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Coconut Me et Couleur Cacao, dindons de la farce à la CCISM

Il n’y aura pas de délégation polynésienne dans les travées du pôle Outremers du salon Made In France. Initialement invitées par la CCISM, les entreprises Coconut Me et Couleur Cacao sont privées de voyage, officiellement pour une question de timing budgétaire après les élections ratées de la chambre. Les gérants de société ont fait part de leur immense déception.

Dix entreprises antillaises, trois venues de Guyane, quatre de La Réunion, trois sociétés calédoniennes : le pôle Outremers du salon Made in France aura fière allure du 9 au 12 novembre. Mais cette grand-messe du savoir-faire à la française, très importante pour les entreprises en quête de partenaires commerciaux, compte un absent de marque : la Polynésie.

Lire plus : CCISM, les gagnants de Made in Fenua 2022, eux aussi privés de voyage ?

Comme pressenti, Couleur Cacao et Coconut Me, les deux entreprises initialement invitées par la CCISM, car lauréates sur le Made in Fenua 2022, se sont finalement vu refuser le défraiement qui leur était promis. Impossible pour ces petites structures de mettre la main à la poche pour financer l’inscription, le déplacement et le transport de marchandises. « On est devant un retrait du financement pur est simple, et ça n’est pas possible de l’assumer nous-mêmes. Il y a beaucoup de tristesse et de rage », lâche l’entrepreneur Thierry Chaussinand. « Il n’y a jamais eu d’annonce, ni de raison, officielle. Je l’ai appris entre deux portes, on m’a annoncé froidement que c’était annulé. »

« Nous avons été menés en bateau »

Selon l’entrepreneur, qui embauche trois salariés, cette annulation serait notamment « liée au contexte de publications des résultats d’élection », alors que la CCISM a mis près de quatre mois à se trouver un président après un scrutin raté. « Ils ont évoqué le fait que tous les engagements financiers étaient caducs, jusqu’à la nomination de la nouvelle équipe », poursuit Thierry Chaussinand, qui estime avoir été « mené en bateau ». Dès les premières rumeurs, il dit s’être « focalisé sur les recherches de solutions » et être resté « dans l’attente d’un appel ». Solutions qui n’arriveront finalement jamais.

« On nous a appelé un soir pour nous dire que, peut-être, éventuellement, une partie du voyage serait prise en charge par l’ADE », sans plus de précisions. Le gérant estime que « la CCISM a essayé de retourner la chose, en nous disant  »si vous ne voulez pas y aller, tant pis… » C’est l’impression qu’on a eue ». Pas plus de réponse côté politique : « Le ministère n’a pas daigné nous recevoir et la chambre de commerce est, a priori, sous ses ordres. L’annulation du voyage, ils le savaient depuis un moment, sans doute pour une autre raison… Laquelle ? Je ne sais pas », s’interroge-t-il encore.

Quatre mois de préparation pour rien

Avec ses 100 000 visiteurs sur quatre jours et ses nombreux partenaires commerciaux à séduire, le Salon Made In France représentait une opportunité en or pour ces deux entreprises, notamment dans la perspective d’exporter leurs produits. Forcément, lorsqu’elles ont été contactées par la CCISM il y a quelques mois, les équipes de Coconut Me et de Couleur Cacao ont mis les bouchées double. « Des mois de travail, des heures de sommeil… inutilement perdues« , souffle, très émue, Sarah Bourgeon, la co-gérante de Couleur Cacao, dans un message diffusé sur les réseaux sociaux. « On se sent triste, comme des enfants ballotés au milieu d’un divorce », compare celle qui se disait « très fière de représenter le fenua et la filière cacao à un salon… qui se fera finalement sans la Polynésie. »

« On a cravaché pour être à la hauteur du challenge, cela représente quatre mois de travail en amont, plusieurs centaines de milliers de francs, c’est énorme pour une TPE, je ne suis pas le groupe Wane », complète Thierry Chaussinand. Sans compter les rendez-vous déjà calés avec de potentiels partenaires sur place, et l’image renvoyée par la Polynésie auprès de la CMA métropolitaine. « On nous a balayé quatre mois de boulot sans considérations, c’est juste dégueulasse ». Il ajoute : « il y a un impact qui est bien sur financier mais également psychologique, car ça s’est passé dans des conditions assez bizarres ». Pour Sarah Bourgeon, la pilule est d’autant plus amère que Couleur Cacao « est sollicité chaque année pour participer à des salons, mais les coûts de déplacement et d’inscriptions sont tellement importants pour notre entreprise familiale que nous devons refuser à chaque fois ». « Là, nous avions l’opportunité d’être invités », se désole celle qui,  avec son mari Laurent; tient une boutique déjà éprouvée par un cambriolage cette année.

Désormais, les deux entreprises souhaitent aller de l’avant. Thierry Chaussinand a eu l’opportunité d’être du récent voyage à Singapour, qui a bien eu lieu malgré le désordre en place à la CCISM, en compagnie de trois autres entreprises locales. Il a pu y nouer des contacts intéressants. Il compte sur la fin d’année pour soulager sa trésorerie. Et espère bien être invité sur le salon Made in France 2024, en compagnie des lauréats du Made in Fenua 2023, si ce voyage est remis en place malgré le naufrage de cette année. « L’aventure va continuer, même si on se sent tristes, on ne va pas abandonner », assure de son côté Sarah Bourgeon.

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