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Les six personnes interpellées mardi dernier dans le cadre d’un trafic de stupéfiants étaient présentées ce lundi en comparution immédiate. Comme il fallait s’y attendre, le jugement a été renvoyé pour une partie des accusés au 18 novembre, et pour l’autre, au 16 janvier 2020. En attendant leur procès, ils sont maintenus en détention.

Cette affaire d’ice se démarque des autres par le profil des prévenus. À la tête du réseau, J. N., 30ans, secondé par son père, G. N., 63 ans. F. T., 22 ans, la compagne de J. N. officiait comme intendante et lieutenant, et les seconds couteaux, M.R.,29 ans, V. L., 37 ans, et M. J., 29 ans.

Ceux-ci étaient accompagnés sur le banc des accusés par Ismael M., 35 ans, en détention pour cinq ans pour avoir braqué au fusil à canon scié en avril dernier une famille de Mahina, pensant s’en prendre à un dealer d’ice. Dealer d’ice qui n’est autre que J. N.

À l’origine du démantèlement du réseau, dont les autorités estiment la quantité écoulée à environ 150 grammes d’ice par mois durant 11 mois, une dénonciation anonyme. Celle-ci concernait Ismael M., et l’informateur indiquait qu’il se procurait chez J.N. l’ice qu’il vendait.

S’en sont suivi enquêtes, écoutes téléphoniques et une fois ce petit monde bien ciblé, une descente conjointe des services de police.

Un individu discret et précautionneux

 Selon les renseignements glanés au fil des écoutes, J.N. aurait arrosé d’ice les communes de Arue, Papara,  mais aussi Moorea, où vit son père. Au 1er décembre 2018, date à laquelle il se serait lancé dans le trafic, il venait tout juste de sortir de prison où il était incarcéré pour une affaire de stups.

Les gendarmes l’ont qualifié « d’individu discret et précautionneux passant tout son temps à gérer le trafic. » Il changeait fréquemment de logement – ce qui expliquerait la bévue d’Ismael – en ayant recours à la plateforme Airbnb.

Il faisait aussi repeindre les scooters qu’il utilisait pour livrer la marchandise, histoire de ne pas se faire repérer, tant par la police que par des dealers rivaux. C’est sa compagne qui se chargeait de trouver les logements, de régler les factures et de temps à autre de transporter l’ice et remettre l’argent au père de J.N. à Moorea.

Un père coach en trafic de stups

Le père, 63 ans, est une sorte de « biker baba cool» tropicalisé à la tignasse longue et grise tirant sur le jaune qui a un petit passé de délinquant.

En 1998 il est « tombé » pour de la coke, en 2011 pour du paka et en 2017 pour violences. Il s’est installé à Moorea où il vit en parfaite autarcie. Il s’est construit une petite cabane reliée à des panneaux solaires, dispose d’une source qui l’alimente en eau, et touche une petite retraite.

C’est lui qui se charge de planquer l’argent liquide. Mais son rôle ne s’arrête pas là, puisqu’il conseille son fils sur la façon de se livrer à son trafic en minimisant les risques.

Lors de la perquisition à son domicile, on a retrouvé 11 millions Fcfp en liquide, et trois armes, dont un fusil à canons juxtaposés et un semi-automatique calibre 12.

Les seconds couteaux

M.R., 29 ans à tout du gars accro’. Maigre, les cheveux d’un brun intense tranchant sur son teint diaphane, le cou tatoué comme un membre de la MS-13 sans oublier la petite larme tatouée au coin de l’œil, il détonne parmi les accusés. Son rôle pour l’heure se borne à revendre la drogue et assurer quelques livraisons.

V.L., 37 ans qui a connu J.N. en détention, semble s’occuper du conditionnement de l’ice. On a retrouvé à son domicile une balance, des sachets vides et aussi une substance blanche qu’il utilisait pour couper l’ice.

Quant à M. J., 29 ans, c’était l’homme à tout faire. Il s’occupait de déménager les affaires de J.N. quand il changeait de logement et aussi de repeindre les scooters utilisés pour les livraisons de drogue.

Ismael, le dindon de la farce

Enfin le dernier, mais non des moindres, Ismael M., celui par qui le trafic a été révélé.  L’homme ne semble nullement intimidé dans le box des accusés. Tout le long de l’audience il ne s’est pas départi d’un petit sourire en coin et de regards assassins en direction de J.N.

Il faut dire qu’un sérieux contentieux existe entre les deux. En échange d’un million de Fcfp, J.N. lui aurait refilé de l’ice de très mauvaise qualité. « On aurait dit celle qui était fabriquée dans les labos de la presqu’île », dira-t-il aux gendarmes. C’est ce qui l’avait poussé, en avril dernier, pensant être au domicile de J.N., à braquer au fusil à canon scié une famille de Mahina. D’autant que c’était la deuxième fois qu’il se faisait doubler dans une histoire d’ice.

Certains des avocats ont désiré avoir plus de temps pour étudier les dossiers et préparer leur défense, l’affaire sera donc jugée en deux fois. Le premier procès se tiendra le 18 novembre et concernera J. N., son père, sa compagne et son garçon de courses. Quant au procès des trois autres, il aura lieu le16 janvier 2020.

Conformément à la demande du procureur de la République, tous les prévenus sont maintenus en détention jusqu’à leur procès.

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