sont 7,9% à être regroupées dans l’archipel. » Les « personnes-pivots » sont les adultes choisis pour le sondage qui peuvent à la fois avoir des parents avancés en âge et des enfants en âge de décohabiter.

Très souvent la famille s’étend sur plusieurs archipels, même si cette dispersion diffère selon le lieu de résidence du couple pivot enquêté. Mais « presque toutes les familles sont présentes dans les îles de la Société. En effet, 92 à 95 % des familles des couples pivots résidant aux Australes, aux Marquises ou aux Tuamotu-Gambier sont également implantées dans les îles de la Société ».

Les familles polynésiennes en Océanie et au-delà…

Les familles des enquêtés s’étendent très souvent au-delà du fenua, note l’ISPF. Les familles marquisiennes sont présentes en métropole, où elles sont le plus représentées, et à l’étranger. La Nouvelle-Calédonie est, avec Wallis-et-Futuna, la première implantation des familles polynésiennes en Outre-mer : 80,8% d’entre elles ont une extension sur le Caillou. Vient ensuite l’île de La Réunion. Concernant l’implantation à l’étranger, elle concerne 10% des familles interrogées. Le monde océanien (la Nouvelle-Zélande, l’Australie, le Vanuatu, les Samoa) est le plus investi avec Hawaii (que l’enquête permet de distinguer des États-Unis) et le Chili (qui regroupe la communauté Rapa Nui). L’Amérique du Nord (États-Unis et Canada) puis l’Europe constituent ensuite les zones d’implantation des familles qui ont au moins un membre à l’étranger. Plus de la moitié des familles dont les pivots résident à Tahiti (6 familles sur 10) s’étendent au-delà du fenua.

La jeune génération en dehors du fenua

L’enquête Feti’i e fenua note « un déficit de population dans la classe d’âge 15-25 ans ». La grande majorité des jeunes qui vivent hors du territoire résident en France métropolitaine, souvent avec un niveau d’études supérieures. Avoir des parents nés en France métropolitaine favorise cet éloignement. La poursuite d’études explique la présence dans l’Hexagone des enfants les plus privilégiés, mais l’armée offre aussi un moyen très important d’émigrer, notamment pour les enfants de familles plus modestes. « Ainsi, 43% des enfants natifs de Polynésie française résidant en France métropolitaine sont enrôlés dans l’armée. Cette importance des militaires parmi ces derniers explique le fait que les garçons soient surreprésentés dans la régression des jeunes de 15-25 ans en Polynésie française. »

La première enquête Famille en Polynésie française

La collecte s’est déroulée sur 31 îles, représentatives des cinq circonscriptions administratives, en 2019 et 2020, auprès d’individus âgés de 40 à 59 ans tirés au hasard dans un échantillon de ménages issu du recensement de 2017. Mise en œuvre par l’Ined (Institut national d’études démographiques) et l’ISPF, l’enquête « Feti’i fenua » a été soutenue par l’État et le Pays désireux de disposer de connaissances sur le territoire polynésien et la dispersion spatiale des familles. « Les informations recueillies permettent d’obtenir une « cartographie » exhaustive de la répartition spatiale de la famille des enquêtés et de savoir qui est où et ce qu’il ou elle y fait (en études, en emploi ; marié ou non, etc.) sur trois générations (les parents du couple, le couple, leurs frères et sœurs, et leurs enfants). On a ainsi le portrait spatialisé de ces familles qui résulte des migrations effectuées au sein du territoire et au-delà. »

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