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Le confinement fait monter la tension entre deux frères ennemis de Pirae

Deux frères, vivants sur des terrains voisins, ont été condamnés chacun à huit mois de prison, dont 6 avec sursis, pour des menaces, insultes et violences réciproques. L’inimitié dure depuis de longues années, mais c’est la première fois, en cette période de confinement, qu’ils en venaient aux mains. 

L’un à 50 ans l’autre 42 et pourtant, dans le box des accusés, ils se regardent comme deux adolescents punis après une bagarre. Sauf qu’il s’agit bien là d’une bagarre d’adultes, assez violente pour être jugée en comparution immédiate par le tribunal correctionnel ce lundi.

Dimanche, l’aîné était admis aux urgences avec une plaie à l’oreille et diverses lésions sur les bras et le corps. Le cinquantenaire se voit prescrire 7 jours d’ITT et va aussitôt porter plainte à la gendarmerie : son frère lui aurait donné plusieurs coups de balai – dont l’un sur la tempe, assez fort pour casser le manche -, lui aurait asséné des coups de poing et l’aurait menacé avec une pierre et une barre à mine. Convoqué, le cadet reconnait une partie de ces faits, mais retourne les accusations : l’aîné aurait manqué de le percuter en voiture vendredi, l’a plusieurs fois insulté et menacé avec une fourche, et aurait, dans la rixe de dimanche, bousculé sa compagne, elle aussi partie civile dans l’affaire.

L’indivision, mère des tensions

Une querelle brutale, donc, et qui ne serait que le final de plusieurs années de tensions. Car les deux frères habitent sur une propriété familiale à Pirae. Chacun sa maison, chacun sa famille, mais une indivision qui pose problème, comme souvent, dans la répartition de la terre ou sur le plan financier. D’autres membres de la fratrie sont présents sur place, mais entre les deux hommes, le courant est coupé depuis longtemps. « Il n’y a jamais eu de dialogue entre lui et moi », résume l’aîné, agent de sûreté depuis 27 ans, qui avoue n’être « pas trop dans la discussion », et confesse un penchant pour la boisson. Son petit frère, qui lui aussi boit « quand il en a les moyens » et fume du cannabis d’après certains, est sans emploi. Jusqu’à présent les tensions étaient sourdes, acceptables. Mais en ces temps de confinement, on se croise plus souvent.

La mèche de la dispute aurait été allumée vendredi, quand le plus jeune plantait des auti sur un morceau de la servitude qui dessert le terrain de l’autre. L’ainé sort en trombe à bord de son pick-up. « Pour essayer de m’écraser » d’après son cadet. « Pour acheter une carte vini » assure l’autre. Le conflit en reste d’abord aux mots et le grand frère rentre sans passer par le magasin : « j’avais oublié l’attestation », dit-il, assurant « ne jamais s’être énervé ».

L’alcool ou le manque d’alcool ?

D’après son cher voisin il aurait au contraire multiplié les « provocations » : doigt d’honneur, insultes et même, plus tard, « menaces de mort » avec une fourche, alors qu’il repoussait de son terrain un feu de déchets verts de son voisin. L’escalade est-elle due à l’alcool ? Ou au contraire au manque d’alcool, après quelques jours d’interdiction d’achat ? Le tribunal s’interroge. Mais le fait est que quand le plus jeune décide d’aller « demander des explications » à son frère – le dimanche, parce qu’il « savait qu’on était tous les deux sobres » – la bagarre éclate. Il aura fallu que la compagne du quarantenaire s’interpose pour éviter qu’il ne se serve d’une barre à mine sur son aîné. Et que les beaux-fils interviennent pour mettre un terme définitif à la dispute.

Qui provoque, qui ment, qui fait monter les tensions ? Pas question de répondre pour le tribunal, qui rappelle que « les forces de l’ordre ont autre chose à faire en ces temps de confinement » que d’intervenir dans ces disputes « de cour de récré » mûries par les années. Les juges renverront les frères ennemis dos à dos, les reconnaissant coupables de violence et de menace avec arme. 8 mois de prison, dont 6 avec sursis pour l’un et l’autre, sans mandat de dépôt, et donc sans prison ferme, mais avec 100 000 francs de dommages-intérêts réciproques… Et l’interdiction d’aller sur le terrain de l’autre « ou même de communiquer ». Le confinement risque d’être long.

Cambriolage d’opportunité à Tipaerui ce week-end

Le tribunal a aussi condamné un homme d’une trentaine d’années à 24 mois de prison dont 8 avec sursis, avec mandat de dépôt, pour tentative de cambriolage et non respect du confinement. Il avait été surpris, dimanche, en train de voler un véhicule dans l’entrepôt de Somalu à Tipaerui, par une patrouille de police prévenue par des riverains. D’après le prévenu, il ne s’agissait que de faire une « balade » jusqu’à qu’il ait été attiré par un stock de bois. Entré sur le site, l’homme aurait aussi décidé de voler des outils dans un abri, puis de se servir de certains de ces outils pour voler les clés d’un des véhicule de l’entreprise. A l’arrivée des forces de l’ordre, plusieurs portes et cadenas avaient été forcés. L’avocate du prévenu n’a pu qu’insister sur les difficultés d’insertion professionnelle et la situation familiale et sociale complexe de son client, déjà condamné à sept reprises pour des faits similaires. Les juges ont suivi les réquisition du procureur.

 

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