ACTUS LOCALESCULTUREÉVÉNEMENTPACIFIQUE La promesse du talent : un jury cosmopolite et complémentaire Céline Hervé-Bazin 2020-02-04 04 Fév 2020 Céline Hervé-Bazin © Céline Hervé-Bazin Le jury de la 17ème édition du Festival international du film documentaire océanien (Fifo) est composé de sept membres venus d’horizons variés. Réalisateurs, producteurs, conservateur de musée, linguiste, journaliste… La formation bigarrée en charge de choisir le lauréat 2020 est présidée par Éric Barbier, réalisateur métropolitain. Cette année, Éric Barbier, le réalisateur du film La Promesse de l’aube sur la vie de Romain Gary est aux commandes d’un jury composé de six membres venus des quatre coins du triangle māo’hi. Éric Barbier, c’est une promesse, celle de l’aube synonyme de cette candeur qu’il affiche pour sélectionner le lauréat du Festival 2020. « Je suis l’anachronie. Je suis la personne qui ne connait rien. Je suis le « Candide » du jury. Je suis entouré de personnes qui connaissent bien l’Océanie et le festival. Mon travail en tant que président va être de fédérer les personnes qui ont une connaissance de ces cultures très différentes, » confesse Éric Barbier. Depuis son film sur la vie de Romain Gary et sa relation si particulière à l’écriture et à sa mère, Éric Barbier a renoué avec le succès après avoir connu plusieurs déceptions commerciales dont Le Brasier. Ce film lui a pourtant permis de remporter le prix Jean Vigo. Pour la Nuit du président, Éric Barbier présentera en avant-première sa nouvelle réalisation, Petit pays. Ce film éponyme de l’ouvrage signé par Gaël Faye retrace l’enfance joyeuse du jeune homme, qui bascule avec la guerre civile burundaise et le génocide des Tutsis du Rwanda. https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2020/02/ERIC-BARBIER-PETIT-PAYS-01.wav Comme il a découvert le Burundi grâce à un auteur, le président du jury espère découvrir l’Océanie à travers les films qu’il va être chargé d’évaluer. Partir à la rencontre de la nouveauté est un défi que le réalisateur semble impatient de relever. Dans son discours de présentation, Éric Barbier rappelle que 13 films sont en compétition, sélectionnés sur plus de 150 films envoyés cette année. Pour ce Candide en Océanie, c’est le signe d’une sélection rigoureuse et une promesse de qualité. « Je n’étais jamais venu dans le Pacifique. (…) Je vais être le premier spectateur innocent des films qui vont nous être présentés. Le documentaire, c’est la meilleure manière de découvrir une culture. » Très impatient de découvrir la sélection officielle, Éric Barbier espère participer à cette transmission océanienne à l’origine de la création du Fifo. « Ce que j’ai compris, c’est qu’il y a beaucoup de films d’Australie et de Nouvelle Zélande. Ça m’intéresse de voir d’autres films. Ceux des grands pôles comme l’Australie et la Nouvelle Zélande et aussi des films dans d’autres endroits, des îles moins connues. » https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2020/02/ERIC-BARBIER-02.wav Un jury multiculturel Avec lui, six professionnels du cinéma. Lisa Taoumi est originaire des Samoa et professionnelle TV et web en Nouvelle Zélande. L’Australien Paul Williams est le réalisateur de Gurrumul, film primé l’année dernière. Emmanuel Kasarhérou, originaire de Nouvelle Calédonie, est directeur adjoint du patrimoine du Musée du Quai Branly. Joe Wilson est producteur et réalisateur venu de Hawaii, deux fois primé au FIFO. Deux figures locales bien connues complètent le jury, Jacques Vernaudon, linguiste et maître de conférences à l’Université de Polynésie française (UPF) et Tauarii Lee, journaliste à Polynésie La 1ère . Jacques Vernaudon, fidèle du Fifo, est très heureux d’intégrer le jury pour la première fois. Il espère apporter sa vision de linguiste et son parcours universitaire. https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2020/02/JACQUES-VERNAUDON-03-1.wav Treize films en compétition Cette année, la guerre occupe une place de choix. Qu’elle soit historique comme À L’autre bout de la guerre et Vapnierka, ou environnementale avec les documentaires Blue Boat et Eating up Easter, les documentaires témoignent des grands défis de la région. Autre sujet lié au conflit, les combats pour la survie de la population de l’île de Bougainville traitée par Ophir ou les guerres tribales modernes en Australie avec Lost Rambos. Le thème de la guérison et la mort, thème phare du Fifo, est porté cette année par In My Blood It Runs dédié à un jeune aborigène australien doté de pouvoirs de guérison. Dans From Music To Silence, un harpiste australien fait découvrir les bienfaits de la musicothérapie au fil du poète Rumi, une promesse d’évasion. Sur les enjeux culturels et de société, The Australian Dream interroge sur le racisme et la discrimination. Témoignant des traditions, la production made in fenua Rurutu, terre de umu’ai de Virginie Tetoofa et Teiva Brion présente les coutumes de l’île principale des Australes. L’année dernière, Patutiki, sur le tatouage des Marquises avait décroché le prix du public. Ce documentaire sur la culture traditionnelle pourrait-il repartir avec un prix ? Virginie Tetoofa, réalisatrice talentueuse primée de nombreuses fois avec son court-métrage Ario’i , est un symbole pour les femmes, les jeunes générations et le secteur audiovisuel local. Le manque de parité dans la sélection et dans le jury crée le débat Dès le premier jour, la place des femmes crée le débat. Dans son discours adressé à la presse et aux délégations officielles, Eric Barbier n’a pas manqué de déplorer l’absence de parité dans le jury. Pour Lisa Taouma, seule femme du jury, cela souligne une défaillance du système de sélection. « Je suis très mécontente d’être la seule femme du jury. S’assurer de la représentation genrée est très importante, cela envoie un message au public. Si vous regardez à un groupe de sept personnes qui prennent des décisions artistiques importantes, c’est important d’avoir tout le monde représenté. Je suis heureuse d’être membre du jury mais en même temps, il faut revoir le système car il faut s’assurer de l’égale représentation des femmes dans la conversation. On ne peut pas avoir une conversation si la moitié de la population n’est pas représentée. » Trois films très différents abordent la condition féminine en Océanie. Bombardées est consacrée aux violences faites aux femmes ; Merata : How Mum Decolonized The Screen retrace la vie de Merata Mita, militante et cinéaste néo-zélandaise, et Ruahine : Stories In Her Skin présente la pratique du tatouage traditionnel maori sur le menton. Éclectique, ancrée dans les débats de la société contemporaine et bâton de transmission de la culture océanienne, la sélection officielle promet de passer des bons moments dans le noir des salles de projection de TFTN… Qui sera le nouveau lauréat ? Les résultats seront dévoilés vendredi 14 février au cours de la cérémonie de remise des prix et de clôture de la 17e édition du Fifo. Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre) Tags:FIFO 2020