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Un an avec sursis pour la mère célibataire qui plantait du paka

Une mère célibataire et sans emploi comparaissait ce mardi devant le tribunal de Papeete pour avoir cultivé et vendu du paka afin de subvenir aux besoin de ses enfants. Elle a été condamnée à 12 mois de prison avec sursis.

Hine (nom d’emprunt) a trois enfants dont le plus âgé a 14 ans. Le dernier, 3 ans, est né prématuré et a besoin de soins hebdomadaires. Séparée de son mari qui ne lâche pas un tota pour l’aider à subvenir aux besoins de ses enfants, elle subsiste grâce aux aides sociales. Des aides qui ne suffisent pas pour vivre décemment.

Ne trouvant pas de travail en dehors de vendre des plats au bord des routes et ne pouvant confier le dernier qui a des ennuis de santé, elle décide de se tourner vers le paka pour subvenir aux besoins de sa famille. Forte d’un BTS en agriculture et avec l’aide d’internet, elle plante dans son jardin et se retrouve à la tête d’une plantation de 146 pieds. Problème, le voisinage qui jouxte sa maison à le nez plutôt sensible et se plaint à la gendarmerie des effluves occasionnés par les plants. Lors de la perquisition, les forces de l’ordre mettent la main sur les plants et sur du matériel servant à booster leur pousse.

À la barre elle reconnaît que si ses actes ont pour finalité de nourrir ses enfants, ce n’est pas « un bon exemple. » Ce à quoi le juge rétorque « vous auriez pu vous lancer dans le taro ». « Pas faux » reconnaît-elle, « mais ça rapporte plus ». De fait, la somme engrangée par la vente du paka, en paquet de 5 000 Fcfp ou en stick, a été estimée à 1 500 000 Fcfp. « Cela a servi à financer le quotidien et les frais médicaux pour mon enfant » Mais elle jure que depuis son interpellation, elle a arrêté la production de paka et qu’elle doit démarrer courant avril une petite affaire de fruits découpés : « vous comprenez, monsieur le juge, je n’ai pas envie de perdre mes enfants. »

« Il n’est pas acceptable de penser que la seule solution soit de planter du paka »

Si la procureure ne se montre pas insensible aux difficultés d’une mère célibataire qui ne peut compter que sur l’aide sociale pour survivre avec ses trois enfants, elle désapprouve toutefois la solution trouvée pour y remédier. « Il n’est pas acceptable de penser que la seule solution soit de planter du paka » assure-t-elle. Elle poursuit, « en terme de santé publique ce n’est pas terrible surtout quand tout se passe à votre domicile, les clients qui débarquent pour se fournir, les plants, tout cela devant les yeux de vos enfants. » Puis elle énumère pêle-mêle les dangers de la consommation du cannabis, « anxiété, dépression, psychose, schizophrénie (…) ». Elle requiert une peine de 18 mois entièrement assortie d’un sursis avec obligation de trouver un emploi et d’effectuer à ses frais un stage de sensibilisation aux méfaits du cannabis.

« Comment ne pas être d’accord avec la procureure » attaque l’avocat de la défense, « ma cliente est consciente d’avoir violé la loi, mais si elle était en métropole avec toutes les aides qu’il y a là-bas, elle s’en sortirait avec ses trois enfants, mais ici, ce n’est pas avec 26 000 Fcfp pour les élever qu’elle peut s’en sortir. » Elle interroge : « que ferait-on à sa place ? Elle est seule, dépassée, et elle a trouvé une solution, mauvaise certes, pour subvenir aux besoin de la famille. »

Après en avoir délibéré le tribunal l’a condamnée à 12 mois de prison entièrement assortis d’un sursis, avec obligation d’avoir un emploi et d’effectuer un stage sur les méfaits du paka.

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1 Commentaire

  1. huguet
    20 mars 2024 à 10h32 — Répondre

    et pas de possibilité de se retourner contre le pere des enfants , probablement « insolvable « , option bien pratique pour se défausser de toutes ses responsabilités .

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